Les autorités burkinabés ont décidé du port de la tenue traditionnelle locale par les élèves, instruction qui prend acte dès la prochaine rentrée scolaire.
C’est l’une des reformes les plus marquantes du gouvernement de la transition, l’institution du Faso dan fani, tenue traditionnelle burkinabé comme tenue scolaire est bien accueillie en Afrique. Une décision prise lors du conseil des ministres, présidé par le Président de la transition Ibrahim Traoré le mercredi 9 août.
Le Faso Dan Fani en tenue scolaire pour remplacer le kaki porté jadis par les élèves est un projet qui veut s’intégrer progressivement, mais efficacement sur l’étendue du territoire national. Le ministre de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, Joseph André Ouedraogo a expliqué qu’il se mettra en place sur une durée de quatre ans et que la mise en œuvre va s’opérer d’une manière « flexible et non contraignante ». La « phase pilote » qui va débuter au cours de l’année scolaire 2023-2024 sera notamment marquée par le port obligatoire du tissu pagne, le lundi matin lors de la cérémonie de la levée des couleurs. Tous les établissements primaires et post-primaires, tant du secteur public que du secteur privé sont concernés par cette réforme. Toutefois, le Faso dan fani se retrouvant sous plusieurs formes, les autorités ont laissé le choix des motifs et des couleurs portés par les élèves aux chefs d’établissements.
Parcours glorieux du tissu traditionnel
Tissé par un griot et littéralement défini comme « le pagne tissé de la patrie », le Faso dan fani est chargé d’un caractère à la fois identitaire, culturel et patriotique. Nul ne doute de ce caractère dans le pays dit des hommes intègres, car le Faso dan fani identifie à l’international en même temps qu’il rassemble dans les joies et malheurs. Une trempe bien cernée par l’ancien Président Burkinabé, le célèbre Thomas Sankara qui a en 1980 élevé le pagne traditionnel au rang de symbole de la patrie. L’avancée glorieuse du pagne se poursuit lorsqu’après Sankara, il est labélisé en 2018 sous Roch Marc Christian Kaboré. Et en août 2023, institué comme tenue scolaire par le plus jeune chef d’Etat au pouvoir, le capitaine Traoré.
Cette révolution culturelle en milieu scolaire apparait aux yeux de plusieurs comme une libération culturelle et économique. Car, en même temps qu’elle permettra l’enracinement de la culture nationale chez les plus jeunes, elle pourra limiter les importations et augmenter la production locale. Une suite pour ce qui est de la langue française se présagerait et plusieurs Africains de la partie centrale du continent, dont des camerounais expriment leurs désirs de voir une telle mesure adoptée dans leur pays.
Chanelle NDENGBE