L’enseignant d’université et homme politique a été présenté ce matin du 05 juin 2024 au procureur puis placé en détention provisoire ce soir à la prison de Dschang dans le cadre de l’affaire liée au décès de son épouse pour laquelle des accusations sont portées contre lui.
Les prochains jours seront donc décisifs pour cet homme qui dit n’avoir jamais porté la main sur sa conjointe en 12 ans de mariage. Or la famille de Ndontsa Blanche Laure pense qu’il y a anguille sous roche, même si la défunte n’a jamais déclaré à ses proches avoir été frappée.
Imbroglio autour du décès …
Tout commence le 13 avril 2024, lors de l’annonce de la disparition de Ndontsa Blanche Laure, chargée de cours à la faculté des sciences de l’université de Dschang dans le département de la Menoua, région de l’ouest Cameroun. Les circonstances du décès de la dame relatées à sa famille donnent le goût d’une histoire inachevée, selon les proches de la défunte avec lesquels nous avons discuté, « il y a des incohérences dans cette affaire », d’ailleurs pour Samuel Wamba Tuekam père de Blanche ; « On a détruit la scène du crime et qui détruit la scène du crime ? C’est un assassin ».
Quelles sont donc ces incohérences dont parle la famille ? Nous avons discuté avec le sieur Christian Fouelefack, maître de conférences à la faculté des lettres de l’université de Dschang qui déclare n’avoir jamais porté main sur sa conjointe.
« Mon épouse n’est pas morte de suites de violences conjugales. Mon épouse pouvait mourir de tout sauf de cela. Nous vivons ensemble depuis 12 ans, mes enfants, mes voisins et mon Dieu sont témoins de ce que je ne l’ai jamais battue ».
Pour cet homme qui dit être faussement accusé du décès de sa conjointe, la journée du samedi 13 avril 2024 avait commencé de façon paisible.
« Nous sommes partis en matinée vers 9 heures à l’enterrement de la maman d’un collègue où nous avons assisté à la messe d’enterrement en présence de nombreux collègues de l’université de Dschang … A la fin de la messe, de l’ai conduite avec certains collègues au lieu de la réception et je suis parti pour un autre deuil. ».
Nous relate le sieur Fouelefack, qui, toujours dans son récit ajoute que son épouse a ensuite été déposée par ses collègues dans un lieu qu’elle souhaitait car « elle voulait faire le marché avant de rentrer à la maison.». De son côté l’enseignant et homme politique dit être revenu en ville «après le second deuil», il s’est assis «devant un nouveau supermarché de la ville pour prendre un jus ». Pendant qu’il laisse passer le temps, son téléphone sonne avec au bout du fil ses enfants qui hurlent « papa viens vite, mama est tombée, papa mama est tombée ». Il informe « le militaire » avec lequel il était et prend sa voiture. Il arrive chez lui et trouve son épouse « couchée dans la douche sur son bras gauche … les yeux à moitié ouverts, la bouche à moitié ouverte. Elle ne réagit pas».
L’homme dit avoir crié pour appeler le voisinage au secours, c’est ainsi que Blanche Laure a été conduite aux urgences de l’hôpital régional annexe, situé à quelques mètres de son domicile conjugal. «Moins de 10 minutes après les médecins viennent vers moi pour m’expliquer qu’elle ne donne plus signe de vie », déclare le veuf.
Toujours selon les faits relatés par le sieur Fouelefack, les enfants auraient vécu la scène.
« Mes enfants m’ont dit : papa, elle était dans la chambre avec Nathan (le benjamin), elle a dit qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle veut boire de l’eau. Il est allé chercher l’eau il est venu voir qu’elle était tombée ».
Une triste information qu’a rapidement reçu la mère de la défunte, mais cela n’a pas été le cas pour son père.
