Un déficit de production du pagne du 8 mars a été annoncé par la cicam.
A peine rendu public, la cotonnière industrielle du Cameroun parle déjà de son incapacité à produire un nombre suffisant de pagne pouvant répondre à la demande.
Nous nous sommes rendues à la cotonnière industrielle de Douala située à Ndokoti. Même si les responsables n’ont pas voulu se prononcer officiellement sur la question, il en ressort que, la Cicam pourrait être dans l’incapacité de satisfaire la demande.
« Le pagne est déjà disponible. C’est vrai que l’usine de Garoua a annoncé un déficit de production dû à l’insuffisance de la matière première qui est le coton, mais on attend de voir, ce qui va se passer dans les prochaines semaines», nous a confié un responsable de l’usine de Ndokoti.
La Cicam aurait un endettement vis-à-vis de la Sodecoton, le principal fournisseur qui a arrêté de donner la matière première depuis novembre dernier, a dévoilé le directeur de l’usine Cicam de Garoua, Adoum Abagana. « Cette dette s’élevait sensiblement à un milliard 300 millions. La dette restante est de 1,070 milliard de F par là. Cet arrêt a une grande incidence sur la campagne du 08 mars par exemple. Nous avons besoin de quatre millions et demi de mètres linéaires de pagne pour le 8 mars. En ce moment, nous ne disposons que de deux millions. En 2020 déjà, l’année avait été difficile à cause des mêmes soucis avec la Sodecoton. La Covid-19 est aussi venue s’ajouter », a expliqué Adoum Abagana. Il s’est exprimé dans les colonnes de Cameroun Tribune, parution du 26 janvier 2021.
Dans les boutiques, les femmes venues se ravitailler se bousculent. «C’est compliqué. Tu as l’argent en main tu n’arrives pas à acheter. Je voulais 40 pagnes, mais là on a signé mais, refusé de prendre l’argent. Du coup je ne suis pas sûre qu’ils vont me livrer», laisse entendre une dame venue se ravitailler pour son institution.
Le pagne coûte 6800fcfa à l’usine et dans les boutiques de la Cicam, mais sur le marché, il est revendu à 8000f voire plus. Les grossistes seraient en train de stocker en grande quantité pour attendre les dernières semaines afin de vendre un peu plus cher, nous a révélé l’une d’elle sous anonymat. «Je vais stocker au moins 200 pagnes. Pour mes fidèles clients, je vais leur vendre même à 8000f. Mais dès le moitié du mois de février, je vais vendre plus cher parce que je suis sûre qu’il y aura manque», nous dit-elle.
A l’usine, il y a des femmes qui viennent se procurer d’un ou de deux pagnes mais ne peuvent pas prendre plus de 3. Seuls les grossistes peuvent obtenir un nombre important de ces étoffes. «Hier on donnait à peine 3 pagnes au client», laisse entendre Marie, revenue pour la deuxième journée acheter son pagne. La veille, elle était présente, mais n’a pas pu acheter parce qu’il n’y en avait pas.
Sur place, les réseaux naissent et des femmes préfèrent soudoyer certains employés de l’entreprise pour entrer rapidement en possession de leur pagne.
L’année dernière également une pénurie du pagne du 8 mars avait été annoncée en début février.
Rachèle KANOU
