Le professeur émérite Hubert Mono Ndjana s’en est allé aux environs de 3h ce matin, à l’hôpital général de Yaoundé, mais ses reflexions demeurent pour la prospérité.
Alors que les rumeurs annonçaient son décès hier soir, un démenti de la famille est venu calmer la douleur suscitée par la nouvelle. Mais ce matin du 16 novembre 2023, son fils a confirmé qu’il s’en est allé, laissant ses proches et le peuple dans une grande tristesse. Une tristesse accrue par les circonstances de son décès.
Le philosophe et universitaire a été renversé par un véhicule à Yaoundé le 3 novembre 2023, jour de son anniversaire. Alors qu’il faisait une chute sur la tête, le chauffard s’est enfui.
Le premier camerounais à accéder au grade de professeur d’université en philosophie s’en va tristement à l’age de 77 ans, à l’occasion de la journée mondiale de la philosophie, laissant l’héritage de la pensée aux générations futures.
Ces citations que nous retenons de lui …
Son esprit critique de philosophie ne le quittait pas, cette éminence grise savait faire la part des chose en analysant de façon froide notre société, d’où ces citations souvent reprises par l’opinion publique.
« Dans ce pays, on a écarté la norme et normalisé l’ecart ».
» Un État qui ne choisit de fonctionner , à l’aide de ses observatoires, qu’avec des coreligionnaires uniformes est un État qui rejette, dans ses marges, la moitié, ou très certainement l’essentiel de son potentiel. Il ne peut tomber, finalement que dans la claudication, tout en croyant qu’il marche normalement. «
« Il n’y a que deux tribus au Cameroun. La tribu de ceux qui possèdent tout et la tribu de ceux qui ne possèdent rien. ».
« Nous n’avons pas de problème de vivre ensemble. Nous avons un problème de manger ensemble. Même les chiens vivent ensemble jusqu’au moment où vous leur lancer un os ».
« … C’eût été une grossière inconsequence, pour nous, de basculer dans les aventures incertaines des loges, et de tout le reste-là, qui brille sans être de l’or. «
» L’autodétermination de chacun doit être respectée. Mais les hommes des sectes et des loges eux, ne s’embarrassent pas de scrupules… «
Brève biographie …
Jusqu’à son décès ce matin, le Prof. Hubert Mono Ndjana était le chef de département de philosophie à l’école normale supérieur de Yaoundé.
Né le 3 novembre 1944, à Ekabita dans la région du Centre Cameroun, il fait ses études au Cameroun et en France, précisément à l’université François Rabelais de Tours. Après une thèse à l’académie des sciences du Djoutché à Pyongyang en Corée du Nord, il devient en 2003 le premier camerounais à accéder au grade de professeur universitaire en philosophie. Il a enseigné cette matière dans les universités du Cameroun et ailleurs.
Il est souvent présenté comme la tête à penser de l’idéologie du rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) parti au pouvoir depuis 41 ans, pour avoir soutenu le Président Paul Biya à son accession à la magistrature suprême en 1982. D’ailleurs pour diffuser sa vision politique et sociale, il a publié en 1988 l’ouvrage « Pour comprendre le libéralisme communautaire » ou encore « Les proverbes de Paul Biya » en 1997.
Le Prof. Mono Ndjana était surtout un libre penseur qui dénonçait les tares de la société, n’hésitant pas à étaler les dérives sociales. Il faisait déjà état « De l’ethnofascisme dans la littérature politique camerounaise » en 1987, analysait le système éducatif camerounais, la politique, le monde, la géopolitique dans une riche bibliographie qui le classe aux côtés du baobab des intellectuels de notre pays.
Chantal Mveng
Que la terre de nos ancêtres te soit légère Grand Patriarche. Repose en paix.
Rip prof !
Rip prof