Barrer la route à l’union libre et favoriser la célébration des mariages civils afin que les conjoints bénéficient des avantages qui en découlent, voilà quelques éléments qui expliquent l’organisation du mariage collectif dans l’arrondissement de Yaoundé 3.
L’information aux allures de buzz qui a fait l’objet de plusieurs publications sur les réseaux sociaux est contenue dans un communiqué signé début janvier par dame Amougou Lucie Odette, déléguée de la promotion de la femme et de la famille de Yaoundé 3.
Dans un style plutôt salué par les internautes grâce à sa simplicité et ses éléments de langage, le communiqué invite les personnes vivant en union libre communément appelée « viens on reste », à passer devant le maire dans le cadre d’une célébration rassemblant plusieurs couples. Même si le procédé paraît curieux pour certains, cette pratique existe depuis plusieurs années. « Les mariages collectifs ne sont pas nouveaux, l’Etat du Cameroun en a déjà connu plusieurs et notre ministère de tutelle a toujours encouragé les mariages. », affirme la déléguée d’arrondissement. « Le but ici est de sortir les personnes qui estiment ne pas avoir suffisamment de moyens pour financer un mariage, de la situation juridiquement et même socialement précaire d’une union libre parfois sans lendemain », explique-t-elle.
Il s’agit donc d’une aubaine pour ces couples qui passent de longues années à vivre ensemble sans officialisation, par peur des dépenses jugées énormes des procédures coutumières et administratives qui donnent le droit du mariage au Cameroun.
La délégation d’arrondissement de Yaoundé 3 veut donc, en respect de la politique sociale du ministère de la promotion de la femme et de la famille, jouer les facilitateurs pour les citoyens qui souhaitent « passer devant M.le Maire ». Pour se faire, l’équipe conduite par dame Amougou travaille sur le terrain avec des officiers d’état civil pour un allègement spécial des charges financières supportées par les fiancés.
Mariage collectif face à la dot et aux préjugés …
Le processus d’accompagnement jusqu’au mariage implique aussi la tenue des pourparlers avec certaines familles qui restent prisonnières du paiement de dots exorbitantes, comme l’explique la déléguée. » L’un des problèmes que nous rencontrons c’est que parfois les gens veulent se marier mais la famille de la femme est arc-boutée sur le respect strict de la tradition et particulièrement sur le versement de la totalité de la dot. Nous discutons avec les familles en leur présentant les bienfondés de notre action et tous les avantages qui sont attachés à l’officialisation d’une union. »
Expliquer et convaincre, c’est la lourde mission du personnel de la délégation qui fait aussi face à certains préjugés qui laissent entendre qu’une célébration collective des mariages est synonyme de mariage au rabais. « Beaucoup de gens pensent que faire un mariage collectif est réducteur parce qu’il n’y a pas de fête à proprement parlé…les gens sont focalisés sur l’aspect purement festif et festif et vestimentaire « regrette un fonctionnaire venu se renseigner auprès du personnel de la délégation.
Malgré les difficultés évoquées, les inscriptions pour la cérémonie des mariages collectifs dont la date reste à déterminer, continuent. « Plusieurs personnes viennent se renseigner et s’inscrire. L’engouement est timide mais ça promet. », nous renseigne la déléguée d’arrondissement qui continue d’appeler à une forte mobilisation des personnes en situation de concubinage.
John Matou
Très belle initiative