Les statistiques sont criardes et le besoin se fait ressentir.
Ces chiffres ont été dévoilés par l’UNHCR dans le cadre de la campagne de lutte contre l’apatridie lancée dans la ville de Douala au Cameroun.
« Je ne savais plus quoi faire »,
lance dame Augusta, assise un bébé dans les mains et 3 autres agrippés à son vêtement. Ce sont ses enfants.
Augusta Aline est refugiée, âgée de 24 ans, elle est originaire de la Centrafrique. Elle a 4 enfants de 7 ans, 4 ans, 2 ans et 7 mois. Elle est au Cameroun depuis 2013 et vit maritalement avec le père de ses enfants. Aucun d’eux n’est inscrit à l’état civil. «Des petits problèmes» comme elle le justifie ont été la cause de ce retard dans l’établissement des actes de naissance des enfants.
«On avait des petits problèmes c’est pour cela qu’on n’a pas pu faire leurs actes»,
déclare-t-elle.
Jointe au téléphone par le président d’une association de leur communauté, Augusta a été mise au courant de la campagne, du lieu et de la date. Une aubaine pour cette femme, qui affirme qu’elle ne savait plus à quel saint se vouer après avoir tenté en vain de donner une identité à ses enfants. Elle est sortie de bonne heure pour les faire enregistrer.
L’UNHCR veut contribuer à la lutte contre l’apatridie au Cameroun
Cette initiative est celle de Plan International pour aider les parents des enfants refugiés, n’ayant pas déclaré leurs enfants dans les délais. La campagne vise 150 enfants cette année et concerne principalement les enfants réfugiés dans les 5 arrondissements de la ville de Douala.
«Nous allons les accompagner à suivre cette procédure jusqu’à l’obtention de leur acte de naissance. C’est gratuit mais on fait beaucoup de sensibilisation pour pas qu’on ait à le refaire de nouveau. Donc nous travaillons à ce que les parents prennent conscience et déclarent les enfants dans les délais»,
martèle Marion Le Guen, elle est associate protection officer UNHCR Douala. Si l’on s’en tient à ses propos, l’objectif est surtout de mettre un terme à cette situation d’enfants sans identité.
C’est donc dans l’optique de protéger les droits de ces enfants réfugiés que l’UNHCR, bureau de Douala en partenariat avec Plan International a sollicité le soutien opérationnel de Women’s peace Initiatives (WPI).
L’accompagnement de women’s peace initiatives sollicité
Assise sous une tente face à ces enfants et leurs parents à l’esplanade de la mairie de douala 3ème, dame Valentine Ngouetche procède à l’enregistrement. Nom de l’enfant, celui du père et de la mère, l’âge sont entre autres des informations préliminaires qu’elle note dans un registre. Chaque parent s’approche avec sa progéniture pour se faire enregistrer. Tout commence par une conversation, ensuite des questions sur l’identité des enfants.
Le but final est non seulement de donner une identité à ces enfants, mais aussi de mettre un terme à ce phénomène d’apatridie. Une sensibilisation pas du tout facile due au fait que les parents n’arrivent pas à comprendre l’importance de l’état civil.
«Lorsqu’ils accouchent comme c’est des couches vulnérables, ce qui les préoccupe c’est d’abord eux-mêmes, leur survie et celle du bébé. Ce qui fait qu’au moment où ils se lèvent pour l’acte de naissance de l’enfant, les délais sont déjà dépassés. C’est pourquoi nous sommes obligés de les aider aujourd’hui dans la procédure des jugements supplétifs »,
soutient Valentine Ngouetche Konlack. Elle est secrétaire exécutive de Women’s advocacy and communication network dont WPI est membre.
Des campagnes de sensibilisation se multiplient soutenues par des causeries éducatives pour rappeler les délais de déclaration accompagnant cette action. Ils sont d’ailleurs à la troisième campagne dans l’arrondissement de Douala 3ème, région du littoral.
L’action est portée depuis novembre 2020 par WPI, financée par l’union européenne en appuie à la société civile active. La campagne qui s’est tenue entre le 17 novembre et le 7 décembre dans sa deuxième phase, avait pour cible les enfants réfugiés nés au Cameroun sans acte de naissance. L’UNHCR projette de continuer l’année prochaine en cas de disponibilité des ressources financières.
Rachèle KANOU