Colère du père du Dr Ndontsa Blanche Laure et demande d’autopsie
Le jour du décès de l’enseignante, le Pr. Foulefack dit avoir été à l’hôpital avec sa belle-mère, le conjoint de celle-ci et la cadette de son épouse. A rappeler que les parents de la défunte ont refait chacun leur vie. Selon un membre de la famille du papa du Dr. Ndontsa avec lequel nous nous sommes entretenus, les déclarations du père sont formelles, le jour du décès de Blanche Laure, il n’a pas été informé. Le dimanche, lendemain du drame, un émissaire lui a été envoyé pour l’informer du fait que sa fille ne va pas bien. D’ailleurs dans un courrier adressé au recteur de l’université de Dschang, il affirme
« Ma fille a été assassinée chez elle, son mari est allé déposer sa dépouille à la morgue, rentré dormir chez lui et c’est le lendemain qu’il a envoyé un de ses frères me demander de venir aider à transporter ma fille à l’hôpital car très malade. »
Plus loin, notre source familiale fait savoir que même dans la maison du deuil, le père n’a reçu aucune information de son gendre, ce qui a suscité sa colère. Ainsi a-t-il commencé à demander une autopsie.
De commun accord il a été décidé que l’autopsie soit pratiquée et le Professeur Martin Tchamba, proche des deux familles a été placé à la tête de cette commission. Mais ladite autopsie aurait été réalisée en l’absence du père qui apprendra qu’elle a été effectuée et la somme qu’il avait réservée comme quote-part ne sera pas versée, nous apprenons du sieur Fouelefack qu’il a payé la totalité des frais. Selon les interrogations du sieur Wamba Tuekam, père de la défunte Blanche Laure « Pourquoi le professeur Tchamba s’est substitué à moi pour saisir le procureur ? Je suis là, présent je demande à saisir le procureur pour mort suspecte et il promet de m’y amener et plutôt m’amène pour être entendu par la police ? », ainsi a-t-il demandé que le Pr Tchamba n’intervienne plus dans cette affaire.
Nous avons joint le Pr. Tchamba par téléphone pour avoir sa version des faits et il nous a retorqué « Je ne réponds pas de ça». Toujours est-il que les résultats de cette première autopsie nous sont parvenus.
Du rapport d’autopsie à la controverse …
Dans le rapport de l’autopsie réalisée le 24 avril 2024, par le Dr Kamga Tokam A bel Christian médecin légiste et directeur de l’hôpital de Baham, il est décrit sur la dépouille de la défunte « une légère asymétrie de la face déviée vers la gauche, l’expression du visage de la défunte signe une souffrance douloureuse anté-mortem, les multiples hématomes du scalp intéressant quasiment le côté gauche du crâne, l’hémorragie méningée accrue en regard des zones correspondantes aux hématomes du scalp ». Cette première autopsie conclut donc une « mort criminelle par traumatisme cranio-encéphalique ».
Une fois ces résultats mis à disposition rien ne s’est passé jusqu’au 17 mai 2024, jour où l’homme politique a été mis en garde à vue aux environs de 8h. Le père de la défunte le poursuit pour présomption d’assassinat, Christian Fouelefack clame son innocence et dit n’avoir jamais levé la main sur sa défunte épouse avec laquelle il a eu 4 enfants, la mère de Blanche l’ayant vue la veille de son décès dit qu’elle se portait bien, même si durant ses derniers moments de vie « Elle était toujours malheureuse », selon les mots de ma’a Po. Mais une proche de la défunte nous fait savoir que de son vivant Dr Ndontsa lui avait dit «C’est quand Christian n’est pas là que je peux un peu respirer».
Pour le sieur Foueléfack, Président du parti du triangle, il est victime d’une conspiration politique car, il représente la première figure de l’opposition dans le département de la Menoua. « J’ai déclaré ma candidature à la mairie de Dschang et ils savent qu’à la loyale, je les battrais aux prochaines échéances locales », argue-t-il.
Face à cette confusion, les résultats de la première autopsie ont été contestés, le conseil du sieur Fouelefack a demandé une autre autopsie qui semble toujours en sa défaveur. Selon les déclarations dudit conseil « la contre-expertise d’autopsie sur quoi on espérait les arguments contraires pour l’élargir est toujours de nature regrettable pour une meilleure plaidoirie ». Cette contre autopsie a été réalisée par le médecin légiste de l’hôpital de Batcham.
L’homme est donc depuis ce soir aux environs de 19h en détention provisoire à la prison principale de Dschang.
Clarence YONGO