C’est avec une mine serrée et un regard perdu que M. Valentin Atangana 65 ans s’est présenté devant le tribunal de première instance de Mfou, non loin de la ville de Yaoundé, pour défendre sa demande de divorce.
Selon les dires du sexagénaire, il est l’époux de la nommée Judith A. Depuis 19 ans déjà. « Nous nous sommes mariés en 2003. J’avais 46 ans et elle 35. » , relate-t-il au tribunal.
Toujours selon ses déclarations, le couple Atangana filait des jours heureux et vivait son idylle dans la plus parfaite des quiétudes jusqu’à ce que Judith trouve du travail dans le Sud du Cameroun.
« Cela faisait seulement 5 ans que nous étions mariés et une de mes connaissances m’a aidé en offrant un bon poste de travail à ma femme à Ebolowa. »
déclare Valentin.
À cette époque, le couple fait face à quelques difficultés financières et l’idée de trouver du travail à sa femme est aux yeux de M. Valentin Atangana, la meilleure opportunité pour les aider à prendre soin des deux enfants nés de leur union. La pertinence d’une telle urgence est accentuée par le fait que la plantation familiale jusque-là tenue par l’époux arrive à peine à satisfaire les quatre bouches du foyer, à cause des graves problèmes de santé que connait ce dernier.
« Quand elle a été embauchée, nous étions tous contents. Nous nous sommes entendus qu’elle travaillerait toute la semaine dans le Sud et passerait les weekends avec la famille à Yaoundé. »
explique l’époux désabusé.
Pendant six mois, Judith respecte l’accord conjugal. Elle passe tous les weekends dans la capitale auprès de sa famille. Au fil des temps, les weekends s’amenuisent et Mme Atangana passe désormais plusieurs mois sans voir sa famille.
« Elle nous expliquait que les charges de travail étaient énormes et qu’il fallait qu’elle travaille même le weekend pour pouvoir apporter un peu plus d’argent à la maison. »
clarifie le futur ex époux de Judith.
Les absences de Judith inquiètent mais M. Atangana se sent presque impuissant face à sa femme et laisse faire jusqu’à ce que sa patience prenne un coup. Un soir, son épouse décide de s’installer définitivement et toute seule à Ebolowa. Elle vient d’avoir une promotion et trouve désormais que les navettes entre Yaoundé et Ebolowa pourraient lui être préjudiciables. L’agriculteur s’oppose à cette décision et l’inattendu se produit.
« Ce soir-là, elle m’a frappé avec tout ce qui lui passait par la main et a tout cassé dans la maison. Malade que j’étais, je ne pouvais me défendre. Elle m’a copieusement bien tapé au point où j’ai été hospitalisé pendant plusieurs jours. »
lâche-t-il honteusement la tête baissée.
Judith s’installe donc à Ebolowa en abandonnant époux et enfants à Yaoundé. Exaspéré, son mari décide un jour de voir plus clair dans cette affaire et se rend dans le sud du pays. Une fois sur place, il constate que sa femme est désormais installée avec un autre homme. Et, cette fois encore, il est battu. Au fil des rencontres forcées par la témérité du mari, les bastonnades vont s’accentuer au point d’endommager sérieusement le crâne et l’épaule du sexagénaire impuissant.
« Cela fait plus de 10 ans que ma femme me bat et je veux en finir avec ce calvaire. Elle ne me respecte pas et si je la croise même en route, elle veut seulement en découdre avec moi. Quand je suis même allé lui remettre la convocation, elle l’a déchirée ».
conclut-il devant la cour pour justifier sa demande de divorce.
John Matou