Une pratique humiliante que dénoncent les féministes.
En Iran la virginité pour les hommes prouve que la femme est sérieuse et ne peut quitter le mariage du jour au lendemain. C’est la raison fondamentale du test de virginité imposé aux jeunes femmes avant le mariage.
Or Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le test de virginité n’a aucune valeur scientifique. L’OMS juge contraire aux droits humains cette pratique qui se fait pourtant dans les hôpitaux. Depuis environ un an, de plus en plus de personnes font campagne contre cette pratique jugée humiliante. Une pétition dénonciatrice avait été lancée en novembre 2021, récoltant 25 000 signatures en un mois. Mais les habitudes ayant la peau dure, les femmes continuent de subir cette pratique discriminatoire.
Tenez par exemple l’histoire de cette jeune femme vierge rencontrée par BBC. Elle n’a pas saigné lors de la première relation sexuelle avec son époux et ce dernier l’a longuement insultée jusqu’à ce que le certificat de virginité prouve que son hymen est intact. Elle a essayé de le rassurer en lui disant que, même si elle n’avait pas saigné, elle n’avait jamais eu de rapport sexuel auparavant. Mais il ne l’a pas cru et lui a demandé d’obtenir un certificat de virginité. Le certificat de la jeune femme indiquait que son hymen était de type « élastique ». Ce qui signifie qu’elle pouvait ne pas saigner après un rapport sexuel.
« Cela a blessé ma fierté. Je n’avais rien fait de mal, mais mon mari n’arrêtait pas de m’insulter. Je n’en pouvais plus, alors j’ai pris des cachets et j’ai essayé de me tuer. Je n’oublierai jamais ces jours sombres. J’ai perdu 20 kg pendant cette période »,
raconte cette jeune femme.
Test de virginité, une violation de la vie privée
De plus en plus de personnes se mobilisent pour dénoncer cette pratique discriminatoire qui expose le mal être des femmes. Elles payent le lourd tribut d’une société conservatrice.
Bien que dénoncés, contraires à l’éthique et dépourvus de valeur scientifique, le test de virginité est encore pratiqué dans plusieurs pays, notamment en Indonésie, en Irak et en Turquie. L’Organisation médicale iranienne maintient qu’elle ne pratique les tests de virginité que dans des circonstances spécifiques – comme les affaires judiciaires et les accusations de viol.
« Elles subissent une telle pression de la part de leur famille. Parfois, je mens verbalement pour le couple. S’ils ont couché ensemble et veulent se marier, je dirai devant leur famille que la femme est vierge »,
réagit une spécialiste de la santé au micro de la BBC. Elle admet qu’il s’agit d’une pratique humiliante, mais pense qu’elle aide de nombreuses femmes.
La condition des femmes en Iran …
L’émancipation de la femme reste un sujet tabou et aucun changement ne semble se profiler à l’horizon. La révolution islamique en Iran a mis fin aux mesures progressistes en faveur de l’émancipation des femmes. Pendant le règne du Chah, des lois favorisant l’égalité des sexes ont été votées. Ces textes furent abrogés dès l’arrivée au pouvoir des mollahs. Ainsi, l’âge légal du mariage chez les femmes a été fixé à 13 ans dès 1979. Ce faisant, les pères ont le droit d’épouser leurs propres filles adoptives. Ce qui est immoral.
Les femmes mariées jouissent d’une liberté très restreinte. Il leur est impossible de choisir leur futur lieu de résidence. De même, elles ne peuvent pas voyager sans l’autorisation de leur mari. Elles peuvent demander le divorce mais, l’époux a la possibilité d’éterniser la procédure. Si la démarche aboutit, la divorcée perd tous ses droits sur ses enfants. Dans la majorité des cas, elle ne perçoit aucune pension alimentaire.
Les femmes iraniennes n’ont pas le droit de chanter en public ou de pratiquer certains sports. Elles n’ont accès qu’à un nombre limité de filières à l’université. A toutes ces restrictions vient s’ajouter le fameux test de virginité avant le mariage.
Rachèle KANOU