Elles étaient deux mais leur voix étaient suffisamment audibles pour faire entendre la douleur des femmes ce 7 septembre devant les bureaux du ministère de la femme et de la promotion de la famille.

Pour Viviane TATHI de l’Association Sourires de Femmes et Renée NWOES  de l’association Wake up Ladies, le temps du silence est révolu. « Il faut que les femmes prennent leurs responsabilités, qu’elles parlent enfin des souffrances auxquelles elles font face tous les jours » nous crient-elles pendant qu’elles scandent le désarroi des femmes devant le portail du Minproff.

La thématique de cette manifestation tourne certes autour des maltraitances subies par les femmes au Cameroun mais elle trouve surtout sa raison dans la disparition tragique de Mirabelle Lingom « ce qui est arrivé à cette fille ne doit plus jamais se produire » lance Viviane, toute attristée, «les cyberviolences vis à vis des femmes doivent prendre fin et il est de la responsabilité des décideurs d’arrêter ça » ajoute-t-elle.

Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux sont en effet devenus le terrain d’exhibition de toutes les violences faites aux femmes. Il ne se passe plus un seul jour sans que des photos de visages tuméfiés, la nudité féminine, ou des injures proférées à l’endroit de la gent féminine ne viennent polluer la toile. La récurrence de ces violences touche désormais l’extrême de la mort avec le décès de Mirabelle. « Il y a eu l’affaire Malicka et bien d’autres et le gouvernement n’a rien fait. Maintenant, Mirabelle est morte. Combien de femmes doivent-elles encore mourir pour que le gouvernement prennent des mesures contre ces actes qualifiables de cybercriminalité » s’indigne Renée.

Si le courage des deux manifestantes du jour est unanimement salué par les passants et curieux, il ne demeure pas moins que pour elles, la réussite d’une telle action demande une plus grande mobilisation des associations des femmes  et féministes. « Les femmes doivent mieux s’organiser pour faire entendre leurs voix. Le ministère peut faire des choses mais c’est à nous de les pousser à l’action. Ce qui est arrivé à Mirabelle peut désormais arriver à n’importe qui » reconnaissent-elle.

Rappelons que Christelle  Mirabelle Lingom dont le décès a été annoncé sur les réseaux sociaux lundi dernier était une diplômée de l’Ecole de Développement des Collectivités Locale (EDMCL) de l’Institut de la Jeunesse et de Sports (INJS). Elle avait été injustement indexée comme étant l’actrice d’une sextape largement diffusée et, suite à cette fausse accusation, elle a subi plusieurs  harcèlements avant d’être lâchement violée par des hommes encore non identifiés. Alors que des associations féministes et autres influenceurs commençaient à se mobiliser pour sa cause en portant l’affaire devant la justice, elle est malheureusement décédée lundi dernier.

John Matou.