Abandonnés à leur propre sort depuis deux semaines, les élèves de certains lycée de Bonaberi dans le 4ème arrondissement de la ville de Douala sont sortis hier,réclamer le retour de leurs enseignants dans les salles de classe.
L’opération «craie morte» initiée par le collectif «On a trop supporté» prend des proportions inquiétantes. Les élèves de plusieurs établissements scolaires s’en mêlent de plus en plus.
Ce lundi 7 mars 2022, les élèves du lycée de Mambanda devaient entamer les évaluations comptant pour la 4ème séquence de l’année scolaire. Malheureusement leurs encadreurs en colère depuis deux semaines ont refusé de les évaluer.
C’est ainsi qu’ils ont commencé à faire du bruit d’abord dans les salles de classe avant de sortir en masse dans la cour de l’établissement et défoncer la barrière de l’établissement pour se retrouver à l’extérieur. Ils ont entamé une marche sur des kilomètres à pied, pancartes en main, jusqu’au lycée bilingue de bonassama passant par la sous-préfecture de Douala 4ème. Ce qui a interpellé les autorités qui ont essayé de les contenir. Ils ont été stoppés et ramenés dans leur établissement scolaire.
Le commandant de la brigade territoriale de Mambanda et ses collaborateurs les ont ramenés au sein de leur établissement où aucun élève n’était autorisé à ressortir. Devant le portail, un gendarme tenait une arme à feu, tandis qu’un autre faisait le guet aux alentours de l’école.
Ainsi a débuté une réunion de crise dans la salle des professeurs avec le commandant, les responsables de l’établissement et les enseignants.
«Je vous invite à ne pas mêler les enfants dans votre grève. Évitez d’envoyer les enfants dans les rues. Ce qui s’est passé, s’appelle trouble à l’ordre public. Vous avez le droit de revendication, mais que cela reste dans l’enceinte de l’établissement scolaire. Vous n’avez peut-être pas idée de ce que ces enfants aurait pu créer dans la rue»,
déclare le commandant de brigade Ter de Mambanda.
Les enseignants doivent contenir les élèves et sauver les évaluations
Notons que le lycée bilingue de Mambanda compte 3000 élèves et seulement 4 surveillants. Ils étaient nombreux, donc difficile à maîtriser.
Mais pour dame Bango Eboa, le délégué départemental des enseignements secondaires venue s’enquérir de la situation, les enseignants ont la capacité de contenir les élèves dans leurs salles de classe.
«Le premier message que je peux vous passer c’est de ne pas entraîner les enfants dans cette grève. Nous devons tout faire pour les contenir. Imaginez-vous un peu qu’en partant de l’autre côté, qu’il y ait des accidents. On allait dire que nous les enseignants, on a emmené les enfants dans la rue»,
fait observer Mme le délégué.
En plus d’interpeller ses collègues, elle rappelle à ces derniers la lourde tâche qui les attend après cette période de grève.
«C’est la période des évaluations. Ce qui est sûr il y aura des solutions peut-être pas à 100 pour 100. Et lorsqu’il y aura les solutions, vous allez retourner dans les salles de classe et il y aura un volume de travail. C’est pour ça que je dis en tant qu’enseignant, sauvons d’abord les évaluations»,
invite dame Bango. Ancienne proviseur du Lycée d’akwa, elle venait d’être promue à la tête de la délégation départementale des enseignements secondaires.
Les élèves du lycée de Bonassama et Mambanda ne sont pas les premiers à manifester leur mécontentement depuis que leurs enseignants ont décidé d’entrer dans un mouvement de revendication. En début de semaine dernière, les élèves du lycée technique de Koumassi situé à un jet de pierre des bureaux de la délégation départementale des enseignements secondaires, pas contents de la situation qui handicape leurs études, ont décidé de manifester leur ras-le-bol vandalisant au passage l’établissement scolaire.
Ces enseignants ne comptent pas s’arrêter là. Malgré cette double descente dans leur établissement perçue comme de l’intimidation.
«C’est craie morte jusqu’à la gare. Pas de cours pas d’évaluation. Si nous avons solutions à nos problèmes, tout reprendra normalement. Il n’est pas question, qu’on dise que c’est nous qui envoyons les enfants dans la rue. Ils devaient être évalués ce jour, cela n’a eu lieu. Et les élèves qui vont passer les examens officiels, nous n’avons pas besoin de les entraîner dans notre grève»,
rassure Romeo Akouen, président de l’amicale des enseignants du lycée bilingue de Mambanda.
La grève perdure, et les enseignants n’attendent que la résolution de leurs problèmes pour reprendre les cours. D’ailleurs la note demandant au ministre des finances de débloquer la somme de2,7 milliards de francs cfa pour le paiement des « arriérés dus aux enseignants mobilisés pour la correction des examens officiels » de 2020 et 2021 est analysée par les enseignants comme une moquerie.
Rachèle KANOU