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16 JOURS D’ACTIVISME CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : AUTONOMISER LA FEMME POUR TUER LE MAL

Plus de 80% de femmes financièrement dépendantes de leurs conjoints souffrent de violence émotionnelle, c’est une situation que vit la gent féminine au Cameroun.

Ce sont des chiffres évoqués lors du lancement des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. C’était le 20 novembre dernier à Douala, par l’association «Femmes fortes, femmes débouts malgré tout» et dont l’un des thèmes tournait autour de l’autonomisation des femmes camerounaises.

L’entreprenariat, la clé …

En effet, il en ressort que les femmes qui sont financièrement instables et dépendantes de leurs conjoints ou compagnons sont souvent rabaissées, humiliées, insultées, elles seraient considérées comme des «serpillères». Elles subissent toutes formes de railleries au nom de la dépendance.

«Je n’ai jamais rencontré dans ce métier (conseillère conjugale) une femme qui arrive à subvenir à ses propres besoins, se plaindre de problème d’insulte et d’humiliation. Si vous êtes une femme qui attend tout de l’homme, ce dernier profite de cette situation pour exercer une sorte de violence économique. Elles sont nombreuses ces femmes. Certaines ne dénoncent pas parce qu’elles se disent, si j’en parle et cet homme part, je vais manger quoi ?»

affirme Christelle Kouam, conseillère conjugale et matrimoniale. Elle faisait partie du panel lors du séminaire  en vue du lancement des 16 jours d’activisme, ayant regroupé une centaine de femmes. Parmi ces dernières des victimes qui ont pu briser le silence.

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Plusieurs ont témoigné ce jour-là. Des témoignages allaient de la bastonnade, à la privation de la ration et même des atrocités qu’elles subissent pendant les rapports sexuels au nom de la dépendance financière.

L’une des histoires qui a captivé notre attention est celle de Solange. Une jeune dame âgée de 28 ans, fine et claire de peau. Elle a quitté son foyer il y a quelques mois. Son histoire est celle d’un film d’horreur. Parfois privée de ration et enfermée comme une prisonnière, elle était également devenue l’esclave de sa belle-famille. Elle devait subir toutes sortes d’humiliations pendant les rapports sexuels.

«Je me suis mariée, je n’avais pas fini l’école. L’homme m’a promis qu’il devait de me faire continuer malheureusement, il n’a plus jamais rien dit. Je ne sortais pas de chez moi, même pas pour faire des courses. Pour coucher avec moi, il enfonçait sa main dans mon vagin parfois les bâtons et je ne devais pas rechigner. J’ai subi dans ce mariage, car à la moindre désobéissance, il me privait de tout et même les enfants»

raconte Solange, les larmes aux yeux. Mais ceci reste un passé, car elle s’en est sortie vivante et compte se mettre au travail pour gagner son pain quotidien.

«Quand je demande aux femmes d’être autonome, c’est pour lutter contre la violence émotionnelle, économique et psychologique», ajoute Christelle Kouam, la conseillère conjugale et matrimoniale. Pour cette femme inspirée par son passé dans un foyer, l’entreprenariat est la clé pour mettre fin à ces formes de violence. Elle en a profité pour donner quelques conseils pratiques aux femmes qui veulent sortir de cette zone vicieuse de confort apperent et entreprendre pour s’éloigner des violences.

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La lutte contre les violences basées sur le genre n’est pas un travail aisé

La justice corrompue par les bourreaux, les combats mêlés à la politique et même des femmes qui refusent de dénoncer ouvertement et porter plainte, sont une réelle menace pour la lutte contre les violences basées sur le genre.

L’on se souvient de l’affaire Christelle Mirabelle Lingom, cyberharcelée, violée et humiliée jusqu’à ce que mort s’en suive.  Dans cette affaire en cours portée par le procureur du tribunal de Douala à Ndokoti, même des journalistes se sont vus traités de partisans car les politiciens s’y sont mêlés. Il s’agit également d’un problème auquel les activistes font face parce qu’elles sont parfois confondues sur le terrain. Il suffit que dans un problème de violence, les hommes politiques fassent un mélange de genre et c’est ainsi que sur le terrain, tout est confondu et il devient difficile de comprendre la bataille des activistes.

«Vous pouvez arriver sur le terrain vous retrouvez les amazones d’un parti et vous vous retrouvez mêlées à elles et puis on se dit, activistes et amazones c’est la même chose or ce n’est pas le cas. Et c’est ainsi qu’on te taxe de rouler pour un parti politique»

dénonce Laurence Nguedia, présidente de l’association «Femmes fortes, femmes fortes malgré tout». Elle évoque les menaces des bourreaux et la justice corrompue.

«Lorsqu’on arrive dans un commissariat pour porter plainte, tu vas comprendre ces gens dire, c’est un problème de couple, on ne peut pas interférer. La corruption est un problème énorme. Une femme déjà qui manque de moyen financier va porter plainte et l’homme qui a tout son argent vient soudoyer ces hommes de la justice et le problème est classé»

déplore-t-elle.

Quelques solutions pour lutter contre les violences basées sur le genre

La base demeure l’éducation dès le bas âge, estime Laurence. Selon elle, nous sommes dans une société dans laquelle on a appris aux jeunes garçons qu’ils sont supérieurs à leurs sœurs. Elle demande aux parents de revoir les méthodes d’éducation qu’ils donnent à leurs enfants.

«Nous sommes dans une société patriarcale qui joue un mauvais rôle chez le jeune garçon plus tard. Il devient violent et se dit qu’il est supérieur, après lui c’est lui, c’est ce qu’on constate dans plusieurs foyers. Pendant que la jeune fille est à la cuisine, le garçon est devant la télé»

conclut-elle en précisant qu’on doit également  pousser les gouvernants à ratifier les traités internationaux sur la lutte contre les violences basées sur le genre.

Rachèle KANOU

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1 Comment

  1. Merci aux promoteurs de cette action de lutte contre la violation de nos droits à la vie, au choix l’épanouissement….
    Toute la société est contre la femme. Elle passe de la tutelle parentale à celle du mari, maître pour asservir et non pour protéger et chérir. Ah! Le mâle, Au diable!

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