L’avocate dénonce la prise en otage de la justice et la profanation de la salle d’audience.
Très attristée par la violence qu’ont subi ses confères ce 10 novembre 2020 au tribunal de première instance de Bonanjo , Me Dominique Fousse dit se mettre en noir pour exprimer son courroux .
Ces défenseurs des droits des veuves et orphelins ont été traînés au sol, matraqués, blessés et même brûlés alors qu’ils demandaient juste la mise en liberté provisoire de deux confrères arrêtés la veille.
« Aujourd’hui je suis en deuil et profondément triste. La salle d’audiences est le lieu de notre exercice professionnelle par excellence .Nous y portons notre robe d’avocat qui est notre symbole. C’est notre lieu sacré. Hier il a été profané par des policiers ou gendarmes qui ont tiré sur instruction des gaz lacrymogènes sur des avocats venus défendre deux des leurs, deux jeunes avocats», déplore Me Dominique Fousse.
Ces deux avocats incarcérés pour «outrage à magistrature, tentative de corruption et escroquerie» sont, Maître Messouck Jounko Annie Christelle qui serait jeune maman d’un petit nourrisson de trois mois et son confrère Me Wanto Augustin. Ils ont été placés en détention provisoire lundi à la prison centrale de New Bell suite à une affaire de contrat négocié avec leurs clients.
A cet effet, les avocats se sont mobilisés en grand nombre pour solliciter la mise en liberté provisoire de ces deux confrères. Après de nombreuses heures de plaidoirie, cette affaire a été mise en délibéré pour deux semaines. Les avocats violentés disent avoir tenté de trouver des solutions idoines pour régler le problème, mais c’est à ce moment que la police et la brigade anti-émeute ont fait irruption et ont commencé à les bastonner et lancer les gaz lacrymogènes dans la salle des avocats à l’intérieur du palais de justice.
Une salle d’audience, un lieu sacré ainsi profané selon Dominique Fousse. «Les images les vidéos parlent d’elles même et la vérité ne peut être tronquée. Aucun avocat ne peut rester indifférent à cette situation, l’avocature c’est notre vie et nous portons sur nos épaules l’espoir des populations qui cherchent à avoir un peu de justice. Et comment rêver d’une saine justice dans un lieu profané ?», S’interroge l’avocate, défenseure des droits humains.
Face à cette scène violente, les avocats cris leur ras-le-bol et ne comptent pas laisser passer cette bavure de trop.
Rachèle KANOU