Plusieurs femmes parmi les commerçants interpellés ont été conduites au Groupement mobile d’intervention à Bonanjo.
Des boutiques saccagées, d’autres scellées. Des écrits invitant les propriétaires à se rendre à la gendarmerie nationale.
Une journée très agitée au lieu-dit Gazon non loin du marché Nkolouloun dans le 2ème arrondissement de la ville de Douala.Un espace réputé dans la vente des produits pharmaceutiques dont la provenance a toujours été remise en question. Des commençants y vendent des bons, tout comme des produits contrefaits. Ils ont été surpris ce 14 avril matin par la visite inopinée des hommes en tenue.
Il est 10h lorsque nous arrivons dans cet espace marchand. Le lieu-dit marché de pommes, qui jouxte le gazon grouille de monde. Les pick-up de la gendarmerie garés aux abords du marché. Plusieurs femmes se trouvent parmi les personnes interpellées. D’autres ont pu s’échapper ou se réfugier dans leur boutique. Les clôtures de cet espace marchand sont fermées, seule une entrée est ouverte, les hommes en tenue y montent la garde. Quelques gendarmes vont et viennent. Ils interpellent au passage, ceux qui n’ont pas pu se fondre dans la nature. C’était le sauve qui peut.
«Mon Dieu je me suis retrouvée dans le film Titanic aujourd’hui. Je fuis je vais à gauche c’est bloqué, à droite c’est barricadé. J’ai payé les boys du marché pour m’aider à sortir», laisse entendre Rose la mine fatiguée. Elle porte une grossesse. «C’était la course de vitesse. C’est Dieu qui m’a sauvée», lance-t-elle.
Des interpellations …
Une centaine de personnes ont été interpellées, parmi lesquelles, des femmes, des adolescents et même des couples. «Ils ont violenté mon garçon, l’ont menotté et amené, parce qu’il refusait de leur donner la clé de ma boutique. On les connait. Je ne vends pas leur chose qu’ils appellent tramadol là. Mais s’ils entrent là, ils vont créer des motifs pour nuire. Voilà que tout le monde paye les pots cassés», nous dit une autre dame soucieuse de l’arrestation de son fils de 17 ans.
Les cartes nationales d’identité de certaines personnes ont été retenues. Il fallait payer au moins dix mille francs pour récupérer sa pièce d’identification. Certaines ont été libérées après avoir payé de fortes sommes d’argent. «Ma mère s’est enfermée dans la boutique, pour qu’elle sorte de là, j’ai dû payer 50 mille francs», nous confie Johanne.
Une vendeuse de tramadol au cœur de cette rixe
Il y a environ une semaine, une femme, commerçante dans ce marché a été surprise avec des cartons de tramadol. Il s’agit d’un médicament utilisé comme anti-inflammatoire, mais qui est une sorte de drogue, dont les jeunes raffolent. Il est interdit de commercialiser ce produit. Selon notre source, lorsque la dame a été interpellée, ses collègues ont tenté de la défendre en créant un affrontement avec les forces de maintien de l’ordre. C’est donc probablement pour cette raison que ces hommes en tenue ont fait irruption dans ce marché ce matin aux environs de 9h. Ils ont tenu en respect pendant plusieurs heures les commerçants du gazon.
«Cette affaire de tramadol ce n’est pas tout le monde qui vend, mais nous en payons tous le prix. Il y avait des boutiques ciblées, raison pour laquelle, ils ne les ont pas scellées toutes. Mais ça nous a tellement pénalisés. On m’a volé deux cartons de médicaments dans le désordre», déplore une autre commerçante.
Lorsque nous quittions ce marché à 15h, le calme revenait peu à peu, mais les commerçants y restaient avec la peur dans le ventre.
Rachèle KANOU