C’est avec un regard envieux que ces enfants ont observé d’autres se rendre à l’école ce lundi.
Ce jour de la rentrée, des salles de classe ne sont pas remplies dans plusieurs établissements de la ville de Douala et les silhouettes des enfants se remarquent dans les quartiers, en pleine journée, leur voix se font même entendre. La preuve que tous les élèves n’ont pas honoré le rendez-vous du lundi 9 septembre 2024 dans les établissements scolaires, un fait qui n’était pas toujours une question de choix.
Les parents ne sont pas prêts
La rédaction de Griote s’est rendue ce lundi dans des quartiers de l’arrondissement de Douala 3e, au quartier Pk10 en particulier. Si la forte pluie observée ce jour a fait obstacle au déplacement de plusieurs élèves, des parents révèlent d’autres tristes raisons relatives aux moyens financiers. Les trois mois de congés n’ont pas suffi à plusieurs parents pour préparer la rentrée-scolaire. Deuil, maladie, perte de travail et plusieurs autres types d’imprévus sont évoqués par les parents à notre micro pour justifier le retard accusé. C’est le cas pour sieur Yumsh Benoit, père de quatre enfants dont les niveaux sont compris entre la grande section de la maternelle et class4 à l’école primaire. Le chef de famille raconte qu’il est entré dans de profondes réflexions après des imprévus survenus dans ses activités génératrices de revenus. Avec les moyens financiers réduits, et presque inexistants, il n’était plus en mesure de scolariser ses enfants dans une école privée au quartier Nyalla. Il a donc décidé de les envoyer à l’école publique du génie militaire d’ailleurs pas loin de leur domicile, sauf que la décision prise tardivement, tout n’est pas encore mis à disposition des enfants.
«Ce qui les a vraiment empêché d’aller à l’école aujourd’hui c’est la tenue. Ils peuvent ne pas avoir tous les livres, on peut finaliser l’inscription après, mais ce qui empêche maintenant, c’est leur tenue qui n’est pas encore prête »,
révèle sieur Yumsh.
« Ce n’est pas facile pour moi, avec le travail qu’on ne trouve même pas, le travail qu’on trouve et qu’on ne paye pas assez, mais je me suis battu, je me bats toujours »,
déclare le parent qui assure que ses bambins rejoindront l’école d’ici peu.
Pour Anita, dont les enfants sont en classe de 5e et 4e, les fournitures ne sont pas encore disponibles. La jeune femme nous apprend que les cas de maladies graves survenus dans la famille sont à l’origine de ce retard.
« Il y a eu cas de maladie qui ont fait, nous avons pris l’argent prévus pour les fournitures et la scolarité pour l’hôpital, les médicaments. Ils n’ont pas un seul cahier neuf et ils refusent de commencer avec leurs vieux cahiers et ça peut se comprendre. Nous allons bientôt payer la première tranche, mon mari y travaille. Et moi aussi je vais recevoir l’argent de ma tontine ce week-end. On va tout régler du côté fournitures des enfants ce week-end et lundi ils seront au collège »,
explique la maman.
Pour Mbombo également, les deuils dans la famille ont occasionné un retard.
« Il fallait organiser les obsèques d’un proche, l’argent est tout parti. On va faire comment? Je me bats pour que les enfants commencent la semaine prochaine. »
déclare cette dame du troisième âge.
Les difficiles conditions de vies sont devenues courantes au Cameroun. Rares sont ces ménages qui réussissent à s’en sortir avec leurs revenus. Il suffit d’un imprévu lié à la santé en l’occurrence pour tout basculer. La situation s’observe tant chez des fonctionnaires que chez des travailleurs du secteur privé, ce qui appelle à une attention des pouvoirs publics.
Chanelle NDENGBE