L’épouse du président déchu Ali Bongo a rejoint la prison pour femmes de Libreville cette matinée du 12 octobre 2023.
Sylvia Bongo est populaire en ce moment sur les réseaux sociaux. Tristement célèbre depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé son époux en août dernier, cette popularité noire s’est accentuée avec son inculpation pour blanchiment d’argent en fin septembre dernier qui a conduit à son incarcération ce jeudi 12 octobre. Une longue confrontation devant les magistrats a précédé la mise en détention de l’ancienne première Dame.
Réfutation des accusations portées à son encontre, déni de la nationalité gabonaise
C’est à la maison d’arrêt Gros-bouquet, prison pour femme à Libreville que Sylvia Bongo est logée depuis ce matin. Accusée de « blanchiment de capitaux, faux et usage de faux » comme l’avait annoncé le procureur de la république le 28 septembre dernier sur la chaîne publique Gabon 24, la première Dame jusque-là sous résidence surveillée a comparu devant le juge ce mercredi 11 octobre 2023 avec des accusations plus précises sur la table, dont détournement de fonds et falsification de la signature du Président de la république.
Le moment de confrontation entre l’accusée et le ministère publique s’est déroulée entre 13h et 1h de ce matin, soit douze heures de temps. Un long moment pendant lequel l’ancienne première Dame a de prime abord renié sa personnalité et sa nationalité. Plusieurs sources révèlent que pour se tirer d’affaire, l’épouse d’Ali Bongo s’est faite identifier par son nom de jeune fille, Sylvie Valentin tout en soutenant qu’elle ne s’appelle pas Sylvia Ondimba Bongo laissant entendre qu’elle est essentiellement française. Mais elle a été très vite rattrapée par les faits qui l’attestent comme épouse de l’ancien chef d’Etat gabonais Ali Bongo et donc comme une gabonaise, notamment sa participation par le moyen de votes à plusieurs élections gabonaises, un droit exclusivement accordé aux personnes de nationalité gabonaise. A l’issue de la séance, il a été décidé sa mise en détention provisoire à Gros-bouquet. Selon certaines sources, sa prochaine comparution de la cour aura lieu dans dix jours.
La ras-le-bol des Gabonais pour l’ex-première dame s’exprime
Dans la capitale politique gabonaise, depuis l’annonce de son inculpation, des éclats de voix se faisaient entendre pour que Sylvia Bongo soit arrêtée. Les gabonais gardent en effet l’amertume au sujet des évènements qui se sont succédés dans le pays depuis le 24 octobre 2018, date à laquelle Ali Bongo avait été victime d’un accident vasculaire cérébral. Nombreux sont les citoyens qui ont attribué la responsabilité de la gestion chaotique du pays depuis la survenue de ce drame à son épouse. La mise en cause a pour sa défense un collectif d’avocats français. C’est par ce dernier qu’elle s’en était prise aux putschistes quelques jours après le coup d’Etat. Ses avocats avaient déposé une plainte en son nom contre les troupes militaires d’Oligui Nguema. Le collectif avait précisé que la double nationalité de leur cliente, c’est-à-dire franco-gabonaise donnait droit à l’implication de la justice française dans cette affaire et que la suite pourrait aboutir à « l’émission d’un mandat d’arrêt international contre les auteurs de ces faits, qui encourent la réclusion criminelle à perpétuité ».
Le coup d’Etat militaire du 30 août 2023 en dépit des polémiques qu’il suscite a décidément fait sombrer la famille Bongo. L’opinion l’assimile d’ailleurs à une descente aux enfers de l’ancienne famille présidentielle gabonaise. Car l’arrestation de Sylvia Bongo succède à celle de son fils Nourredine Bongo et de neuf autres proches de la famille Bongo pour des motifs similaires.
Chanelle NDENGBE