La présence des enseignants dans les salles de classe ne traduit pas forcément l’effectivité des cours durant la grève des enseignants dénommée « craie morte », témoignent certains seigneurs de la craie. 

Ce lundi 21 février 2022, des enseignants suite à la demande de meilleures conditions de vie et de travail ont décidé de ne pas donner des enseignements à travers l’opération « craie morte » du mouvement OTS « On a Trop Supporté ». Ils réclament les compléments de salaire, les avancements et rappels. Dans les grandes métropoles à l’exemple de Douala et Yaoundé, la journée de classe s’est déroulée à peu près comme d’habitude, seulement, certains cours n’ont pas été dispensés.

Un tour au lycée bilingue de Bépanda ce lundi, il est 10h. Les cours se déroulent dans les salles de classe et quelques élèves sont dans la cour de recréation, c’est la pause. D’autres en compagnie de leurs enseignants font l’activité physique et sportive. Nous nous dirigeons dans les bureaux de Mme le proviseur pour prendre des renseignements. Elle n’est pas présente, elle serait en réunion.

« Elle ne reçoit pas les lundis en plus elle est en réunion »,

nous lance la secrétaire qui pianote son téléphone.
Nous tentons d’avoir quelques informations sur ce mouvement revendication. Malheureusement la secrétaire dit ne pas être la personne appropriée pour nous parler de cette situation.

« Je ne suis pas au courant de cette grève et je n’ai même pas le droit de dire quoi que ce soit »,

dit-elle.

Sortant de cet établissement scolaire, nous accostons un enseignant. Il voulait bien suivre le mouvement « On a Trop Supporté » mais il a peur de la sanction de sa hiérarchie, nous confie-t-il.

« Le gouvernement doit comprendre que l’enseignant n’est pas le bas de l’échelle mais au contraire une icône à valoriser car il est le socle de la société »,

soutient-il sous anonymat et de continuer

« A tout moment, une autorité peut passer et si tu es absent, ce sont des mesures fortes qu’on prendra contre toi. Les enseignants qui sont dans les villages ont respecté cet ordre parce qu’on les surveille rarement ».

Dans un groupe d’enseignants, une liste publiée faisant état de 8 enseignants absents en matinée est attribuée au responsable du lycée bilingue de Deido, c’est à Douala. Sans précision, on dirait une mesure punitive mise sur pied contre les enseignants absents.
Notons que dans cet établissement scolaire les cours n’ont pas été interrompus. Nous tentons de rencontrer le responsable des lieux, mais nous sommes bloqués au portail du lycée. Comme motif, « le proviseur ne reçoit pas. ».

L’opération a été respectée dans plusieurs établissements scolaires des zones périphériques du Cameroun

« Leçon 8: OTS. Justificatif, mobiliser les ressources nécessaires pour promouvoir la profession enseignante »

Peut-on lire sur le tableau dans une salle de classe.

« Mon prof de Français a bien écrit le gouvernement doit respecter les droits des enseignants puis elle est ressortie mon prof de maths est entré en classe pour suivre elle sa musique »,

nous confie une élève de la classe de terminale d’un lycée de la région de l’extrême-nord.

Avec des pancartes et autres gadgets de revendication, les enseignants de ces zones ont manifesté leur ras-le-bol. Sur une image défilant sur les réseaux sociaux, un enseignant s’est rendu à l’école avec son bébé.

L’opération n’est qu’à ses débuts, ces grévistes comptent manifesté leur mécontentement jusqu’à ce le gouvernement réagisse.

Rachèle KANOU