AFFAIRE ERICA MOULIOM CONTRE TENOR : LE CONSEIL DE LA FAMILLE MOULIOM CONTESTE LES FAITS D’«HOMICIDE INVOLONTAIRE» ET DEMANDE UNE REQUALIFICATION

La défense veut produire des éléments justificatifs pour démontrer que l’infraction a été mal qualifiée.

La troisième audience dans l’affaire de l’accident mortel ayant causé la mort d’Erica Nfiya Mouliom s’est tenue ce 6 septembre au tribunal de première instance de Douala/Bonanjo. Elle a été renvoyée au 13 prochain, suite à la demande de remise en cause introduite par l’avocat de la famille de la défunte.

S’appuyant sur l’article 390 du code de procédure pénal stipulant que : «si le tribunal estime qu’il y a lieu de procéder à un complément d’information, il ordonne par jugement avant-dire-droit et commet un magistrat ou un officier de police judiciaire pour le diligenter», le conseil demande une remise en cause des faits. D’après lui, même au cours de la procédure, on peut produire des éléments ou un complément d’information pour asseoir une contestation et demander à ce que les faits soient requalifiés.

«Nous voulons justifier qu’il ne s’agit pas de l’infraction qui avait été retenue. Certains éléments nous ne les avons pas. Nous demandons très humblement de nous accorder une remise en cause. Parce que naturellement, même si le prévenu plaide coupable, nous pouvons nous justifier. Mais ces éléments nous ne les avons pas. Nous allons produire les éléments, les pièces justificatives, faire entendre même les témoins pour justifier qu’en réalité, il ne s’agit pas d’un homicide involontaire», martèle le conseil d’Erika.

 

Ténor plaide coupable et renonce à la demande de mise en liberté provisoire…

C’est dans un échange houleux entre les avocats des deux parties et le juge que l’audience a débuté hier aux environs de 14h30 minutes.

Prenant la parole à la place de l’artiste de  musique urbaine pour sa défense, son avocat revient sur sa demande de mise en liberté provisoire introduite à la précédente audience du 12 août 2021 et dit que son client renonce à cette demande et plaide coupable des faits d’«homicide involontaire». Seulement le juge doit lui rappeler que, c’est à l’accusé de prononcer ces mots pour resigner.

De blanc vêtu, un plâtre sur le bras gauche et assis sur le banc des accusés face aux juges, l’artiste Tenor lève la main droite et déclare « je renonce ».

Le conseil de la partie des ayants droits va prendre la parole, contester l’infraction (homicide involontaire) pour laquelle Tenor est jugé et incarcéré à la prison centrale de New Bell.

Soulignons que c’est la première fois que la défense et la famille Mouliom prennent part à ce procès leur concernant. Ils disent n’avoir jamais été cités par parquet. Ils ont d’ailleurs  appris la tenue du procès  par voie des réseaux sociaux. Toute chose que dénonce l’avocat. C’est ainsi que le juge va suspendre l’audience et remettre à la fin des procès de la journée.

 

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Tenor raconte les faits…

L’audience reprend alors qu’il est 20h58 et dure environ 20 minutes. Le ministère public lit les faits, et réaffirme qu’ils se sont déroulés dans la nuit du 14 au 15 juillet 2021 à Douala aux lieu-dit feu rouge Bessenguè. Le véhicule, une Mercedes class c 300, conduit par Tenor était en excès de vitesse. Erika Mouliom et Benjamin, l’ami de l’artiste se trouvaient à bord. La jeune étudiante de 19 ans est éjectée hors du véhicule avant qu’il ne  s’embrase lorsque l’accident se produit. Explique la voix du ministère public.

C’est à la suite de ce conseil  que l’artiste a la parole et raconte nonchalamment ce qui s’était passé cette nuit après son concert à l’IFC de Douala. Selon ses dires, il y a effectivement eu «un anniversaire surprise» de son chauffeur, une soirée arrosée au snack bar Mermoz à Bonamoussadi en compagnie d’Erica, de ses amis et d’autres fans. Il affirme avoir pris le volant étant fatigué et ne s’est retrouvé que, couché dans un lit d’hôpital. Après les réactions des deux avocats, l’audience est levée et l’affaire renvoyée au 13 septembre 2021.

 

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Jean Georges Mouliom : «ma fille a été assassinée»

Le père d’Erica était présent au procès. Nous l’avons rencontré à la sortie de la première partie de l’audience. C’est un papa éploré donc le sourire cache l’amertume dans le cœur. Vêtu de noir, il porte encore le deuil de sa «fille chérie» décédée dans des circonstances troubles. Il l’avait envoyée faire des études à Douala. Alors qu’il est présent ce jour-là dans la même ville pour une soutenance, il va apprendre par voie téléphonique que sa fille est morte au petit matin à la suite d’un accident. C’est à la morgue de l’hôpital Laquintinie qu’il va reconnaitre le corps de son enfant. Sur le certificat de genre de mort, il est écrit : «dépôt de corps Post accident sur la voie publique». Un certificat qui n’a pas de sens à son avis.

Jean Georges Mouliom  invite Tenor  a dire exactement ce qui s’est passé.

«Je suis un parent, ce qui est arrivé à ma fille je ne le souhaite pas à mon pire ennemi. Ce que je veux ce que j’attends, c’est que la justice camerounaise pose un acte qui serve de leçon et qui puisse permettre à nos enfants d’aller à l’école en toute sécurité. Et que les jeunes filles fussent-elles de famille pauvre, moins riche, belge, camerounaise ou américaine, qu’elles aient la possibilité de fréquenter et de pas avoir ce genre de personne qui tournent autour d’elles», insiste le père d’Erika.

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Georges Mouliom réclame la vraie justice et la dot de sa fille…

Selon lui l’énergie que l’on concentre pour la procédure ne l’intéresse pas et tout ce qu’il demande c’est que Tenor soit humble. Qu’il aille sur la tombe de sa fille pour donner son témoignage. C’est ce qu’il entend par « doter sa fille ».

«Je suis très honnête envers ces gens, je dis qu’il guérisse et qu’il vienne doter ma fille. Ça veut dire qu’il vienne chez nous dire : vraiment, Erica où   tu es couchée là, je ne connais vraiment rien, si effectivement c’est un accident. Ou bien, Erica là où tu es couchée là, c’est un accident. C’est tout ce que je demande», souligne Georges Mouliom avant d’ajouter que «D’aucuns parleront de dommage et autre. Ma fille n’a pas de prix, qu’est ce qu’on peut me donner que je n’ai pas ? que la vraie justice soit rendue. S’il est coupable qu’il paye le prix, s’il n’est pas coupable, qu’il soit libéré».

L’affaire Erika Mouliom contre Tenor va se poursuivre le 13 septembre prochain. Toutes les parties attendent de voir le verdict final de cette affaire qui commence à prendre d’autres tournures. Et en attendant, Tenor continue son séjour à la prison centrale de New Bell.

Rachele KANOU

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