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VIOLENCES VERBALES ET PSYCHOLOGIQUES AU FOYER : INSULTES, MENACES, COMPARAISONS MALSAINES DETRUISENT LA VIE DE COUPLE

Elles ne sont pas battues, mais souffrent dans leur chair, du fait des violences psychologiques qu’elles subissent dans leur foyer.

Depuis près de 6 mois, Andy une jeune directrice de ressources humaines dans une entreprise de Yaoundé se fait suivre par un psychologue. Pourtant, cette épouse d’homme d’affaires, mère de trois enfants ne donne pas l’impression d’avoir le moindre problème de santé. Comme la majorité des femmes victimes de violences conjugales, spécifiquement celles dites verbales, elle a appris à murer sa souffrance dans une apparence presque parfaite.

« La violence verbale dans un couple fait partie de toute une stratégie de contrôle, elle résulte de la volonté du conjoint d’assujettir complètement sa femme quitte à la dévaloriser complètement. Tout commence avec des critiques en privé puis en public avant de dégénérer en insultes quotidiennes et autres comparaisons malsaines »,

explique Éliane Danzo doctorante en psychologie.

Ce processus a été la lugubre feuille de route qui a progressivement conduit au désastre d’Andy.

 » Je me suis mariée à 24 ans alors que mon mari en avait 34. Je le voyais comme un grand frère et du coup, quand il a commencé à me comparer à nos amies et même à ses collègues, je me suis dit dans un premier temps, qu’il voulait que je m’améliore, alors j’ai fait des efforts pour être comme il voulait « 

nous raconte-t-elle.

Malgré ses efforts, Andy constate que son mari n’est toujours pas satisfait. Il continue à la critiquer en public, à l’insulter et même à la menacer. « À ce moment-là, j’ai su que je ne pouvais pas être à la hauteur et j’ai commencé à dire oui, à tout ce qu’il demandait. Même dans nos relations intimes, il était le chef et moi l’esclave ».

C’est à ce moment que Andy commence à perdre totalement confiance en elle-même. Elle fuit la compagnie de ceux qui étaient autrefois ses amis et que son époux, à force de critiques avait réussi à éconduire de son entourage. Son rendement au travail est devenu pitoyable au point où elle a demandé une mise à disponibilité.

« Je me suis inscrite à plusieurs formations qui parfois n’avaient rien à voir les unes avec les autres. J’avais besoin de me démontrer à moi même que j’étais capable de réussir, de faire les choses bien. « 

nous explique-t-elle en écrasant une larme.

Les formations de la jeune directrice des ressources humaines l’emmènent à rencontrer beaucoup de gens, des hommes, qu’elle présente très souvent à son conjoint qui malheureusement y voit encore une raison pour la dévaloriser.

  » Il a commencé à estimer que tous les hommes avec qui il me voyait étaient mes amants. Je me souviens de ce camarade de classe qu’il avait harcelé pendant des semaines au point d’aller à sa rencontre pour lui dire combien je suis une mauvaise femme. », se souvient-elle. « Parfois, il me réveillait à 3h du matin pour me faire avouer des infidélités que je ne connaissais pas. Il n’était pas saoul, il n’est pas alcoolique. Il cherchait juste à me traumatiser ».

Isolée, sans aucune confiance en elle, Andy se résout à voir un psychologue pour l’aider et pour sauver son mariage qu’elle sait désormais fragile. Une démarche qui tarde encore à porter ses fruits et qui la fait passer pour attardée auprès de son époux.

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La violence verbale, un mal peu exprimé, mais dangereux

Pour Éliane Danzo, elles sont nombreuses les femmes qui traversent des situations comme celle de Andy.

 » Nous vivons dans une société qui tend à placer le mariage au-dessus de tout et de faire de l’homme le maître de tout. Beaucoup de femmes se sentent donc obligées de tout subir au nom de la préservation du couple »,

nous explique t-elle.

En essayant de sauver leur couple, elles sont donc nombreuses ces femmes dont les foyers deviennent des prisons dorées et qui, incomprises frôlent parfois le pire.

« Il m’est arrivé de discuter avec des femmes victimes de violences verbales qui ont fini par démissionner de leur travail quand elles ne tombent pas dans la dépression »,

nous révèle encore l’aspirante psychologue.

Mais des scénarios pires que celui qu’explique Éliane Danzo, existent. Marcelle O. professeure de lycée, victime de violences verbales, aujourd’hui divorcée, nous explique être devenue une tout autre personne à force de subir les insultes et les accusations de son ex époux. « Je me suis tellement sentie dévalorisée et faussement accusée par lui que j’ai commencé à aller voir ailleurs. Je lui ai été infidèle et cela a fini par détruire notre foyer » affirme cette femme qui porte encore les séquelles psychologiques des assauts d’humiliations subies.

Comme Marcelle O, Dorice N, a elle aussi touché le fond.  » Moi, mon fiancé m’a tellement fait croire que je n’étais personne que j’ai failli me suicider», nous confie-t-elle.

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En cas de violences conjugales verbales, rompre le silence

Selon les spécialistes, la démarche salutaire est de rompre le silence. Parler de ce que vous vivez dans votre foyer peut aider. « Il est conseillé dans un premier temps de discuter avec des proches, des personnes qui peuvent aider «  confirme Éliane Danzo. « Si le fait de solliciter une aide extérieure ne suffit pas, il est indiqué de contacter un spécialiste et même d’alerter les forces de l’ordre. Dans les cas extrêmes, sortez de cet environnement toxique » conseille-t-elle.

John MATOU

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