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CRIFAT: DES FEMMES ACTRICES DE L’AGRICULTURE DE DERNIÈRE GÉNÉRATION

Elles ont traversé des centaines de kilomètres pour gagner leur vie en travaillant dans les plantations.

Ces femmes viennent des différentes régions du Cameroun et sont en majorité des déplacées de la crise anglophone. Elles y sont hébergées et travaillent la terre contre rémunération.

Nous sommes ici à Djeng à quelques encablures de la ville de Yabassi dans le département du Nkam, à une soixantaine de kilomètres de la ville de Douala. Un site de 3500 hectares de plantation nécessitant une main d’œuvre ouvrière dont, celle des femmes. Elles effectuent des tâches équivalentes à leurs forces.

Rémunérées ici à la tâche pour certaines ou par un salaire permanent pour d’autres, elles sont 12 femmes parmi les 80 employés du site de CRIFAT, entendez Centre Régional d’Initiative et de Formation en Agriculture et Technologies Innovantes.

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Il est 13h. C’est la pause. Les 2 femmes chargées de la cuisine sont à la tâche pour nourrir les ouvriers du site de Djeng.

Carine est à son poste. Dans une cuisine construite en matériaux provisoires, la jeune dame lave les plats. Il est l’heure de servir le repas aux travailleurs. Du riz à la sauce tomate, fait partie du menu du jour, après les beignets-haricot-bouillie servis au petit déjeuner du matin. La nourriture est distribuée aux travailleurs assis par petits groupes devant les cases du campement situé non loin du bloc administratif. Chacun se remplit l’estomac avant de continuer le travail.

Cette tâche qu’effectue Carine, est rémunérée à hauteur de 70 000f mensuel. Elle dit être satisfaite même si l’impact de la crise sanitaire (COVID-19) se ressent sur les activités.

«Je suis ici ça fait bientôt 3 ans. Je suis employée à la cuisine depuis mon arrivée. Au départ les salaires passaient bien mais après il y a eu petite interruption entre février, mars et avril. Et pour le moment tout marche bien.»,

nous dit Carine.

Originaire des hauts plateaux de l’ouest, Carine a 4 enfants qui vivent à Souza avec ses parents. Auparavant sans emploi, c’est par le biais de son mari qu’elle se retrouve sur le site du CRIFAT à Djeng. Elle compte réunir cet argent qu’elle y gagne pour s’offrir un restaurant dans la ville de Douala, nous a-t-elle confié.

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Dans cette cuisine, les condiments s’écrasent à la pierre. Les arachides et pistaches, dans une machine à manivelle. La jeune dame est assistée dans cette tâche par une autre, Honorine. Plus ancienne, elle travaille dans les plantations depuis 2016. A 42 ans, elle gagne son pain quotidien en travaillant la terre. Depuis deux semaines, elle a décidé de ne plus aller aux champs pour s’adonner aux tâches ménagères.

«Je gagnais beaucoup d’argent en travaillant comme contractuelle. Au lieu de 2500f la journée comme maintenant que je suis à la cuisine, je pouvais gagner 3000 à 4000 fcfa par jour. Aujourd’hui je me sens fatiguée et j’ai choisi un travail moins pénible pour continuer à gagner ma vie et veiller sur ma petite famille»,

argue Honorine

cette femme trouve son compte dans les plantations et ses enfants aussi. Elle en a trois qui résident chez ses parents à l’Est du Cameroun. Pendant les vacances, ils la rejoignent sur le site, les plus grands font un stage de vacances rémunéré et les autres en profitent pour changer d’air et s’accommoder avec la nature.

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La spécificité genre est prise en compte sur le site

«Je suis arrivée ici quand la guerre a commencé. Je pars souvent aux champs sarcler, récolter parfois on attache juste les bâtons de manioc»,

affirme Marie Noel, originaire Tiko et  déplacée interne de la crise anglophone.

Les femmes ne font pas les mêmes tâches que les hommes, nous révèle Mr Ewané, le régisseur du site.  Elles n’exercent pas de tâches trop pénibles. Elles travaillent comme ménagères,  dans l’administration, et dans les plantations, il y a des travaux réservés pour elles.

«Elles font le sarclage, elles sèment, elles attachent les bâtons de manioc, elles font également les récoltes. D’autres sont à la cuisine et d’autres à l’économat et elles gagnent le même salaire que les hommes»,

nous rassure le régisseur.

Sur le site de Djeng, on retrouve également des enfants, hébergés ici avec leurs parents. Ce sont surtout les déplacés de la crise anglophone. Ils y sont logés, leurs mamans effectuent des travaux champêtres contre rémunération.

«Il y a les gens qui habitent ici avec toute leur famille. Ce sont nos voisins du Sud-Ouest.  Les parents ne pouvaient pas venir ici et abandonner leurs enfants. Les plus petits ne travaillent pas dans les champs»,

ajoute sieur Ewané.

Pour les problèmes de santé, les employés reçoivent des soins gratuitement dans le centre de santé du site même s’il n’est pas très adapté. Pas de service de maternité, les femmes enceintes sortent généralement du site pour faire les visites prénatales en ville et à l’approche de l’accouchement, elles ont la permission accordée par l’administration.

Mais de façon globale, les femmes ont leur place dans les tâches effectuées sur le site.

«Leurs spécificités sont prises en compte. Nous avons les femmes ingénieurs qui travaillent ici. A tous les niveaux de la plus petite échelle à la plus grande. Il y a des moments ici, où il y a plus de femmes que d’hommes. Il faut savoir que l’activité agricole a des saisons. Donc ici nous travaillons avec des saisonniers et parmi eux, il y a des travaux qui sont faits par des femmes »,

déclare Gustave Nkonga’a, PDG de CRIFAT.

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Présentation du site de Djeng

Les plantations agricoles du CRIFAT sont situées à Djeng non loin de la ville de Yabassi sur une dizaine de kilomètres d’une route non bitumée. Elles   s’étendent sur 3500 hectares de plantations, avec 600 hectares de bananiers-plantains, 40 hectares d’ananas, 8 hectares de poivriers, 48 hectares de manioc. Les vergers et les agrumes ne sont pas en reste.

Au départ sur le site on comptait 180 employés parmi lesquels de nombreuses femmes. Avec la crise sanitaire et d’autres difficultés que traverse le centre, les effectifs ont été réduits.

En termes de production, ils parviennent encore à sortir au moins 1200 régimes de plantains par semaine, 4000 têtes d’ananas. Une production équivalente au 1/3 de la production d’avant la crise sanitaire.

18 ans que  CRIFAT officie dans le secteur agropastoral et tutoie les cimes de l’agriculture dans la sous-région Afrique centrale. Il compte en son sein 3 entités. CRIFAT formation, CRIFAT logistique qui s’occupe de la réalisation des plantations du début à la récolte de vos produits. Crifat invest qui donne la possibilité d’une mise en commun des fonds pour la réalisation d’un projet agricole et dont  les richesses sont redistribuées.

Rachèle KANOU

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2 Commentaires

  1. Appolinaire Tagne

    L initiative du crifat est louable. Allez de l’avant. Surtout penser à l approche chaînes de valeurs agricoles.

  2. NZALLI Gaëlle

    Intéressant.

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