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LE GABON DECISIF SUR LA PENALISATION DE L’ESCROQUERIE SENTIMENTALE

Faire semblant d’aimer pour extorquer de l’argent pourra désormais conduire en prison au Gabon.

C’est un évènement inédit en Afrique centrale et francophone. Ces faits récurrents dans les sociétés qui, à première écoute pourraient sembler banals ont des effets considérables sur la sécurité des personnes, indique la législation du Gabon. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de pénaliser l’escroquerie sentimentale.

La loi 00/2020 du 30 Juin 2020, modifiée en son article 469 est celle qui pénalise le délit. Elle dispose que tout coupable d’escroquerie sentimentale est « passible de six mois d’emprisonnement avec une amende d’un million de francs cfa ». Le phénomène consiste pour une personne de se servir de l’influence qu’elle a sur une autre qui éprouve des sentiments amoureux à son égard, afin obtenir d’elle argent et biens, tout en la laissant croire qu’ils finiront en couple ou mariés. Aussi masquée qu’elle paraît, cette manœuvre est une forme d’escroquerie et une véritable forme de violence morale.  C’est dans ce sens que l’article 301 du code pénal gabonais explique qu’il s’agit d’user «de manœuvre frauduleuse dans le but de faire naître l’espérance ou la crainte d’un succès pour se faire remettre des fonds ».

Face aux discours accusateurs qui fusent à l’égard de la gent féminine depuis cette annonce, plusieurs rappellent que les femmes ne sont pas les seuls auteurs de ces manœuvres. Dans le registre, une qui a l’habitude de trancher pour de tels cas s’est exprimée sur la question. Il s’agit de la magistrate et ancienne ministre Honorine Biteghe qui dit : « il y a des hommes qui escroquent tout comme il y en a qui peuvent s’amuser à ce jeu-là ». Par ailleurs, la juriste a poursuivi en faisant une précision sur cette question de l’escroquerie sentimentale. « En droit c’est ce que l’on appelle le dol et sur le plan pénal, on parle d’escroquerie ». Elle souligne qu’au regard de la délicatesse du délit, c’est au tribunal de déclarer en fin de compte s’il y a escroquerie sentimentale ou pas, en prenant en compte les différents éléments factuels.

Si cette loi surprend, il n’est tout de même pas inédit de trancher sur des problèmes relatifs à l’escroquerie sentimentale dans les tribunaux. L’alerte avait d’ailleurs été lancée dans ce même pays en février 2022, lorsqu’une femme avait été condamnée à six mois de prison avec sursis et à payer  un million de francs cfa d’amende. En janvier de cette année c’était l’Ouganda qui faisait la une des journaux. Le magistrat Charles Mukobi avait condamné une étudiante à dédommager son ex-fiancé avec qui elle venait de rompre, d’une somme de 2500 dollars, soit 1 527 000fcfa en compensation de ce qu’il avait dépensé pour ses études avant qu’elle ne mette fin à la relation, prétextant qu’il était de 30 ans plus âgé, ce qui n’enchantait pas sa famille. Ce phénomène, que la victime soit une femme ou un homme, a des séquelles réelles sur la santé mentale, car le cœur brisé, les finances chutées, les troubles dépressifs chez l’être exploité et humilié ne sont qu’une évidence.

Chanelle NDENGBE

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