Le tribunal criminel spécial sera pour la première fois dirigé par une femme, 9 ans après sa création.
Annie Noëlle Bahounoui Batende entre dans l’histoire. La magistrate hors hiérarchie de premier groupe a été nommée ce 10 août 2020 par décret présidentiel, à l’issue d’une réunion du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Elle était jusqu’à sa nomination vice-présidente de cette juridiction spéciale. Poste qu’elle occupe depuis 2017. La femme de 58 ans remplace Emmanuel Ndjere, qui aura passé trois ans à la tête du TCS.
Native de Ndikinemeki dans le Mbam et Inoubou, elle connaît des dossiers sensibles, à l’instar de la «Liquidation Camair» où Yves Michel est impliqué. Cette magistrate a également fait parler d’elle en 2014, elle était au centre d’une affaire qui avait fait grand bruit, pour avoir signé la mise sous mandat de détention provisoire de Louis Bapès Bapès, alors ministre des Enseignements Secondaires. Le ministre avait alors passé 24 heures à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui avant d’être remis en liberté.
Apres l’obtention de son baccalauréat au lycée Leclerc de Yaoundé, Annie Noëlle Bahounoui Batende s’inscrit à la faculté de droit de l’université de paris Malakoff. Très brillante, elle ressort avec un diplôme d’études supérieures spécialisé en droit(Dess). Elle présente donc le concours de l’ENAM a l’ambassade du Cameroun à paris, où était ouvert un centre. Elle va être retenue à l’écrit mais recalée à l’oral présenté au Cameroun. Malgré cet échec inattendu, elle va rester optimiste.
Elle rentre au Cameroun et entreprend un moment, une carrière de notaire. Elle exerce pendant un an à la société immobilière comme conseillère juridique. Elle présente donc à nouveau le concours de l’ENAM, est finalement retenue et intègre l’école en 1988.
Annie Bahounoui Batende entame sa brillante carrière comme magistrate du parquet. Elle a été substitut du procureur à Nkonsamba, ensuite présidente du tribunal de première instance de Bonanjo à Douala, avant de travailler à Mbalmayo comme présidente des tribunaux de première et grande instance. Et en 2010, elle est nommée au poste de vice-présidente de la cour d’appel du Sud.
Cette femme de poigne porte la réputation d’une personnalité rigoureuse, travailleuse et intègre. Ses chantiers donneront le temps de le confirmer.
Rachèle KANOU
