Profitons de l’occasion de l’inauguration du musée des rois Bamoun ce 13 avril 2024, pour parler des femmes qui ont dirigé le royaume.
Ces femmes ont marqué l’histoire du peuple Bamoun, chacune à sa manière. Il s’agit des reines Ngouopou (1418), Mengap (1498), Ngoungouré dont l’histoire est la plus racontée, pour avoir juste passé 30 minutes au trône en 1863 et la régence de la reine Njapdounké qui est un cas d’école.
La Reine Ngouopou
Elle a dirigé le royaume Bamoun entre 1418 et 1461, soit 43 ans de règne. Nous ne savons pas grand-chose sur elle.
La Reine Mengap
Son règne a duré 15 ans avec un pouvoir qui s’est étendu entre 1498 et 1513.
La Reine Ngoungouré Shefton a connu 30 minutes de règne
Son histoire est celle d’une héroïne qui a rétabli l’ordre de succession au sein du royaume Bamoun en 1963. Dans le pacte établi par Ncharé Yen le fondateur dudit royaume, chaque monarque devait désigner son successeur sans que cela ne fasse l’objet d’aucune contestation. Sauf qu’à la mort du onzième monarque, le Roi Mbuombo Mandu (1757 -1814), le royaume va faire face à une crise de succession et un notable va s’emparer du pouvoir. Ainsi, Gbetnkom va devenir le douzième roi. A sa mort la crise va se poursuivre et le royaume sera dirigé par Mbienkou qui à sa suite connaîtra le règne de Ngouhouo. Au bout de 45 ans, la princesse Ngoungouré pense qu’il est temps de mettre fin à l’imposture. Si l’on s’en tient aux récits des historiens, son grand-père le Roi Mbuombo Mandu était un homme imposant, doté d’une force hors norme. La princesse aurait donc hérité de ce pédigrée qui lui permettait de faire des choses extraordinaires.
C’est ainsi qu’elle entreprend de remettre le pouvoir à la lignée royale. Elle lance une attaque contre Ngouhouo avec le soutien de son fils Nsangou selon un article de aulecth.com. L’imposteur étant mis hors d’état de nuire, la Princesse Ngoungoure va occuper le trône pendant 30 minutes, le temps pour elle de passer la main à son fils Nsangou. Elle bénéficiera donc du nom Ngougoure Shefton, qui signifie « Celle qui défie le roi ». Selon divers récits, elle se serait donnée la mort après son action héroïque afin de laisser son garçon régner en toute liberté.
La reine Njapdounké quant à elle a assuré la régence afin que son fils ait la maturité nécessaire
Njapdounke ne s’est pas assise sur le trône, mais c’est tout comme, car après le décès du Roi Nsangou dont elle était l’épouse, elle assure la régence du trône, alors que son fils n’est âgé que de 4 ans.
Pour remonter l’histoire de cette femme, relatons son entrée au royaume Bamoun. Alors que les serviteurs du roi avaient pour mission de lui trouver de nouvelles conquêtes parmi les femmes les plus belles et les plus atypiques, elle est repérée un jour de marché du fait de sa taille imposante, sa poitrine généreuse entre autres. Ramenée auprès du Roi, ce dernier tombe sous son charme, mais décède quelques temps plus tard. Son fils unique Ibrahim Njoya est nommé successeur parmi les 90 enfants du Roi Nsangou à l’âge de 4 ans. Djapdounke assure donc la co-régence avec Ngetkom Ndoumboue qui, plus tard, veut s’accaparer du trône. Lorsqu’il est chassé par Njoya, il monte une armée pour assiéger le royaume. Njapdounké conseille à son fils Njoya de chercher secours auprès des guerriers peuls du lamido de Banyo et de la chefferie de Bafoussam. Ces appuis militaires vont l’aider à vaincre l’ennemi et sauver le royaume. Grâce à l’intervention de Njapdounke, le règne du roi Njoya est considéré comme ayant marqué un tournant décisif sur le royaume Bamoun.
Chantal Mveng