C’est l’affaire qui secoue actuellement les milieux africains et les défenseurs des droits des migrants en Belgique.
Sabine Amiyeme, une camerounaise de 43 ans est détenue dans un centre fermé et menacée d’expulsion vers son pays d’origine. La dame propriétaire d’un salon se coiffure et d’un restaurant est en situation irrégulière.
Depuis son arrivée en Belgique en 2011, elle n’a jamais obtenu les documents nécessaires lui permettant de résider en toute régularité sur le territoire. Des informations recueillies auprès des proches indiquent pourtant que la femme d’affaires a formulé à quatre reprises des demandes qui ont à chaque fois été rejetées. Des refus de régularisation qui interpellent les responsables des associations de soutien aux sans papiers. Pour Victor Tchemtchoua Tateu, le porte parole du conseil représentatif des camerounais de Liège qui s’est exprimé au micro de RTBF Actus,
« Sabine n’a commis aucun tort, elle mérite de rester en Belgique et surtout d’être dans ses entreprises pour les gérer et faire vivre et surtout maintenir en activité les trois employés qui travaillent avec elle ».
L’indignation de Victor est partagée par Rosine Mbakam, réalisatrice du documentaire « Chez Jolie Coiffure » diffusé dans les salles de cinéma Belges dès 2018 avec comme personnage principal Sabine Amiyeme alors que celle-ci jouissait encore de sa liberté. Pour la réalisatrice, la détention et la volonté de rapatriement de la camerounaise sont simplement injustes.
Le fait est que pour les défenseurs des droits des sans papiers, l’attribution des « papiers » devrait prendre en compte le niveau d’intégration du demandeur. Sabine Amiyeme qui vit en Belgique depuis treize ans avec deux entreprises qui payent des impôts au fisc belge, semble remplir toutes les cases de conformité en ce qui concerne l’intégration.
« On ne peut pas appliquer de façon systématique les lois sans tenir compte au préalable des cas particuliers, de voir effectivement qu’est ce qui serait le plus juste pour la personne dont le dossier est pris en compte »
lance Victor Tchemtchoua toujours au micro de RTBF Actus. Contactée par Info Migrants, Sabine se dit elle-même inquiète et apeurée.
« Je ne comprends pas ce que je fais là. Les autorités m’ont dit que je n’avais pas d’attache en Belgique car je n’ai pas d’enfant ni de mari. Mais est-ce ma faute ? Je ne vais pas forcer quelqu’un à m’épouser! J’ai pourtant fondé ma vie ici. Je suis bien intégrée dans la société belge. Je vis là depuis 13 ans ! »,
confie t-elle avant de relater l’interminable chemin de croix qui l’a conduite jusqu’au centre fermé où elle médite actuellement sur son sort. Sabine serait partie du Cameroun en 2009 pour servir comme employée de maison au Liban. Une expérience tragique au cours de laquelle elle fût réduite en esclavage. L’espoir plein le cœur, la « battante » rejoint la Belgique où elle réussit à se faire une place en fondant deux entreprises. Alors que son rêve Belge lui offrait déjà quelques étoiles, elle sera arrêtée le 02 octobre 2024 et placée en détention. Et, même si le vent de la justice semble contrarier ses attentes, elle ne perd pas espoir.
« Ça fait 15 ans que je n’ai pas mis les pieds au Cameroun. Je ne connais plus personne là-bas, à part mes parents qui sont très vieux. Je serais totalement perdue au Cameroun. Ça me fait très peur. »
dit-elle dans les colonnes de Infos Migrants.
Mercredi après-midi, la chambre du conseil a décidé de rejeter la demande de libération de Sabine Amiyeme mais ses soutiens maintiennent la mobilisation afin d’obtenir sa libération. Elle peut interjeter appel.
John Matou