Les enseignants portent depuis le mardi 08 mars, le deuil de leur collègue Hamidou mort dans des conditions déplorables.
Le soldat de la craie est passé de vie à trépas après avoir fait 10 ans au service de la nation camerounaise, sans salaire ni intégration. Une situation qui ne laisse personne indifférente, encore moins le corps enseignant.
Le hashtag #JeSuisHamidou se sont ajoutés sur les pancartes. D’ailleurs ce mercredi les enseignants pour la majorité, se sont vêtus en noir ou blanc pour se rendre dans leurs établissements respectifs. Le mouvement «OTS: On a Trop Supporté» engagé par les enseignants du secondaire est plus que jamais déterminé à défendre leurs droits.
Pour l’un de ces seigneurs de la craie, la mort de Hamidou est douloureuse. Elle inspire et légitime le plan d’action qui vise à valoriser l’enseignant.
«Cette disparition brutale de mon collègue nous interpelle de manière collective et individuelle. Surtout que cette situation était évitable, monsieur Hamidou était malade, faute de revenu était incapable de se soigner convenablement»,
laisse entendre Blaise Etek. Il est enseignant en service dans la région de l’Ouest.
Abattu par le décès de son collègue, il dit n’avoir pas pu se rendre à l’établissement ce mercredi.
«En toute honnêteté, aujourd’hui je n’ai pas eu la force de me rendre au lycée. Je suis affaibli, démoralisé et démotivé»,
ajoute-t-il en martelant que maintenir pendant 10 ans un fonctionnaire sans salaire c’est réduire de manière significative son espérance de vie.
De nombreux enseignants de toutes les régions du Cameroun portent le deuil du sieur Hamidou, désormais martyr de la lutte de ce corps de métier pour de meilleures conditions de vie et de travail. Sur les pancartes on pouvait lire entre autres:
« Un mort de trop », « Non à l’injustice à l’égard des enseignants », et pour le mouvement OTS « M. Hamidou doit être érigé au rang des héros!!! ».
Les circonstances réelles de la mort du seul enseignant de sport du lycée de Beka dans la région du nord restent floues. Rappelons que le 24 février dernier, il a été intégré dans la fonction publique alors que la grève des enseignants battait son plein. Il tenait toutes les classes du lycée de Beka dans le Nord-Cameroun en éducation physique et sportive et faisait des cours de vacation en Allemand dans un autre lycée. Il disait vivre d’élevage et d’agriculture, activités qu’il effectuait lorsqu’il n’était pas à l’école. L’homme est décédé dans un dispensaire du Nigeria selon son épouse après quelques jours de maladie.
L’opération «craie morte» à sa troisième semaine prend de l’ampleur, même si une note du gouvernement annonce des solutions pour le moment jugées insuffisantes.
Rachèle KANOU
