Des chiffres alarmants résultant d’une enquête de Griote.tv, le média en ligne orienté sur les sujets liés aux femmes et aux enfants.
Après collecte et vérification des données de Griote, elles sont 76 femmes et filles qui ont été victimes de féminicides entre le 13 janvier 2024 et le 27 décembre 2024, soit 349 jours. Les 03 derniers cas de l’année 2024 ont eu lieu entre le 25 et le 27 décembre plongeant de nouveau des familles dans une profonde tristesse.
09 féminicides en décembre 2024 au Cameroun, dont 06 crimes conjugaux
Les cas de féminicides répertoriés et vérifiés par Griote survenus sur le territoire national au mois de décembre ont eu lieu entre le 6 et le 27 du même mois. Ils sont classés en 03 cas d’insécurité marqués par les viols et enlèvements et 06 cas de crimes conjugaux. Les trois derniers cas de cette série de féminicides se sont produits dans les régions du Centre, de l’Ouest et de l’Extrême-Nord. A Matomb, département du Nyong et Kellé, région du Centre, le corps sans vie de Fortune Fongwi Missone, 17 ans, a été découvert la nuit du 25 décembre dans la chambre de son petit ami, le nommé Desmond Kimi. C’est par ce dernier qu’elle aurait été tuée le jour de noël. Selon nos informateurs locaux, l’adolescente aurait été violée avant d’être étranglée. « Il a dû violer la petite d’abord, bastonner, l’étrangler. Son cou était cassé », indique notre source. Le petit ami aurait ainsi puni sa copine qu’il accusait d’infidélité selon un mot laissé sur le lieu de la découverte macabre et qui disait : «Je dépense mon argent, tu me trompes avec d’autres hommes». La jeune fille laisse une famille brisée et sera inhumée le samedi 11 janvier à Matomb. Le criminel présumé a pris la fuite après son forfait.
Le 27 décembre, 02 autres féminicides se sont produits. Le premier dont Griote a eu connaissance est celui qui s’est produit à Bassamba, département du Ndé à l’Ouest. Le nommé Tchoungoup alias « cœur de lion » a ouvert le feu sur Mispa Noumi, sa concubine et mère de ses 05 enfants. Elle est décédée peu de temps après à l’hôpital de district de Bangangté. Griote a appris qu’elle prévoyait quitter son concubin pour violences conjugales. Il aura d’ailleurs mis ses menaces à son égard à exécution. Sieur Tchoungoup a pris la poudre d’escampette à la suite de son forfait.
À Mokong, dans la région de l’Extrême-Nord, le 27 décembre, Rahilou âgée de 26 ans est odieusement assassinée par son mari Frédérick Gamsoulong. Après l’avoir tuée, il a retiré ses parties intimes, puis a pris la fuite. Selon l’association Butterfly qui suit cette affaire, le couple était marié depuis seulement 8 mois. Frédéric Gamsoulong, 29 ans est présenté comme un homme calme, mais alcoolique et violent quand il est ivre. L’assassin de son épouse a été cueilli alors qu’il s’apprêtait à prendre un bus. Il est inculpé pour meurtre, mais le mobile d’une telle monstruosité à l’égard de son épouse reste inconnu jusqu’ici.
Tels sont des évènements malheureux qui ont rallongé la liste des féminicides comptabilisés par Griote pour l’année 2024.
67 femmes et filles tuées du 13 janvier au 15 novembre 2024 dont 24 crimes conjugaux
Griote par la voix de sa directrice de publication (DP) Clarence Yongo, exposait le 25 novembre 2024 à Yaoundé son rapport des féminicides qui s’élevait au nombre de 67 commis en 307 jours à la date du 15 novembre. C’était dans le cadre du lancement national de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes tenu en présence de la ministre de la promotion de la Femme et de la Famille, Marie Thérèse Abena Ondoa. Cette longue liste de femme tuées était repartie en 24 crimes conjugaux en plus de 02 victimes collatérales lors de ces crimes conjugaux comme ce fut le cas avec l’assassinat de la jeune Alida Marceline le 9 juin à Douala. 31 des cas sont liés à l’insécurité. Cette insécurité qui a eu raison d’une fillette de 5 ans, la petite Orphée Bissossolo violée et tuée à Douala le 29 août 2024 Ses parents réclament toujours justice face à la lenteur de l’enquête. La liste des féminicides s’est ouverte le 13 janvier avec Ngah Cecile Owona, 26 ans, battue à mort à Ekounou par son compagnon qui réclamait son nom sur une supérette qu’elle avait achetée. Une femme communément appelée maman marie est la 67e sur la liste et l’un des cas de parricide observé, elle a été tuée par son petit-fils de 19 ans à Bamessingué, dans la région de l’ouest le 15 novembre 2024.
Au total c’est 76 femmes et filles qui ont été victimes de féminicides au Cameroun, 30 d’entre elles ont été éliminées par leurs conjoints ou compagnons. Un chiffre largement supérieur à celui des 66 enregistrés par notre rédaction en 2023. Cette croissance significative inquiète et impose des mesures fortes pour des années futures plus sécurisées pour la gent féminine au Cameroun.
Chanelle NDENGBE