Un taux doublé par rapport à l’année 2019 où on enregistrait 32% de cas de décès.
Ces chiffres communiqués par le programme national de lutte contre le paludisme sont selon plusieurs femmes, la conséquence de l’automédication.
A cause du manque de moyens financiers, elles disent faire recours à l’automédication lorsque leurs enfants présentent les symptômes du paludisme. Elles dénoncent la non gratuité du traitement de cette maladie, dont la couche vulnérable reste les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans.
Sur 10 femmes rencontrées dans les rues de Bépanda dans le 5ème arrondissement de la ville de Douala, 8 d’entre elles affirment faire recours au pharmacien du quartier lorsque l’enfant présente les premiers symptômes du paludisme.
« Lorsque l’enfant chauffe mon premier réflexe c’est lui donner le paracétamol. Quand ça persiste, je pars voir docta, il compose le remède. Parce que même si tu vas à la pharmacie, le remède coûte cher», affirme Liliane, mère de deux enfants. Même si elle n’est pas rassurée du traitement prescrit par le pharmacien du quartier, elle dit le faire par manque de d’argent. «Si l’enfant n’est pas gravement malade, je ne l’amène pas à l’hôpital. On n’a pas l’argent pour aller à l’hôpital pour se faire malmener par les infirmiers», ajoute-t-elle.
Gratuité du traitement sur papier
Se faire soigner du paludisme dans un hôpital nécessite beaucoup d’argent selon ces femmes, pourtant le gouvernement parle de la gratuité dans le traitement de cette maladie pour les enfants âgés de 0 à 5 ans et les femmes enceintes.
«Il parle de quel gratuité ? J’ai amené ma fille à l’hôpital, mais les factures étaient tellement chères. Et lorsque j’interroge sur la gratuité du traitement, ils me disent que c’est selon le type de paludisme. Qu’on arrête de nous prendre pour des bêtes », dénonce Mireille.
Cette dernière n’est pas la seule à avoir vécu cette expérience Rose Djamen en sait long sur ce que d’aucuns appellent « fausse gratuité » du traitement du paludisme au Cameroun. «Tout ce qu’il peuvent donner gratuitement là-bas ne peut même pas couter 5000f, dans une facture d’environ 50 000f. Les pauvres camerounais comme nous, mieux on va chez docta au quartier, il fait ce qu’il peut. Parfois même quand tu arrives à l’hôpital ton enfant meurt dans tes mains sans soin, parce qu’on exige des cautions», affirme Rose.
Des chiffres qui inquiètent
64% d’enfants sont morts à cause du paludisme en 2020 contre 32% en 2019. 2 millions 646 mille 139 cas confirmés ont été rapportés en 2020 contre 2 millions 628 mille 191 en 2019. Le paludisme a tué 4 121 camerounais en 2020. Les régions septentrionales et de l’Est continuent de payer le lourd tribut de cette maladie endémique.
40 000 morts dus au paludisme ont été enregistrés en 2019 dans le monde, avec la tranche d’âge la plus vulnérable, les enfants de moins de 5 ans.
Le gouvernement camerounais envisage de réduire de 60%, la mortalité et la morbidité d’ici 2023 au Cameroun. L’accent sera mis sur la sensibilisation de masse.
Selon le ministre de la santé publique. «Selon l’approche innovante recommandée par l’OMS, le gouvernement a retenu des axes, prioritaire d’actions à savoir le renforcement de la prévention et l’amélioration de la qualité de la prise en charge des cas. En particulier chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 0 à 5 ans. L’administration gratuite du traitement préventif pour les femmes enceintes et de leurs bébés et des opérations de chimio prévention du paludisme saisonnier dans les régions du Nord et de l’extrême-Nord », rassure Manaouda Maladie à l’occasion de la 14ème journée mondiale de lutte contre le paludisme, qui se tient le 25 avril de chaque année.
Vers un vaccin contre le paludisme dans certains pays africains
Des essais cliniques ont été menés dans 4 pays en Afrique. Il s’agit du mali, le Ghana, le Gabon et le Benin. Ces pays testent en grandeur nature, des médicaments à base d’artémicyne. Tandis qu’au Burkina Fasso, les chercheurs ont rendu les premiers résultats des essais sur un candidat vaccin.
La dernière phase de ces essais va bientôt commencer et 4 800 enfants de 5 à 36 mois vont être recrutés dans 4 pays africains notamment, au Burkina fasso au Kenya, au Mali et en Tanzanie. C’est après les résultats de cette phase que le candidat vaccin pourra être homologué.
Rachèle KANOU
Cet article est d’une pertinence avérée.
La lutte contre le paludisme a des résultats peu probants au Cameroun malgré les mesures adoptées par le gouvernement.
Une des principales cause de cette situation est la modestie de nos ambitions. L’éradication de la maladie. n’étant pas ciblée, elle n’est donc aucunement planifiée en Afrique centrale, contrairement aux pays de la SADEC.
Nous constatons que l’approche de lutte n’est toujours pas synergique alors que nous proposons depuis une décennie la stratégie DIAGNOSTIC-TRAITEMENT-BARRIERE, au vu de la forte prévalence des cas asymptomatiques dans la population.
Les solutions endogènes exploitant la richesse de notre pharmacopée demeurent ignorées.
Jusqu’ici les tranches de populations les plus concernées n’étaient pas assez impliquées dans la stratégie de lutte. La note optimiste vi n’y de la sensibilisation de masse. Si elle est effective, ce sera un bon début. God bless Africa