FÉMINICIDE À DOUALA : LA VICTIME ORPHELINE AVAIT DÉPOSÉ UNE PLAINTE QUI N’A PAS PROSPÉRÉ ET NE BÉNÉFICIAIT D’AUCUN SOUTIEN FAMILIAL

Une jeune femme esseulée a été brûlée vive par son compagnon, qui lui aurait à plusieurs reprises promis la mort, il a mis le feu dans le lieu où s’était réfugiée Alida entraînant trois décès. 

On aurait pu dire qu’Alida Marceline, 21 ans, ne savait pas où aller, selon les révélations que nous avons reçues sur le terrain au sujet du drame survenu au petit matin du dimanche 09 juin 2024, au lieu-dit « Ancien chococam » au quartier BP Cité dans le 5e arrondissement de la ville de Douala. Entre consternation et amertume, l’orpheline victime de violences conjugales ne savait à quel saint se vouer.

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Des voisines éplorées

Délaissée par sa famille et les gendarmes …

Lorsque nous nous rendons ce matin du lundi 10 juin 2024 sur le lieu du sinistre, nous rencontrons des riverains manifestant à la fois colère et tristesse au sujet du drame dont ils ont été témoins le week-end dernier. Nous apprenons qu’Alida la principale victime, cible de l’incendie provoqué par son compagnon était sujette aux menaces. Le présumé assassin jurait qu’il allait la tuer. Elle avait 15 ans lorsqu’elle est arrivée dans ce quartier et présentée comme la femme du sieur Joseph Ngounou, il y a de cela six ans. Elle aurait été donnée en mariage à ce monsieur par son oncle et tuteur, ses parents étant décédés. Durant ces années, elle n’a pas eu de répit avec son compagnon qui la violentait régulièrement physiquement et psychologiquement.

«C’est son oncle qui l’envoie en mariage chez ce jeune monsieur. Elle a même d’abord fui au village disant qu’elle ne peut plus, qu’elle subit toutes sortes de tortures. Il a dit : tu vas seulement repartir dans ton mariage, j’ai déjà mangé la dot, tu vas seulement repartir »,

rapporte dame Ebelike Josiane, proche voisine d’Alida. Ce rejet familial a conduit Alida à se tourner vers les autorités. Elle a saisi la brigade de recherche de la Cité-sic à travers des plaintes à l’endroit de cet homme, mais il n’a pas été inquiété. Cette situation a amené Alida à errer çà et là à la recherche d’un coin paisible chez les voisins, loin des violences de son concubin et ces derniers l’assistaient tant bien que mal, parfois en douce par crainte d’avoir les problèmes avec son compagnon ou même de créer davantage de problèmes avec lui. C’est dans cette mouvance qu’elle s’est retrouvée dans cette chambre occupée par ses voisins, mais son bourreau l’y a poursuivie.

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Le film du drame

Il est 3h10, le dimanche 09 juin lorsque les voisins les plus proches entendent des cris.

« Quand je regarde mon téléphone, il est 3h 10 minutes. J’entends seulement les cris dehors « éteignez le compteur ! Eteignez le compteur !» « Incendie ! Incendie ! » Je lance le kaba sur moi, je sors et je constate effective un incendie dans la maison, la chambre juste en face de chez moi »,

raconte dame Ebekile. Ce qui était étrange c’est que la porte de ladite chambre était fermée et les voisins ne comprenaient pas pourquoi avec la violence du feu, le famille en détresse n’essayait pas de sortir. L’auteur de l’incendie aurait en effet scellé la porte de l’extérieur.

« On a crié le nom du voisin dont la maison brûlait. On dit voisin, mais ouvre la porte, il dit qu’il n’arrive pas à ouvrir. On dit donc qu’on va casser la porte et on voit qu’il y a un fil barbelé avec un fer qui scelle la porte»,

poursuit la voisine. Selon un autre voisin cette situation a véritablement entravé les actions secouristes des riverains.

« On a eu de la peine à intervenir parce qu’au niveau de la porte, il y avait un fil barbelé qui rendait l’accès difficile. Et les flammes étaient très fortes, d’une telle violences qu’elle commençaient à toucher les autres maisons »,

révèle sieur Oli Georges. Les populations éloignées ont dû intervenir avec du sable pour éteindre des flammes. Du sable qu’ils envoyaient par la fenêtre, par la toiture pendant que d’autres essayaient de casser la porte. Ils ont été rejoints environ une heure plus tard par les sapeurs-pompiers qui ont réussi à maîtriser le feu, même cela n’a pas été suffisant pour que plusieurs occupants survivent.

Bilan 3 morts et deux blessés graves, Joseph Ngounou principal suspect

Police et militaires se sont également présentés pour constater le drame. Alors que les voisins sont interrogés par la police sur le nombre de victimes ou occupant de la maison, plusieurs répondent trois ne sachant pas qu’Alida s’était réfugiée là dans la soirée et qu’il y avait une enfant en week-end dans la maison qui a pris feu. Car habituellement, cette maison est habitée par un couple et son bébé d’environ un an. Mais les policiers expliquent que le nombre donné ne correspond pas au nombre de victimes sorties des flammes. Les policiers décrivent les survivants et les non survivants. Il en ressort que c’est le couple hôte qui a survécu, le mari est d’ailleurs brûlé au 3e degré. Sa femme et lui sont pris en charge à l’hôpital général de Douala.

Quant à ceux qui n’ont pas survécu, il s’agit du bébé, de la nièce du couple et aussi Alida qui avait trouvé refuge dans cette demeure la veille. La découverte de la mort d’Alida dans cette demeure entraîne les soupçons des voisins qui pensent que son compagnon est à l’origine de ce drame. Plusieurs personnes affirment d’ailleurs l’avoir vu rodé dans les parages depuis deux ou trois jours et surtout près du domicile incendié. C’était étrange de le voir dans les parages, car il avait été expulsé du camp en avril dernier lorsqu’il avait mis le feu aux effets de sa fiancée, un feu qui avait failli provoqué un incendie général dans le camp, d’où son expulsion par la bailleresse. A sa vue, les riverains avaient compris qu’ils cherchent à embêter « sa femme » surtout qu’il chantait sans cesse qu’il allait la tuer.

Le mis en cause qui était introuvable depuis la survenue du drame a été cueilli ce lundi 10 juin 2024 à Bonassama et devra répondre des accusations qui pèsent contre lui.

Le drame qui ciblait Alida Marceline reste un choc pour tout son entourage qui a soif de justice pour elle. Elle devient ainsi la 31e femme tuée au Cameroun en 151 jours.

Chanelle NDENGBE 

 

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