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LES DIPLÔMÉS EN SANTÉ DES INSTITUTS PRIVÉS DEVRONT SE SOUMETTRE À UN CONCOURS NATIONAL: L’AMBARRAS DES NOUVEAUX LAURÉATS

Est-ce pour éviter une catastrophe que cette mesure a été prise au grand désarroi des nouveaux lauréats? Plusieurs le pensent même si la question du pourquoi n’avoir pas réfléchi en amont se pose.

Nous nous sommes rendus ce jour dans des campus universitaires privés de la ville de Douala qui offrent des formations en santé, afin d’apprécier l’atmosphère suite aux dispositions ministérielles. A l’Institut universitaire de l’estuaire (Insam) ou sont logées les départements santé ISSAS (Institut supérieur des sciences appliquées à la santé) et l’EFPA (Ecole de formation des professionnels de santé), l’atmosphère est plutôt tendue malgré le départ en congés du personnel. C’était quand même une journée extraordinaire, les dirigeants des départements de santé du campus et de tout l’institut sont entrés en réunion à 14h pour se concerter sur le sujet, ils n’étaient toujours pas sortis lorsque nous quittions les lieux à 16h. Dans le campus, quelques étudiantes, nouvelles lauréates du BTS arrivent pour avoir des éclaircissements des dirigeants de leurs établissements. Le mécontentement est lisible sur leur visage, le questionnement aussi. Deux étudiantes expliquent d’ailleurs leur indisposition à nous accorder du temps. « Vous allez nous excusez, mais nous sommes d’abord traumatisées où nous sommes là », argue l’une d’elle. « Trois ans partis dans l’eau, on nous sort du jour au lendemain qu’on doit faire un concours », déclare l’autre.

A plusieurs mètres de là, se trouve le campus ISA (Institut supérieur des sciences appliquées) de l’Institut Universitaire du golfe de guinée IUG. Si c’est très calme avec l’absence des enseignants et des membres de l’administrations, nous rencontrons des diplômés en santé, détenteurs du BTS depuis plusieurs années et encadreurs de nouveaux lauréats. « Il y a plusieurs étudiants que je tiens qui sont découragés. Découragés pourquoi ? Parce que trois ans de formation, ces trois ans d’énergie avec beaucoup d’argent. Attendre que l’enfant obtienne son examen national pour lui dire qu’il doit passer par un concours pour compléter sa formation, c’est décourageant. Beaucoup pensent même à changer de filière», révèle sieur Tintchou Jovian, titulaire d’un Master en santé publique. Par contre, Hilary 20 ans, s’est déjà ressaisie. La jeune Lauréate du BTS à l’Insam veut déjà se préparer pour le concours instruit par les ministres. Elle trouve d’ailleurs qu’elle n’a pas de choix. « Je vais faire comment si c’est ce que le ministre a décidé ? Qui suis-je pour m’opposer à sa volonté. S’il a décidé ainsi, c’est qu’il y a surement de bonnes raisons. Je vais faire le concours pour évoluer dans le domaine ».

La décision des ministres de recadrer la formation des étudiants des instituts privés est légitime de l’avis de plusieurs. Certains estiment que les trois ans dont année préparatoire, première année et deuxième année de formation en cycle BTS santé sont jugés insuffisants pour rendre un étudiant compétent de sorte à ce que la santé d’un individu lui soit confié. En effet après l’obtention de leur diplôme rares sont ceux qui chôment. Il y’en a qui ne sont pas recrutés dans les grandes formations sanitaires en raison de leur niveau, mais sont agréés dans des centres de santé, malgré qu’ils se disent pas à l’aise avec la rémunération, ils ont quand même la charge des patients. C’est ce qui ressort de l’expérience de Tintchou Jovian après son BTS santé. En outre, selon un personnel de l’Insam, de nombreux produits de cet institut sont recrutés dans les formations sanitaires publiques dont l’hôpital Laquintinie de Douala et sont même promus à la tête de leurs départements. Cette situation nécessite effectivement une intervention gouvernementale, mais aussi un suivi strict de la formation de ceux à qui la charge des soins de santé des individus sont confiés, disent les observateurs.

Pour précision, les ministres de la santé publique et de l’enseignement supérieur ont décidé au cours d’une réunion du vendredi 16 août 2024 que les titulaires des diplômes en santé délivrés au sein des instituts privés devraient se soumettre à un concours national en vue de leur admission à l’ordre national des professionnels médico-sanitaires « le Ministère de la Santé Publique en collaboration avec l’ordre des professionnels médico-sanitaires, organisera au mois d’octobre 2024, un examen national d’aptitude aux professions médico-sanitaires pour les titulaires à date des diplômes de licence professionnelle, BTS, HND, DSEP et HPD, en vue de leur inscription au tableau de l’Ordre National des Professionnels Médico-Sanitaire du Cameroun », indique le communiqué ministériel. Une nouvelle saluée par certains et qui tombe comme un coup de marteau sur les lauréats.

C’est avec le décret N°80/198 que l’Etat reconnait au seul ministère de la santé publique, l’organe compétent pour former les professionnels médico-sanitaires. Mais les formations en santé dans les instituts privés existent depuis plus d’une dizaine d’années selon ce que nous avons appris des professionnels du domaine, ce qui soulève la curiosité de plusieurs sur le silence de l’Etat pendant toutes ces années.

Chanelle NDENGBE 

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