L’attaque qui a fait 17 morts, dont 11 femmes et filles a créé la panique au village.
C’est le sauve qui peut. Depuis ce dimanche 2 Août, les femmes en compagnie de leurs enfants et époux, abandonnent le seul quartier qui leur servait de refuge depuis un moment.
Ce camp attaqué par des terroristes, est celui des déplacés internes qui hébergeait environ 800 personnes dans le village Nguetchewe, au canton de Mozogo, de la commune du Mayo-Moskota dans le Mayo Tsanaga.
Des terroristes du groupe islamiste Boko Haram ont fait irruption dans ce camp dimanche entre minuit et 2 h du matin, ils ont actionné des grenades sur les populations. Bilan officiel, 19 morts pour la plupart des femmes et des enfants, de nombreux blessés qui ont été référés dans les hôpitaux à Mora, à Mokolo mais également à Maroua.
Les images de ce drame sont insoutenables. «Les pieds et les mains des victimes sont éparpillés sur le sol, ces explosifs les ont seulement écrasés, il faut être courageux pour filmer», laisse entendre Hayatou Baldena, un fonctionnaire qui travaillait dans cette localité mais qui a été obligé de s’enfuir, à cause des attaques incessantes de boko haram. Nous l’avons eu au téléphone ce matin.
Il nous fait savoir que ces assaillants sont arrivés dans le camp des déplacés internes dimanche vers 1h et leurs bruits ont alerté les populations. Les femmes sont donc sorties avec les enfants pour se cacher dans la forêt juste à côté du camp. Les terroristes ont fait semblant de quitter le lieu mais, ils se sont cachés dans les buissons. Vers 2 heures du matin, tout semblait calme et les populations tentaient de regagner leurs domiciles, même si c’était avec beaucoup de crainte. Certains s’étaient groupés au pied d’un grand arbre faisant quelques commentaires. À leur surprise, deux kamikazes ont actionné des charges explosives.
«Les attaquants sont arrivés avec une femme qui a transporté la grenade à l’intérieur du camp. Sur place, il y avait 15 corps dont certains étaient démembrés, et d’autres sont morts à l’hôpital privé adventiste, où les blessés ont été évacués», affirme notre source en précisant que parmi les victimes, les femmes et les enfants étaient plus nombreux.
Inhumation des victimes
Hayatou Baldena, notre source poursuit en ajoutant que toujours ce dimanche dans l’après-midi, ces mêmes assaillants ont volé un troupeau des bœufs que conduisaient des enfants au pâturage. Ils ont également tiré sur le nommé Zogolo, responsable du comité de vigilance. L’homme se trouve dans un état très critique à l’hôpital adventiste de Koza.
«On ne sait pas, le pire peut arriver », lance notre source. Les populations ont déserté cet unique endroit qui leur servait de refuge. Elles ont pris des destinations diverses, chaque personne voulant juste sauver sa tête.
Selon un communiqué du ministre de la défense lu ce lundi soir sur les antennes de la radio nationale, le bilan fait état de 19 civils tués, dont 2 kamakazes. Le nombre de blessés est de 16.
Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, une des régions en proie aux incursions terroristes de boko haram, les attaques sont récurrentes. Les Nations Unies ont dénombré 52 attaques contre des civils au mois de juin.
Rachèle KANOU