La 5e audience en appel dans l’affaire du féminicide de Diane Yangwo pourrait être décisive pour la requalification des faits jugés en instance, prévoyant une recondamnation de l’accusé.
L’audience du 17 septembre 2025 à la cour d’appel du Littoral a été la plus longue, marquée par des débats tant attendus et des plaidoiries pour la requalification des faits de «coups mortels» en « assassinat ». Par ailleurs, la séance a révélé de nouveaux éléments qui appuient la thèse défendue par le ministère public et la partie civile.
Cinq témoins à la barre à la barre : des témoignages qui expliquent l’intention de tuer Diane Yangwo
Il est 12h 20 lorsque s’ouvre l’audience opposant le ministère public et les ayants-droits de Diane Yangwo, à Bekobe Mvondo, époux de la défunte. Me Charlotte Tchakounte, avocate de la famille de Diane Yangwo a présenté cinq (05) témoins à la barre, de l’oncle de la victime aux personnels de santé en passant par les amis et voisins. Les proches de la famille ont révélé à la cour ce que les enquêtes avaient exposé la gravité des faits avant le jugement de l’affaire en instance. C’est que Bekobe Mvondo Eric avait l’habitude de battre son épouse. Des témoignages, il est ressorti qu’il l’a plusieurs fois poursuivie avec des objets dangereux, tranchants. Une voisine a les souvenirs encore frais des nuits où l’enseignante de 30 ans au moment de son tragique décès, frappait à sa porte toute essoufflée parce qu’elle voulait échapper à son mari violent. Des menaces de mort à pleuvoir. Celle qui était comme une mère pour la défunte témoigne qu’il a prononcé en sa présence, trois fois la phrase « Je vais te tuer », à l’adresse de son épouse et mère de ses enfants. La meilleure amie de la défunte se souvient de nombreuses scènes tragiques et malheureuses pendant lesquelles son amie gémissait de douleur, l’une des scènes de violences ayant eu lieu alors qu’elle était enceinte. Les deux derniers témoignages racontent les faits qui se sont produits le jour de l’ultime coup qu’a reçu Diane, à la clinique Zabélé de Yassa. Le couple y était présent, parce que l’un de ses enfants y était admis, mais à l’extérieur des locaux de la clinique, l’altercation du couple a alerté les personnels de santé. La scène est encore claire pour les témoins. Eric Bekobe frappait sa femme et la traînait de façon à l’amener quelque part. Les souvenirs d’une infirmière à ce sujet permettent de ressortir un nouvel élément à mesure d’accuser Bekobe Eric d’assassinat comme le défend le ministère public et la partie civile.
« Il y a eu de nouveaux éléments qui sont ressortis. Ce qui m’a le plus marqué, c’est le fait que M. Bekobe, l’époux de la défunte Diane, ait réussi pratiquement entièrement à la jeter dans la malle-arrière du véhicule, malgré les efforts de Diane pour ne pas y entrer. Parce que le témoignage indique qu’il l’avait traînée au sol et elle avait un pied dans la malle-arrière et un pied à l’extérieur, et il la bottait au niveau de la côte avec son genou, il lui donnait des coups. Heureusement que le médecin est arrivé avec d’autres personnes. C’est comme ça qu’il n’a pas pu jeter toute sa personne dans la malle-arrière. Et je me demande bien où voulait-il aller avec elle dans la malle-arrière ? Est-ce qu’on jette un humain dans la malle-arrière ? »,
réagit Me Tchakounte au micro de Griote.
Même si l’accusation s’appuyait notamment sur le fait que Bekobe Eric avait voulu jeter sa femme dans la malle-arrière pour soutenir la thèse de l’assassinat, les enquêtes menées avant le jugement en instance indiquait que Bekobe Eric traînait la silhouette de façon à la jeter dans la malle-arrière après lui avoir donné des coups. Cette nouvelle information pourrait-elle amener les juges en charge de l’affaire en appel à requalifier les faits d’assassinat et non plus de coups mortels? Après plusieurs heures de débats et de plaidoirie, la cour a annoncé qu’elle se prononcera sur la requalification des faits le 15 octobre prochain.
Si la thèse de l’assassinat défendue par l’avocate de la famille, Me Charlotte Tchakounte et le ministère publique est retenue, il y aura un autre procès pour le jugement du mis en cause. S’il est reconnu coupable, la peine de mort avec fusillade devrait être la sentence selon la requête du ministère public, conformément à l’article 276 du code pénal camerounais.
C’est une autre audience pour laquelle, Eric Bekobe, libéré par le jugement en instance, a de nouveau brillé par son absence, il porté disparu à date.
Chanelle NDENGBE
