Regine Fomo s’en va ainsi après une scène d’interpellation de son compagnon par sa famille, alors que l’homme allait discrètement la garder à la morgue.
Ce lundi 09 septembre, le quartier Biyem-Assi où vivait régime Fomo peine à se remettre de l’horreur des événements survenus dans la nuit du 1er au 02 septembre dernier. Les voisins de la jeune femme de 43 ans qui a rendu son dernier souffle sous les coups de son compagnon semblent ne pas se remettre du drame.
Réunis dans la buvette où la désormais défunte a travaillé comme serveuse pendant plus d’une décennie, ils nous parlent de celle qui fût pour certains une amie et pour d’autres une sœur. « Regine était une femme sans problème, elle a travaillé avec moi pendant 13 ans et tout le monde l’aimait » nous confie, le propriétaire de la guinguette. Tout juste à côté de lui, Roger, un quinquagénaire qui se présente comme le frère de la disparue se confie également à nous. » Des gens comme elle ne devraient pas mourir comme ça… » Nous répète t-il à trois reprises avant d’avaler nonchalamment quelques gorgées de bière.
L’échange se poursuit avec quelques anciens clients qui, unanimement se souviennent du sourire et de l’éternelle bonne humeur de Regine. L’évocation des services rendus et de la loyauté de cette dernière crée presqu’une ambiance joyeuse qui va très vite s’estomper au moment de relater le scénario qui a précédé la tragique disparition.
« Je vais te dire quoi mon frère? » nous lance le président de la tontine pourvoyeuse de l’argent qui serait à l’origine de la furie conjugale ayant emporté l’ex serveuse. « Comme d’habitude, nous nous sommes retrouvés ici dimanche passé pour la réunion et c’est elle qui était la bénéficiaire de la cagnotte du jour. Nous lui avons remis son argent et elle nous a même donné à boire…on m’a seulement appelé vers 2h du matin pour me dire que le gars l’a tuée, le reste, je ne sais pas » Nous relate t-il avec un air de regret.
Selon les témoignages recueillis, dame Fomo Regine vivait une idylle tumultueuse avec un sexagénaire qui se faisait appeller « l’américain » au quartier Biyem-Assi où résidait la défunte, personne ne sait exactement quel est le véritable nom de cet homme à l’allure imposante qui avait ravi le cœur de Regine et avec qui elle était en couple de façon discontinue depuis trois ans. Tous les proches rencontrés disent avoir été témoins des violences et maltraitances dont était victime la disparue. » Son gars était trop possessif et jaloux. Souvent, il venait même la taper ici à son lieu de service » témoigne encore le propriétaire du bar où travaillait Regine en nous montrant une porte en bois brisée qui selon ses dires aurait cédée sous la violence des coups destinés à cette dernière. » la porte que vous voyez cassée là, c’est elle qui était tombée dessus pendant que l’américain la tapait » ajoute t-il. » Nous avons parlé à plusieurs reprises, nous sentions le danger venir mais, on devait faire comment ? Souvent, il finissait de la taper comme ça, ils arrangeaient leur problème et venaient même nous donner la bière » confesse-t-il pris de regret .
C’est donc au petit matin du 02 septembre que le coup de trop a été porté et cette fois là, ce n’est pas la porte qui y est passée mais la vie de cette jeune femme de 43 ans, mère d’un enfant, pleine de vie et aimée des siens.
Des témoignages concordants disent que l’homme voulait s’accaparer de la cagnotte ramenée de la tontine. Des coups seraient partis comme à l’accoutumée et Regine a été battue jusqu’à ce que mort s’en suive.
Son corps a ensuite été déposé par son bourreau à la morgue de l’hôpital de district de Biyemmassi le 02 septembre. Le présumé meurtrier présenté comme un homme marié et pere de deux enfants a été interpellé dans la foulée et ce samedi 21 septembre le corps de Regine a sera mis en terre à Fokoue par Dschang, dans l’ouest du Cameroun.
John Matou