LES ANCIENS ETUDIANTS DE L’UNIVERSITÉ DE NGAOUNDÉRÉ METTENT EN DEBAT LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

A l’occasion de la journée de solidarité des anciens étudiants de l’université de Ngaoundéré, la thématique de la lutte contre les violences basées sur le genre était au centre des échanges.

La série d’activités déroulées le 19 décembre à Douala s’est constituée en deux phases. L’une, la première, une activité théorique de sensibilisation sur les violences faites aux femmes (VFF) à l’Institut français (IFC) de Douala et la seconde, une descente à l’hôpital Laquintinie de la même ville pour un secours financier aux jeunes femmes nouvellement mamans, retenues dans la formation sanitaire pour défaut de paiement de facture.

Le silence des victimes et des familles, la force des bourreaux

La table ronde organisée en deux panels tablait sur les violences faites aux femmes, le deuxième s’accentuant sur le rôle juridique dans les situations de violence. Ce deuxième panel modéré par la journaliste Clarence Yongo à l’entame a mis à nu le facteur culturel des violences faites aux femmes. Des femmes camerounaises sont d’avis pour les bastonnades qu’elles reçoivent de leurs époux selon des statistiques qui paraissent dans les travaux du magistrat, enseignant Vieux Eyike intervenant dans le panel.

Selon ladite étude de 1994 du comité camerounais de promotion des droits humains, citée par le journaliste Luc Angoula Nanga, 89, 58% de femmes étaient d’avis qu’elles peuvent être violentées par leur conjoint. Dans une autre étude de 2011, 47% des femmes pensaient qu’elles méritent être battues si elles brûlent le repas, négligent les enfants, ou refusent les rapports sexuels. Une situation qui s’est améliorée en 2018 dans l’enquête démographique de la santé où 28% des femmes justifient un acte de violence de leur conjoint pour au moins une des raisons citées plus haut. C’est une situation culturelle qui fait que les violences conjugales se perpétuent alors que sur le plan juridique au Cameroun, ces violences n’ont pas lieu d’être.

Me Sylvie Biem, présidente du Réseau international des femmes avocates, également panéliste, a éclairci le regard de la loi sur les violences conjugales, notamment en se basant sur le principe d’égalité imposé par la constitution de 1996. « Il faut savoir qu’en matière de droit, tous les Hommes sont égaux … Homme avec grand H pour dire à la fois les êtres humains de sexe masculin et les êtres humains de sexe masculin », insiste-t-elle pour dire que la loi camerounaise ne tolère la violence d’un homme sur sa femme sous aucun prétexte. Il en est de même pour la femme à qui la loi ne permet de violenter les hommes. Les femmes principales victimes des violences que ce soit dans le ménage ou dans le milieu professionnel, doivent dénoncer leurs bourreaux afin qu’ils subissent les sanctions prévues par le code pénal camerounais et user de leur intelligence pour accompagner leurs plaintes par des preuves. L’avocate apprend qu’au niveau du barreau ou du réseau, ses collaborateurs et elles sont souvent engagés dans les poursuites judiciaires à l’endroit des bourreaux et se retrouvent lâchés en chemin par les plaignants du fait des menaces et ou de « l’opprobre » que craint la famille. Cette situation est récurrente, les victimes dans le processus de dénonciation font face à ce type d’entrave, mais pour la juriste ce n’est pas suffisant pour se taire quand on a soif de justice. « Lorsqu’on veut obtenir justice, toute les barrières doivent tomber « . Dame Mbeleck de la délégation régionale de l’emploi et de la formation professionnelle et sieur Steve Bime du cabinet PMB advices les autres intervenants ont soutenu cette approche. Sieur Bime a utilisé d’ailleurs L’expression « il faut prendre le taureau par les cornes » pour insister sur la fermeté avec laquelle les victimes doivent dénoncer leurs bourreaux.

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Quelques visages de femmes dont la facture a été réglée

Des factures de jeunes mères retenues à l’hôpital Laquintinie reglées par Dan remember

Retenues à la maternité du centre hospitalier depuis des mois pour certaines et des semaines pour d’autres, les femmes en situation néonatales on reçu une belle nouvelle. Selon les déclarations de certaines d’entre elles au micro de Griote TV, les césariennes non prévues et les réanimations ont grossi leurs factures dépassant ce qu’elles avaient en réserve. Aussi libre de leurs mouvements mais ne pouvant voir l’extérieur, les jeunes femmes cherchaient désespérément une solution jusqu’à ce qu’elles soient bénéficiaires de l’initiative Dang Solidarité.  » Je suis vraiment en joie de rentrer à la maison après avoir passé environs deux mois sans même voir la couleur de la route. Je remercie vraiment ces âmes de bonne volonté et l’hôpital Laquintinie de m’avoir soigné « , déclare une bénéficiaire.

Cette journée de solidarité est bien perçue par plusieurs dont dame Gwem Xaverie Gaëlle, psychopédagogue des Sciences de l’Education. « Je voudrais tirer un coup de chapeau à la société d’assurance Allianz et à l’Association des étudiants et anciens étudiants de Ngaoundéré pour cette initiative … Je tenais à les féliciter et les encourager davantage à créer des moments pareils pour rassembler un certain nombre de personnes pour échanger sur certaines problématiques », dit la psychopédagogue. Elle est toutefois désagréablement surprise par le fait de voir que ces jeunes sont pour la plupart des adolescentes et ne s’explique pas comment ces dernières arrivent à permettre nuitamment la visite des géniteurs de leurs enfants sur le lit d’hôpital. Une information revelée par le personnel soignant de l’hôpital qui choque la psychopédagogue et qui l’amène à la conclusion que « quelque part les femmes sont leurs propres bourreaux. Il faut qu’elles apprennent à être dignes et à se faire respecter« . Un autre point qui revient propablement aux spécialistes de l’éducation d’analyser.

Dang remember Littoral-coast est une branche de l’Association Dang Remember crée en 2013 qui compte plus de 2000 membres, étudiants et anciens étudiants de l’université de Ngaoundéré. Sa mission est de « mener des actions d’une utilité sociale forte et symbolique » afin de contribuer au développement social du Cameroun. C’est à cet effet qu’en partenariat avec la société d’assurance Allianz , cette journée du 19 septembre baptisée Dang Solidarity a été organisée. Ces organisateurs se disent d’ailleurs satisfaits, le déroulement de la journée est allé au delà de leurs objectifs avec la libération de la parole des victimes des violences.  » En terme d’objectifs, nous sommes très satisfaits. Aujourd’hui on a assisté à des échanges où les femmes ont libéré leurs paroles. Les femmes ont parlé, se sont exprimées sur leur vécu, des choses que nous ne pouvions imaginer au départ. Nous étions septiques parce que c’est un sujet généralement sensible« , confie Moïse Ngalle, le sécretaire géneral de l’Association.

Chanelle NDENGBE

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