L’animatrice de radio et télévision équinoxe rêvait du jour où chaque africaine devait s’aimer telle qu’elle est, avec son teint charbonné ou naturellement clair, son nez épaté et ses cheveux crépus.
Pour elle, la beauté africaine se définissait sans dépigmentation volontaire de la peau, sans mèches humaines dont la provenance est très souvent douteuse, sans un ajout quelconque pour travestir le côté naturel. Son crédo était «apprenons à nous aimer». Elle en avait d’ailleurs fait un hashtag très connu, célébrant les personnalités, auteures de sensibilisations afrocentriques.
Tout ce qui tournait autour de l’identité noire, des civilisations africaines, de l’afrocentricité était devenu son cheval de bataille. Pour sortir des courants trop intellectuels, Flora avait choisi l’événementiel, et ça marchait. C’est ainsi que la plateforme black attitude est née dans le but de valoriser la beauté noire, authentique, nappy.
Flora Ze pensait donc que la beauté est plurielle. Rien à voir avec le principal stéréotype que les femmes brandissent et s’y complaisent, comme on peut le voir à travers la course effrénée au blanchiment de la peau.
Le projet Black attitude avait vu naître l’évènement «Black and Beauty », dans le but de «valoriser la peau noire, et l’utilisation des produits naturels, bio comme matière première pour l’entretien de celle-ci.», expliquait Flora ZE, la promotrice de l’événement.
Lors de la première édition de «Black and Beauty », les 12 et 13 avril 2019, le public a eu droit à la sensibilisation sur les dangers liés au blanchiment de la peau, mais aussi à la prise de conscience d’une diversité des codes de beauté. Cette acceptation de soi étant une thérapie qui passe par l’information sur l’identité culturelle africaine, et l’exposé des risques de l’aventure «teint commercial». A rappeler que la prévalence de la dépigmentation de la peau en Afrique subsaharienne varie entre 32% et 74%, d’où, l’urgence de tirer la sonnette d’alarme.
Des études socio-anthropologiques montrent que « la plupart des femmes qui s’adonnent à la pratique font essentiellement pour des raisons esthétiques. », rappelait Flora Zé. La peau claire est donc considérée comme un atout de séduction et de prestige, toute chose qu’il convenait pour elle de corriger, car la beauté n’est pas singulière, mais plurielle.
Flora Ze appelait ses interlocuteurs « Blacky », comme pour inviter à faire tomber tout complexe des cheveux crépus et de la peau noire. Elle avait lancé la première édition de Miss Blacky, qui n’aura pas atteint son apogée avant qu’elle ne nous quitte.
Flora ZE est décédée le 13 Avril 2020, suite à un malaise abdominal.
Que la terre de nos ancêtres lui soit légère.
Clarence YONGO