L’examen officiel d’entrée au premier cycle de l’enseignement secondaire a été marqué par un record d’absences signalées par les autorités dans le Nord-Ouest du Cameroun le mardi 04 juin 2024.
Sur l’étendue du territoire national camerounais, les examens du Certificat d’études primaires (CEP) et du First School Leaving Certificate (FSLC) respectivement dans le sous-système francophone et anglophone se sont tenus du 4 au 5 juin 2024 avec plus de 200 000 présents pour le Cep et 148 000 pour le Fslc. Dans le département du Donga-Mantung, plus d’une centaine d’élèves de Class Six ne se sont pas présentés dans leurs centres d’examens dans un contexte marqué par la terreur des attaques sécessionnistes.
Selon les révélations du délégué de l’éducation de base pour la région du Nord-Ouest, sieur Kevin Niodzeka, environ 110 élèves n’étaient pas présents dans leurs centres d’examens ce mardi 4 juin dans le Donga-Matung, malgré la tranquillité observée ce jour pour ce qui est de la sécurité.
« Le seul problème … nous ne savons pas ce qui s’est passé à Donga-Matung où près de 110 candidats sont absents à l’examen… »,
a déclaré l’autorité au micro de la CRTV.
Un chiffre alarmant qui donne lieu à des hypothèses. Pour le délégué régional, ces enfants auraient peut-être quitté la région.
Le déplacement est en effet fréquent dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest, en raison de la crise socio-politique qui sévit depuis 8 ans.
Selon les rapports des nations-unies, et des organisations non gouvernementales, la crise a fait plus de 700 000 déplacés internes jusqu’en 2023. Il est donc possible que les élèves absents au Fslc se soient déplacés au cours de l’année, surtout avec les différentes attaques de groupes armés observées au cours de l’année scolaire et qui n’a pas manqué de faire couler du sang d’enfants. L’explosion meurtrière provoquée le 11 février dernier sur la place du défilé à Nkambe, arrondissement du Donga-Mantung en est un exemple.
Par ailleurs, l’opinion publique suppose que certaines des familles de ces enfants vivent toujours dans la région, mais restent traumatisées par les évènements tragiques qui s’y produisent surtout durant les cérémonies officielles. La célébration de la fête nationale le 20 mai dernier n’a pas non plus été un moment totalement doux. La crainte se serait emparée des familles qui n’ont pas pris le risque d’envoyer leurs enfants passer l’examen.
Ce boycott est une nouvelle manifestation des frais que paie l’éducation dans la crise anglophone depuis ses débuts en 2016. Le Bureau des affaires humanitaires (Ocha) indique qu’à date, plus de 200 000 enfants sont déscolarisés du fait de la fermeture de 2875 écoles en 2023, dont 41% des établissements. La résolution définitive de cette crise déclenchée par les revendications des enseignants et avocats est fort attendue par les populations du Cameroun.
Chanelle NDENGBE