Le garçon de 14 ans mort dans les bras de sa maman après a avoir reçu une balle dans la tête, entame son ultime voyage sous le regard impuissant des siens.
Le réveil des populations de Santchou, région de l’Ouest s’est fait dans la douleur ce vendredi matin, après la fin tragique du jeune garçon tué dans le cadre d’un contrôle routier. Assis sur le siège arrière d’une Land rover immatriculée LT 5°5 FN, Yan Nguimatia, 14 ans, est mort de façon tragique aux environs de 10 h au péage de cette localité ce jeudi 4 juillet 2024. Il a reçu une balle dans la tête, provenant de l’arme d’un gendarme qui assurait le contrôle. L’adolescent domicilié à Douala était en route pour Baleveng en compagnie des aînés de sa famille pour assister à un congrès familial qui devait avoir lieu demain samedi, pour ensuite y rester passer les vacances.
Depuis la survenue de cette tragédie, plusieurs versions fusent. Selon notre source sur le terrain, le drame est arrivé après refus de l’automobiliste de payer une somme exigée par le gendarme alors que les papiers du vehicule étaient complets. Ledit gendarme a par la suite exigé la facture du vélo se trouvant dans le véhicule, ainsi ont été activés des éclats de voix et le conducteur a voulu s’en aller, mais il a été suivi par l’homme en tenue qui a alors ouvert le feu, touchant non seulement les pneus du véhicule, mais également les passagers à bord. L’enfant de 14 ans a mortellement été atteint par balle.
Le chauffeur du véhicule informe aussi que l’adolescent a été rapidement transféré à l’hôpital lorsqu’il s’est écroulé, mais il était trop tard. Les médecins n’ont fait que constater le décès du petit Yan. À Douala, nous tentons d’entrer en contact avec la famille du défunt.
Yan sera inhumé ce week-end, désolation de la famille…
Le domicile paternel de Yan est le premier lieu de nos investigations. Encore sous le choc, les occupants sont réfractaires. La tante du jeune disparu finit par nous confirmer qu’il était avec sa maman Nguimatia Zangue Suzie Audrey, 35 ans, et des membres de sa famille maternelle au moment du drame. Nous recevons l’indication du chemin qui mène chez sa maman, chemin que nous empruntons. Nous arrivons donc au quartier Deido, pas loin du lieu-dit château, où vit la famille maternelle. Nous constatons que la maison est vide, les voisins nous apprennent que ses occupants sont tous au village Baleveng en vue de la levée de corps qui a lieu ce vendredi et de son inhumation ce samedi.
« Sa maman a assisté à la scène. Ils était dans la même voiture, ils partaient au village pour un congrès famillial. C’est dans les bras de sa mère qu’il est mort »
nous apprend une voisine. Les riverains qui répondent à notre micro n’en savent pas trop sur ce qui s’est réellement passé à Santchou, mais rendent compte de la désolation dans laquelle cette maison était plongée à l’annonce du drame.
« Ses grands-mères, tantes, cousines sont venues ici hier, tout le monde criait. C’était très triste, vraiment, un enfant est parti aussi brusquement »,
rapporte un riverain peiné.
» Une criait seulement qu’on lui rende son petit-fils, que c’est quel pays où les gendarmes ne font pas attention aux enfants »,
rapporte un autre riverain. Le congrès qui devait réunir les membres d’une famille est donc reporté dans le village pour laisser place à l’inhumation du jeune homme. Son départ tragique et précipité est pour sa famille, une plaie en plein cœur qui n’est pas prêt de cicatriser.
Au sein de l’opinion publique, l’indignation est totale. Devant toutes les versions présentées les internautes se demandent quelle était la nécessité de tirer. « Avaient-ils en face de lui des bandits armés ? » s’interroge une avocate outrée, pour qui le gendarme est à 100% fautif de ce drame non inédit au Cameroun. Comme elle, de nombreux internautes pointent du doigt l’exaction du gendarme et réclament justice pour le petit Yan en particulier et en général pour toutes les victimes, car aux dernières nouvelles les autres passagers du véhicule ont été blessés. Le gendarme quant à lui était jusqu’à hier soir, retenu à la brigade de gendarmerie de Santchou dans le département de la Menoua, où les populations ont campé toute la soirée d’hier avant d’être dispersées à coups de gaz lacrymogène.
Chanelle NDENGBE