Les femmes ne peuvent plus se balader en mini au pays des hommes intègres, par crainte de poursuites judiciaires.
Les mini jupes et mini robes renvoient aux vêtements féminins qui dévoilent les jambes de la femme à plus de huit centimètres au-dessus du sommet du genou. Ces tenues de plus en plus arborées par des femmes burkinabés sont jugées extravagantes et expression de dépravation. Aussi, pour contrer cette dépravation, le gouvernement a mis l’emphase sur une loi promulguée en 2017, règlementant l’habillement féminin et interdisant le port des mini vêtements.
Selon la loi N°153 du 27 mai 2017, il est strictement interdit aux femmes âgées de plus de 12 ans de porter les mini jupes et mini robes. Sur l’étendue du territoire national, celles de cette génération que l’on surprendrait avec ces tenues s’exposent à des représailles. Ces vêtements en eux-mêmes ne sont cependant pas proscrits sur le territoire, les autorités informent que les mini jupes et mini robes peuvent être arborés par les enfants de moins de 13 ans, dans un premier temps. Les plus âgées sont autorisées à mettre ces vêtements dans les espaces de loisirs comme la piscine, ou la plage. L’argument sportif pour porter ces vêtements est également toléré.
Des mobiles protectionnistes et culturels
La nouvelle fait fureur dès lors sur les réseaux sociaux et fait l’objet de polémique. D’un côté il y en a qui voient en cette mesure une simple distraction face à la crise sécuritaire qui affecte actuellement le pays. Tandis que pour d’autres cette décision est salutaire, permettant de protéger les femmes elles-mêmes des violences sexuelles. C’est une évidence cet avis, car les études ont montré que les femmes sont les principales victimes de violences dans les pays en crise. Contraindre les femmes à changer leur habillement «provocateur» pourrait-il être à leur avantage, pour les protéger des délinquants sexuels? Difficile à dire. Aussi le pays célèbre appelé celui des «hommes intègres» chercherait à se réconcilier avec ses valeurs, desquelles figure la pudeur de la femme, des valeurs menacées de disparition en raison de l’affluence des habitudes occidentales.
Un exemple à suivre?
Le pays de Thomas Sankara est donc considéré par certains comme un exemple à suivre pour ce qui est de l’engagement à la protection des valeurs du continent.
Mais il faut dire qu’il n’est pas le seul à avoir pensé de telles mesures. Au début des années 2010, le gouvernement camerounais prenait les mêmes initiatives, les forces de l’ordre devaient arrêter adolescentes et adultes qui arboraient les mini jupes ou mini robes. C’était une période mouvementée qui n’a toutefois pas mis long feu.
Chanelle NDENGBE