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ENFANTS SOLDATS: UN FLEAU QUI PERDURE AU CAMEROUN AVEC DES CONFLITS INCESSANTS

Le Cameroun fait partie des pays de l’Afrique Centrale qui enregistrent grand nombre d’enfants recrutés et utilisés par les forces et groupes armés, selon un rapport des Nations-Unis.

Ce fléau s’est accentué avec en plus de la secte islamiste boko haram dans le septentrion du Cameroun, la guerre qui perdure dans les régions anglophones.

Cas de recrutement récent dans la crise anglophone

Dans une vidéo tournée en octobre 2021, ayant fait le tour des réseaux sociaux, l’on aperçoit des enfants défiler avec des armes factices devant des séparatistes. Visiblement des adolescents de moins de 15 ans. Une pratique au mépris des droits de l’enfant et des conventions internationales sur le droit de la guerre. Aussi une violation de la loi, en particulier les droits de l’homme, qui stipule que 18 ans est l’âge minimum légal pour recruter et utiliser des enfants dans toute forme de conflit. La Cour pénale internationale considère qu’il s’agit d’un crime de guerre passible de poursuites.

Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, de nombreux enfants étaient recrutés et utilisés pour des fins de guerre avec la secte islamiste Boko Haram. Leur âge variait entre 4 et 18 ans, les plus nombreux étant âgés entre 13 et 16 ans. Au sein de Boko Haram, ils étaient chargés de diverses corvées (puiser de l’eau, cultiver la terre, porter des messages etc), mais certains officiaient comme guetteurs ou espions. Un tiers d’entre eux étaient des combattants. Certains ont suivi leurs parents quand ces derniers ont rejoint Boko Haram, d’autres ont été enlevés

Les statistiques

La plupart des enfants soldats sont enrôlés sur le continent africain soit 52 % des enfants selon l’ONU.
D’après un rapport de Karin Heissler, cheffe régionale de la protection de l’enfance du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) en Afrique de l’Ouest et du Centre, ces régions ont enregistré le plus grand nombre d’enfants recrutés et utilisés par les forces et groupes armés, soit plus de 42 000 enfants entre 2005 et 2020.

Définissant l’enfant soldat comme toute personne âgée de moins de 18 ans qui est, ou qui a été, enrôlée ou utilisée par une force armée ou un groupe armé à quelque titre que ce soit, utilisé comme combattant, cuisinier, porteur, espion ou à des fins sexuelles, ce sont aussi bien des filles que des garçons, et certains ont à peine 7 ans. On estime à 250 000, le nombre d’enfants soldats dans le monde, dont environ 40 % de jeunes filles.

Les filles soldats sont un phénomène presque méconnu, pourtant réel

Si certaines s’engagent volontairement, la plupart sont recrutées de force et asservies par les chefs de guerre. Notons que Griote dans l’une de ses investigations sur les droits des femmes et des enfants victimes des conflits au Cameroun, a enregistré des témoignages des jeunes filles ayant eu le moyen de s’échapper de captivité. Dans le cas de boko haram tout comme la crise sécessionniste, des filles témoignaient avoir été enrôlées de force pour servir les chefs de guerre. Conséquence: Elles sont violées et portent des grossesses précoces et indésirées. Elles sont souvent victimes de maltraitance et contraintes à des tâches les plus pénibles.

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Leurs missions

Certaines filles jouent le rôle de troupes d’assaut, sécurisent les chefs de guerre ou sont chargées de missions d’espionnage et d’infiltration des troupes ennemies. Elles sont appelées à prendre soin des hommes , elles informent ou communiquent et sont aussi utilisées comme kamikazes, notamment par Boko Haram.

parfois, elles reçoivent une formation militaire ou sont utilisées à des fins sexuelles. La plupart du temps, elles subissent les deux situations. Elles sont aussi chargées des tâches domestiques et restent dans les camps où vivent les milices, cuisinent et font le ménage pour les soldats.

12 février, journée mondiale de lutte contre les enfants soldats

C’est une occasion de faire le bilan et inviter les institutions à lutter contre ce fléau qui perdure.
En 2021, l’UNICEF a souligné que les conflits en cours au Cameroun, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, ainsi que les crises dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad, ont des conséquences dévastatrices sur les enfants.

Entre 2005 et 2020, la République démocratique du Congo s’est toujours classée au premier rang mondial concernant le recrutement d’enfants dans les conflits, le Nigeria est quatrième et la République centrafricaine huitième.
L’enrôlement et l’utilisation des enfants de moins de 15 ans comme soldats sont interdites par le droit international humanitaire. La cour pénale internationale considère cela comme crime de guerre passibles de poursuites.

Rachèle KANOU

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