La victime avait déjà perdu beaucoup de sang lorsque le voisinage est intervenu pour la sauver de son compagnon-bourreau, elle est morte.
L’horrible spectacle qui a coûté la vie à une mère d’enfants et initié par le compagnon de cette dernière s’est produit dans l’après-midi de ce dimanche, 16 juin 2024. Au quartier Dibamba, au lieu-dit carrefour Leproserie après Bwang, par Yassa, nous nous sommes rendus ce lundi pour investigation.
Les informations sur le terrain, relatives à cette affaire de féminicide commencent à tomber au niveau de Tradex Yassa. Lorsque nous nous arrêtons à ce lieu, pour nous renseigner sur le lieu du drame, si plusieurs n’en ont pas entendu parler, deux personnes disent avoir eu vent de cette triste nouvelle et que le domicile est situé très loin par rapport à ce que nous croyions. Les commerçantes nous disent que le quartier est bien après Bwang, même si elles ne connaissent pas le lieu exact. D’après ce qu’elles ont appris ce matin, un monsieur nigérian a découpé la mère de ses enfants. Selon la version des commerçantes, la victime n’étant plus en couple avec le monsieur, s’était rendue au domicile de son ex dans le seul but de prendre l’argent de la ration pour les enfants.
Les reporters de Griote ont donc continué à suivre les pistes énoncées, après mille aléas, ils sont arrivés sur le lieu de la tragédie. Sur place, c’est silence radio. Après moultes tractations, nous sommes parvenus à nous entretenir avec quelques voisins qui ont pointé du doigt la maison du crime, située juste en face de nos interlocuteurs au nombre de quatre regroupés devant une épicerie. Ils ont confirmés que dans cette maison, leur voisin Ashu Michel, effectivement nigérian, la cinquantaine, s’est servi d’une machette pour en finir avec la mère de ses enfants, Mensi, la quarantaine, appelée au quartier «Mamie éru ». Christian qui fait partie des voisins venus à la rescousse de la victime raconte le film de cette tragédie.
« Il était entre 14h et 15h hier dimanche, on était là dans les festivités de la fête du mouton, puis il s’est passé cet évènement atroce. Notre voisin a découpé sa femme. Mais nous avons été alertés très tard, elle avait déjà beaucoup perdu du sang, quand on est arrivé. »,
raconte Thierry qui révèle aussi que l’alerte a été lancée par le fils aîné du couple.
«C’est son fils qui a donné l’alerte, comme ils vendent, ils devaient chercher sa mère pour une affaire de monnaie. Arrivée au niveau de la chambre de ses parents, il constate que la porte est fermée de l’intérieur, en guettant, il découvre le l’horrible scène et court appeler à l’aide ».
Le cri à l’aide du jeune homme a permis à son père de s’évader. Mais il a été aussitôt poursuivi par certains riverains pendant que d’autres s’occupaient de Mamie eru, grièvement blessée.
«Il a été attrapé à cent mètres du lieu du drame. Pendant ce temps, on cherchait aussi a évacué Mamie éru. Elle perdait beaucoup de sang, il fallait qu’elle soit prise en charge. Mais, elle a succombé »,
poursuit Christian.
La colère des riverains devant la situation morbide de dame Mensy s’est manifestée par des violents coups sur le bourreau de cette dernière, des coups que la police a dû interrompre, mais la violence a été telle que le mis en cause est jusqu’à l’heure actuelle à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yassa pour des soins intensifs avant de rejoindre le poste de police qui serait celui du 16e arrondissement. C’est dans la morgue de cette même formation sanitaire que le corps sans vie de Mensi a été déposé.
Comme son petit nom l’indique dame Mensi était vendeuse de Eru préparé dans un hangar devant sa maison. Contrairement aux déclarations de nos premières sources, les voisins affirment qu’elle était toujours en couple avec son homme. Ils s’étaient disputés il y a environ trois semaines. Elle avait quitté le domicile au vu de tous, mais est revenue il y a à peine deux semaines et y a laissé sa vie de la façon la plus horrible. Elle avait deux enfants avec son bourreau, mais aurait eu un autre avant de le rencontrer. A la question de savoir si elle était constamment victime de violences conjugales, un voisin répond : «Je ne sais pas si je dois parler de violences conjugales, mais ils avaient des problèmes de couple. Ils se disputaient beaucoup on ne comprenait pas trop pourquoi ».
La scène du crime n’aurait pas encore été nettoyée, la police devrait commencer son enquête très bientôt pour rendre justice à cette maman et donner un signal aux auteurs de violences dans les foyers. Car c’est le deuxième crime lié aux violences conjugales en l’espace de sept jours à Douala après l’assassinat d’Alida Marceline le 09 juin dernier à la Bp cité.
Sur toute l’étendue du territoire national les chiffres grimpent, on est à 32 femmes tuées en 158 jours au Cameroun selon la comptabilité de Griote.
Chanelle NDENGBE