La jeune femme de 23 ans morte dans la chambre du sous-préfet de la Lokoundjé laisse son papa sans voix.
C’est une peine indescriptible que laisse transparaitre Patrice Ebemby Mboma, le papa de Lydienne. Dans sa voix on ressent un homme abattu, qui camoufle difficilement sa peine, suite la perte de sa fille unique.
«Nous sommes appelés à mourir mais quand ça tombe de cette façon c’est un choc, c’est catastrophique, c’est inimaginable, c’est violent, c’est comme si le ciel te tombe dessus », dit-il, le cœur serré. Le papa de Lydienne utilise un ensemble de qualificatifs pour tenter de parler de l’épreuve qu’il endure depuis la mort de son unique enfant, comme si ces mots ne suffiront jamais pour décrire sa douleur. La peine que porte non seulement ce papa mais aussi son épouse reste grande. «Mon épouse est sous le choc j’espère qu’elle va se remettre un jour. Toute la famille est éplorée. Je suis d’abord malade si je ne me contiens pas, je risque la suivre dans sa tombe», continue cet homme après avoir gardé un moment de silence. Il implore d’ailleurs Dieu de leur venir en aide dans cette situation insoutenable.
La défunte copine du sous-préfet de la Lokoundjé était un enfant choyé. Son papa gardait beaucoup d’espoir en elle, il la mettait à l’abri du besoin, nous confie Patrice Ebemby Mboma.
«Je ne suis pas le super papa mais je n’ai jamais refusé quelque chose à ma fille, elle était à l’abri du besoin, je ne voulais pas qu’elle tombe dans l’extravagance. Quand j’ai même appris qu’elle mettait les greffes brésiliennes, les fards pour aller à l’école, je lui ai dit que ce n’est pas bien, mais qu’elle doit se concentrer sur ses études», laisse-t-il entendre en ajoutant, « donc ceux qui disent que le sous-préfet lui donnait beaucoup d’argent, c’est faux, c’est moi qui investissais sur ma fille, je prévoyais l’envoyer au Canada. Sauf que les enfants sont ce qu’elles sont, sinon, si ce n’était que pour de l’argent ma fille n’en manquait pas, elle était mon unique espoir».
Le papa de Lydienne était très conservateur envers sa fille. D’ailleurs, au bout de ses 23 ans, cette dernière ne pouvait pas parler de sa vie intime avec son papa. Seul son avenir académique pouvait alimenter leur conversation. «Je n’ai jamais été au courant de quoi que ce soit, elle ne m’a jamais présenté un copain, ce n’était même pas possible, parce que je n’avais pas prévu cette phase de sa vie».
Les obsèques de Lydienne Solange Taba, auront lieu du 28 au 29 août 2020. Initialement prévues du 14 au 15 août 2020, elles avaient été renvoyées pour besoin d’autopsie. Chose qui a été faite en l’absence de ce papa. «Dès mon arrivée on m’a parlé de l’autopsie et je n’ai pas pu être présent puisqu’ on m’a appelé à 9 h pour une autopsie qui devait avoir lieu dans 30 minutes et en 30 minutes je ne pouvais arriver à kribi. A la suite de l’autopsie J’ai eu un entretien avec le préfet de l’océan, il m’a dit que le rapport de l’autopsie doit sortir avant que les obsèques puissent avoir lieu, et toujours sous cette recommandation , j’ai saisi le tribunal militaire d’Ebolowa qui m’a également dit que ce rapport d’autopsie est attendu, donc ils ont fait un courrier au directeur de l’hôpital de kribi pour qu’il mette le corps à la disposition de la famille pour inhumation», poursuit –il.
Jusqu’ici la famille de la défunte n’a pas reçu le rapport de l’autopsie et ignore le déroulement de l’enquête. «Donc concrètement est ce que les enquêtes sont bouclées, où se trouve le sous-préfet, je ne peux rien dire parce que je n’ai pas d’information.».
Pour ce qui est du présumé assassin Franck Derlin Ebanga, sous-préfet de la Lokoundjé, une source du tribunal militaire a confié au papa de Lydienne qu’il est en garde à vue à la légion de gendarmerie. Mais dans la ville de Kribi, des rumeurs annoncent qu’il est à sa résidence.
Rachèle KANOU