Après l’agression du principal du collège Yona à Yaoundé, nous avons choisi de mener une enquête afin de comprendre ce qui s’est passé.
Au quartier Nkolbisson à Yaoundé, le collège Yona a plutôt une réputation digne du Far west.
« Les enfants de ce collège sont un ramassis de délinquants éconduits de plusieurs établissements scolaires de l’arrondissement »,
nous dit un voisin au collège.
Certains enseignants témoignant sous anonymat, confirment cette version des faits.
« il y’a beaucoup de drogués ici. Les enseignants vivent dans un climat d’insécurité indescriptible. L’année dernière, nous avons dû interdire les boissons et les goûters parce que plusieurs élèves y introduisaient des stupéfiants »révèle un enseignant de mathématiques.
Avec un telle réputation, les évènements du Mercredi 06 avril semblent ne pas être une surprise pour beaucoup.

Que s’est-il réellement passé ?
Le lundi 04 avril est jour de rassemblement pour tous les établissements d’enseignement secondaire sur l’étendue du territoire. Les élèves ont obligation d’arborer une tenue conforme selon le règlement intérieur et le collège Yona n’échappe pas à cette règle.
Amadou Tidjani, élève en classe de première f4 qui jouit déjà d’une réputation de « dangereux » choisit d’arborer un pull over et de violer ainsi le règlement intérieur.
« Le port du pull over n’est pas interdit mais nous exigeons qu’il soit à l’intérieur de la tenue de classe pour nous permettre d’identifier les élèves grâce aux noms et classes inscrits sur la chemise «
nous explique un surveillant.
Ahamadou Tidjani est donc interpellé par le principal de l’établissement le sieur Michel Tienssom Tientcheu Tchakoua, qui le somme de se mettre en règle. Sommation ignorée avec virulence par l’élève. Après quelques échanges verbaux plutôt violents avec son encadreur, l’élève finira par lui remettre son pull-over non sans promettre une suite à ce qu’il qualifie d’affront contre sa personne. « Il nous a dit que ça n’allait pas se terminer comme ça » nous lance un de ses camarades de classe. » Une de ses enseignantes a même essayer de le convaincre de se calmer mais il n’a pas voulu l’écouter « ajoute un professeur.
Alors que l’ensemble du corps enseignant est encore sous le choc d’une telle manifestation de mépris vis à vis du chef d’établissement, Amadou Tidjani prépare calmement sa revanche.

L’agression
Ce mercredi 06 avril, le jeune Tidjani entre dans le bureau du principal avec une seule idée en tête : en découdre avec lui. Il demande à récupérer son pull-over et face à la résistance de Michel Tienssom Tientcheu Tchakoua, il sort un poignard de son sac. S’en suit alors une lutte contre la mort pour le chef d’établissement physiquement amoindri par un récent accident de la circulation. L’enseignant est poignardé à l’épaule, puis au bras par le jeune homme, agissant visiblement sous l’effet des stupéfiants. C’est un surveillant passant non loin de là, qui s’opposera physiquement pour sauver la vie du chef d’établissement.
À deux contre un, l’élève se sent dépassé et décide de prendre la fuite. Il est protégé par quelques élèves qui lui permettent de monter jusqu’au troisième étage de l’immeuble qui abrite le collège. C’est grâce à un saut digne de cascade de Hollywood que Tidjani va réussir à sortir du collège. Il sera rattrapé quelques minutes plus tard par des chauffeurs de « moto-taxi ». Il est tout de suite remis aux mains des forces de sécurité pendant que le chef d’établissement est transporté vers un centre de santé d’où il sera transféré à l’hôpital central de Yaoundé. »Ses blessures étaient trop graves, le plateau techniques du centre de santé ne permettait pas une bonne prise en charge. » Justifie un témoin.
Après plusieurs soins, l’état de M. Michel Tienssom Tientcheu Tchakoua est désormais stable même si sa reprise de service n’est pas pour bientôt.
Amoudou Tidjani: le délinquant ?
Élève en classe de première F4, Amoudou Tidjani n’est pas à son premier acte de violence au sein du collège Yona. « Il a déjà été convoqué plusieurs fois en conseil de discipline pour des faits de violence et d’insubordination » témoigne un enseignant. L’élève tenait sa place au sein de cet établissement scolaire grâce à sa mère qui à chaque convocation, suppliait le corps enseignant de ne pas le renvoyer. » Sa mère est une femme plutôt simple, elle répond à toutes nos convocations et à chaque fois, elle pleure pour qu’on garde son fils ».
Pour la majorité des élèves interrogés, Tidjani est un adepte de tramadol, déjà aperçu plusieurs fois avec des armes blanches. Une version confirmée par un témoin de l’agression de lundi qui déclare qu’une machette et plusieurs objets pointus auraient été trouvés dans le sac du jeune délinquant. Il médite désormais sur son sort dans une cellule, en attendant d’être présenté au procureur de la République. Le principal quant à lui, est sous soins.
John MATOU