Suite au décès de l’humoriste Cabrel Nanjip dans un accident de route à Ebombé dans la Sanaga Maritime ce 15 juin 2023, des femmes de l’univers politique, de la société civile ou encore de l’art lui ont rendu un hommage.
Alice Sadio a ouvert le bal, dénonçant l’axe Douala – Yaoundé comme étant une route accidentogène qui prend des vies depuis de longues années sans qu’une solution ne soit trouvée. D’ailleurs les décès sur ce qui est appelé la nationale numéro 3 sont devenus «la routine », selon le mot emprunté à l’ancienne président de l’Alliance des Forces Progressistes (AFP). Mais cette routine ne s’applique pas à tous, c’est « surtout pour les enfants des pauvres », car pour les autres «lorsqu’ils ne prennent pas l’avion, ils ont des motards et gyrophares pour chasser tout le monde avant de passer », déclare la femme politique.
De son côté, Calixthe Beyala nomme l’axe Douala-Yaoundé « le rendez-vous de la mort … le peuple y meurt par brouettes », assène l’écrivaine, pour rappeler qu’en 2014, cette voie était classée par les nations unies comme l’une des plus dangereuses au monde. Son appellation d’axe lourd ne vient pas arranger les choses si ce n’est la lourdeur de la réalisation des travaux dénoncée par Calixthe Beyala pour qui « des milliards sont dilapidés sans que ne sorte de terre la fameuse autoroute. ». Une situation qui montre le visage de la mauvaise gouvernance et la non prise en compte du bien-être social « plus de dix années sont passées et ces Messieurs malgré des milliards sur des milliards qu’ils sortent des caisses de l’Etat, ont réussi à construire 60km ! A ce rythme, il faudrait 50 autres années pour finir les 210 restant», tance Calixthe. En effet, le lot 1 de l’Autoroute Yaoundé-Douala en construction depuis 2013 a une longueur de 60 km, avec un profil en travers en 2×2 voies élargissable à 2×3 voies par l’intérieur, avec un revêtement en béton bitumineux. Jusqu’ici, la réalisation des travaux traîne.
Pour ces deux dames, aucun axe routier sur le triangle national ne permet de voyager sans avoir des palpitations liées à une peur éventuelle d’accident de la circulation, à cause du mauvais état ou l’étroitesse de ces voies terrestres. La banque mondiale indique une étiquette croissante des accidents de la route au Cameroun estimée à 26,7 personnes pour 100 000 habitants. Cette indication est corroborée par les statistiques de la commission économique des nations unies pour l’Afrique qui informe qu’en 2019, l’on dénombrait 16 533 accidents de la route dont 1500 décès. Le risque de mortalité par route au Cameroun est largement supérieur à ce qui s’observe en Afrique de l’Ouest, notre pays est classé avec l’Ouganda, comme ceux qui enregistrent le plus de morts par voies terrestres.
Une situation qui demande à tirer la sonnette d’alarme et trouver des solutions durables afin que ces voies n’avalent plus les vies comme on le constate presque quotidiennement, le cas de l’humoriste Cabrel Nanjip venant s’ajouter à ces chiffres de l’effroi et qui invitent à la méditation.
De nombreuses artistes ont donc rendu hommage à la mémoire de l’humoriste qui comptait une communauté de 918 000 followers sur Facebook, Charlotte Dipanda a annoncé qu’elle repousse la sortie de son single, car elle préfère « pleurer avec ceux qui pleurent ».
Cabrel Nanjip est mort ce jeudi dans un accident de la route à Ebombé peu après Edéa, il se rendait dans la ville de Yaoundé conduisant lui-même son véhicule. Roulant à vive allure selon des témoignages, face à un mauvais dépassement du camion qui venait en sens inverse, il n’a pas survécu au choc.
Clarence YONGO