La vulnérabilité féminine en matière de protection sociale est divulguée dans un récent rapport d’ONU-Femmes.
L’écart croissant entre hommes et femmes en matière de protection sociale est une situation alarmante qui favorise le recul des sociétés à l’ère où le développement durable est convoité. Cet état de fait a été présenté à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la pauvreté le 17 octobre 2024.
Une discrimination de couverture sociale vecteur de la pauvreté de la gent féminine
Elles sont deux milliards dans le monde, les femmes et les filles qui n’ont accès à aucune forme de protection sociale. Cette inégalité en matière de protection sociale tend à élargir le champ des femmes pauvres sur la planète. Le rapport onusien peint en effet un tableau noir de la « pauvreté sexospécifique », montrant que « les femmes et les filles sont surreprésentées parmi les pauvres à tous les stades de la vie, les disparités les plus importantes étant observées pendant les années de procréation ». Ce sont ainsi les jeunes femmes qui se retrouvent paralysées dans cette situation, qui entrave la réalisation de leurs rêves et ambitions. « Les femmes de 25 à 34 ans sont 25% plus susceptibles que les hommes de la même tranche d’âge de vivre dans l’extrême pauvreté », indique le rapport de l’ONU. Il y est aussi indiqué que les crises financières caractérisées par les inflations dans les Etats sont plus pénibles pour les femmes que pour les hommes. La situation est exacerbée chez les femmes vivant en zone de conflits ou dans les environnements où les changements climatiques font des dégâts. C’est ainsi le cas des femmes vivant dans le sahel subsaharien, notamment celles du Mayo-Danay dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun, où les inondations ont touché 29 426 femmes enceintes et plus de 38 000 femmes en âge de procréer les deux derniers mois selon le rapport de la délégation de la santé pour la région de l’extreme- nord et celui de l’Ocha.
Alerte sur l’insécurité des femmes en maternité
Les chiffres d’ONU-Femmes en matière de faible protection des femmes en maternité sont effrayants dans le monde en général et en Afrique subsaharienne en particulier. « Plus de 63% des femmes accouchent encore sans avoir accès à des prestations de maternités, au niveau mondial. Ce chiffre atteint 94% en Afrique centrale », est-il révélé. Cette manifestation de la non protection des femmes compromet leur bien-être et celui de leurs enfants. « Le manque de soutien financier pendant le congé de maternité place non seulement les femmes dans une situation économique défavorable, mais compromet également leur santé et leur bien-être ainsi que ceux de leurs enfants, perpétuant ainsi la pauvreté d’une génération à une autre », explique l’organisation.
Les politiques instaurées dans les Etats en vue de la protection sociale et dont les progrès sont notables depuis quelques années n’auraient donc profité qu’à la gent masculine, selon une conclusion de l’ONU. Pas étonnant si seulement 18% des près de 1000 mesures mises sur pied par 171 pays en 2022 visaient la sécurité des femmes d’après le rapport d’ONU-Femmes. Remédier à cette situation nécessiterait alors d’accorder aux femmes et filles des places à part entière dans les sociétés en leur offrant des opportunités d’autonomie et de libération de leur potentiel. « Le potentiel de la protection sociale pour l’égalité des sexes, la résilience et la transformation est énorme. Pour l’exploiter, nous devons nous centrer sur la dignité … l’autonomisation des femmes et des filles à chaque étape du processus de la conception des politiques et des programmes à la fourniture et au financement », a asserté Sarah Hendriks, directrice de la division des politiques, des programmes et des affaires intergouvernementales à ONU-Femmes.
Chanelle NDENGBE