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CAMEROUN : IHS SENSIBILISE SUR LA CYBERVIOLENCE

La publication des vidéos obscènes mettant en scène la nudité des femmes, le doxing et le trolling sur les réseaux sociaux, deviennent monnaie courante au Cameroun.

Les victimes se comptent par dizaine

Celle que nous appellerons Solange, âgée de 24 ans et mère d’un enfant vit actuellement cette situation, dit-elle traumatisante. Son histoire est celle d’une jeune femme qui ne cherchait qu’à vivre paisiblement le parfait amour. Elle a connu un homme avec lequel elle passait des moments agréables, et pour satisfaire leur fantasme, elle a fait une vidéo avec son copain pendant l’acte sexuel. Mais à un moment donné, cet homme a commencé à l’accuser faussement de le cocufier dans sa propre maison avec son ami. Ainsi s’en sont suivies des bastonnades à n’en point finir. Elle décide de mettre un terme à cette relation et c’est à ce moment que la vidéo prise avec son consentement et même celles dont elle ignore la provenance, commencent à faire le tour des plateformes digitales. Solange a intenté des procédures judiciaires, malheureusement cela n’a pas marché.

«Avec le soutien de ma mère, cet homme a passé quelques nuits en cellule. Il m’a demandée pardon devant l’enquêteur juste pour obtenir sa libération. Mais une fois sorti, il a commencé des menaces, arguant qu’il a ses moyens et que je vais payer pour l’avoir fait passer des nuits en cellule. Mais lorsque je retourne là où j’avais porté plainte, l’enquêteur m’intimide disant que j’utilisais un sex-toys ce qui est condamné par la loi. Je me suis retrouvée dos au mur, même ma mère qui me soutenait, m’a lâchée»,

témoigne Solange.

Ce témoignage a été recueilli dans le cadre du séminaire qui s’est tenu à Douala le 8 décembre 2021, sur le thème « Mettre en œuvre les stratégies pour lutter contre la cyberviolence », organisé par IHS Cameroun.

Le cas de Solange n’est pas isolé. Notre plateforme d’actualité féminine, Griote a recensé une dizaine de cas de cyberviolence et cyberharcèlement en cette année 2021. A l’exemple des cas Malicka, Mirabelle lingom et d’autres dont nous préférons taire l’identité par soucis de protection des survivantes.

 

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De la gauche à la droite, Bel Laureta Tene, Barbar Melem et Clarence Yongo

Une gangrène à l’émancipation  de la femme et dont le combat  reste timide au niveau du Cameroun

Même si au Cameroun les données sur la cyberviolence sont indisponibles, Il en ressort que , 73% de femmes en ont été victimes dans le monde.

Le phénomène va grandissant vu les dérives que l’on observe sur le cyberespace, et les femmes sont les principales victimes. Malheureusement, il n’existe pas de véritable loi sur la cyberviolence au Cameroun. La plupart des coupables ne sont pas inquiétés par la justice et certaines survivantes sont rejetées et abandonnées à elles-mêmes.

«Le circuit de suivi des victimes n’existe pas et il faudrait que ce soit mis en place. Le schema doit être tracé et rodé, car face à une situation de cyberviolence, il faut que la victime se présente dans un bureau précis, qu’elle soit accompagnée par des psychologues, des juristes et qu’on poursuive les bourreaux»,

suggère Clarence Yongo. Elle journaliste spécialisée des questions de femmes et d’enfants et CEO de Griote.tv , un site d’actualité féminine.

Clarence Yongo faisait partie du panel lors de ce séminaire, tout comme le psychologue Dr Djiengwe et Bel Laureta Tene, PDG du magazine Les Dirigeantes, connue pour son engagement dans la lutte contre le harcèlement au travail.

 

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IHS à la recherche des stratégies pour lutter contre la cyberviolence

il faut dire qu’au sein de cette entreprise de télécommunication, la promotion du genre fait partie du leitmotiv.

Inspirer donc, des récents développements de l’actualité au Cameroun, IHS a pensé apporter sa contribution.

«Il fallait que nous puissions apporter notre pierre à l’édifice. L’objectif est de fédérer tous les acteurs du secteur de la télécommunication autour de l’IHS dans le but d’améliorer les conditions d’encadrements des personnes et des victimes autour de nous. Et pourquoi pas mettre fin à ce phénomène. Notre but étant d’être des pionniers qui vont pouvoir avoir l’appui des autres partenaires dans notre domaine d’activité, afin de pallier  toutes ces dérives »,

indique Barbara Melem.

« Du point de vue social, lorsqu’on observe aujourd’hui, la femme est victime de violence à divers niveaux. Nous ne pouvions pas finir l’année 2021 sans parler de la cyberviolence dont sont victimes les femmes.  Nous avons réuni des acteurs engagés pour parler à nos collègues mais également pour avoir des pistes pour des projets que nous pouvons entreprendre sur les années à venir »,

soutient Vanina Ndoumbe, directrice des ressources humaines de IHS Cameroun.

Des recommandations ont été énnoncées. Elles seront transmises au ministère de tutelle et aussi consignées dans un document qui sera soumis pour une stratégie nationale dans le but d’apporter un début de solution à ce problème qui touche particulièrement les femmes.

«En tant qu’acteur de télécommunication, on essaie de prendre nos responsabilités parce qu’on aide à promouvoir internet partout par nos services et on se sent concerner par l’utilisation de cet outil. En Côte d’Ivoire aussi, nous allons organiser ce cadre d’échange pour pouvoir engager les acteurs, trouver des solutions pour protéger nos enfants, nos sœurs»,

martèle Annick Murielle, responsable communication et du développement durable à l’IHS Côte D’ivoire.

En Côte d’Ivoire par exemple, l’Etat s’est mis en guerre contre les violences faites sur le genre en ligne. Il applique la loi et les acteurs sont punis sans exception. Des plateformes de dénonciation sont mises sur pied, telle que police secours.

 

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Notons que, le Cameroun n’a pas de loi spécifique pour lutter contre la violence basée sur le genre en ligne, mais il existe une loi no 2010/0 12 du 21 Décembre 2010 portant sur la sécurité cybernétique et la cybercriminalité au Cameroun. L’article 75 alinéa 1 stipule que :

« Celui qui enregistre et diffuse à but lucratif par la voie de communications électroniques ou d’un système d’information sans le consentement de l’intéressé, des images portant atteinte à l’intégrité corporelle, est puni d’un emprisonnement de deux (02) à cinq (05) ans et d’une amende de 1 000 000 (un million) à 5 000 000 (cinq millions) F CFA ou de toutes les deux peines ».

Rachèle KANOU

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