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MEDIALAB POUR ELLES : 52% DE FEMMES SONT ÉCARTÉES DES PROJETS DE FINACEMENT AGRICOLE

Après 9 mois d’enquêtes effectuées par deux trinômes de  journalistes, il ressort que les inégalités hommes/femmes restent perceptibles dans plusieurs régions du Cameroun en matière d’éducation et de l’agriculture.

6 journalistes dont 3 femmes ont mis en scène les résultats de 9 mois d’investigation à travers le pays. Un projet de CFI porté et mis en œuvre au Cameroun par Open Data Pour Elles et Adisi Cameroun.

Que retenir de ces deux enquêtes collaboratives traitant des inégalités hommes-femmes ?

L’impact des Zones d’Education Prioritaires (ZEP) sur la scolarisation des jeunes filles et la prise en compte des femmes dans la mise en œuvre des politiques agricoles sont les deux thèmes traités.

Au terme de cette investigation sur l’approche genre dans les financements des projets agricoles au Cameroun menée par 3 journalistes dont Ghislaine Digona, Yannick Assogmo, Emmanuel Bateke, les chiffres sont clairs.

« 52% des femmes sont écartées des projets de financement agricole »

Entre 2010 et 2020, sur 112 projets et programmes agricoles développés au Cameroun, seuls 36,7%, soit 41 d’entre eux, prennent en compte les préoccupations et les spécificités des hommes et des femmes lors de leur conception.
Les 64,3% restants (soit 71 projets et programmes) sont non sensibles au genre. Les programmes/projets agricoles sont inégalement répartis dans les 10 régions.
La région du centre accueille le plus grand nombre de projets et programmes sur la période allant de 2010 à 2020, soit 48 sur 122.
1369,3 milliards F.Cfa ont été mobilisés entre 2010 et 2021 sur un total de 58 projets recensés.
706,77 milliards, soit 52 % de ces financements, sont orientés vers des projets qui n’ont pas été conçus en tenant compte des contraintes rencontrées par les femmes.
Environ 61% de ces financements sont orientés vers le suivi et l’accompagnement des cultures de rente (cacao, café, fruits), soit 841,97 milliards FCFA.

« Je suis une coopérative. J’ai monté mon document projet, c’est le ministère des petites et moyennes entreprises qui m’appelle pour me dire que, je suis éligible. Après la commune m’appelle et me demande de donner de l’argent. C’était 2millions 500 et on m’a demandé de donner 750 000f. Jusqu’aujourd’hui je n’ai jamais perçu ce don financier »,

témoigne une maman qui a été éligible dans la commune de Djombé-Penja, mais n’a jamais rien reçu.

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« Plus d’un million de garçons inscrits en 2020 contre 90 0000 filles dans les zones d’éducation prioritaire (ZEP) »

C’est le résultat de l’enquête menée par le trinôme de journalistes, Marie Louise Mamgue, Alexandra Tchuileur N. et Fotso Fonkam, sur l’impact des ZEP sur la scolarisation de la jeune fille.
Notons que lorsqu’on parle de ZEP au Cameroun, on voit les régions de l’Est, de l’Extrême-Nord du Nord et de l’Adamaoua.
Pour la période 2019-2020, le nombre total d’élèves inscrits dans le primaire au Cameroun est évalué à près de cinq millions (4 975 736). Les ZEP détiennent 43% de ces effectifs.
Pour la répartition par sexe, on constate que les jeunes garçons sont plus scolarisés que les filles.

« Plus d’un million de garçons inscrits dans les ZEP en 2020, contre seulement 900 000 filles. Cette tendance à la hausse pour les garçons s’observe d’ailleurs sur toute la période 2016-2020. Pourtant, les filles sont généralement nombreuses dès le niveau 1 de l’enseignement primaire, constitué de la SIL, CP (Cours Préparatoire) et dans une certaine mesure le CPS (Cours Préparatoire Spécial) dans le système éducatif camerounais. C’est du moins ce qui ressort des échanges avec la dizaine d’enseignants rencontrés dans le cadre de cette enquête dans 4 établissements primaires publics de l’Est au mois d’octobre 2021 »,

explique Marie Louise Mamgue, elle est journaliste a Data Cameroun.

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L’absence des banques de données surtout en ce qui concerne des spécificités genres reste un véritable problème au Cameroun

La principale difficulté de ces journalistes était l’accès aux chiffres tant sur la thématique de la prise en compte des femmes dans la mise en œuvre des politiques agricoles que sur celle de l’impact des ZEP sur la scolarisation de la jeune fille.

« Nous sommes dans un contexte où on a du mal à avoir plusieurs sources d’information. Si le gouvernement pouvait mettre ces informations à la disposition des citoyens, ça devait aussi beaucoup aider. Parce que le retour de ces informations leur permet d’avoir un autre regard que ce qu’eux-mêmes portaient sur les projets qui son réalisés sur le terrain »,

estime Marie Louise Mamgue.

Déjeuner de presse et présentation des résultats

Il s’est tenu à Douala le 15 février 2022, la présentation des enquêtes du genre en Afrique Centrale sur la scolarisation des jeunes filles dans les zones d’éducation prioritaires au Cameroun et la prise en compte des femmes dans la mise en œuvre des politiques agricoles.

Le but  du projet était de former 24 journalistes sur les données ouvertes en matière de genre, le data journalisme et surtout sur l’utilisation des ces nouveaux outils pour produire des articles portant sur les inégalités hommes/femmes. Pendant 9 mois, les journalistes ont été formés a comprendre comment trouver les données, comment les analyser, comment les traiter et comprendre ce qu’est la thématique du genre et définir les thèmes d’enquêtes qu’ils pouvaient réaliser.

« Au Cameroun on avait 6 journalistes regroupés en trinômes. Chaque groupe devait travailler sur une thématique précise d’enquête portant sur le genre en utilisant la méthodologie qu’on leur a inculqué tout au long de la formation »,

précise Madeleine Ngeunga, data journaliste et membre du réseau Open Data Pour Elles.

Au terme du déjeuner de presse, les journalistes, les  membres des organisations non gouvernementales ainsi que des étudiants  ont été sensibilisés sur les défis liés aux inégalités hommes/femmes au Cameroun et même sur les contraintes, défis et bénéfices du journalisme collaboratif.

Rachèle KANOU

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