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CORONAVIRUS À DOUALA: LES TRAVAILLEUSES DU SEXE PERDENT LA QUASI-TOTALITÉ DE LEURS REVENUS

Malgré la réouverture des points chauds, la prostitution  se porte mal.

Les travailleuses du sexe disent avoir  perdu leurs meilleurs clients depuis  le début de la pandémie de coronavirus au Cameroun.

«On a perdu tous les bons clients, corona nous tue,  on meurt de faim», déplore Raïna. Elle a  24 ans et  travaille comme fille de joie depuis plus de 5 ans.  Elle a deux  enfants  et  c’est cette activité qui lui permet  de subvenir à leurs besoins, dit-elle.

L’éclosion du coronavirus  qui a conduit à la fermeture des bars  et le besoin de distanciation physique a drastiquement  impacté sur ses revenues.

«Je recevais environ 15 clients par soirée, mais depuis le mois de mars, c’est à peine si je parviens à convaincre, même 2. C’est dur», confie Raïna.

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Vêtue  d’un collant transparent et d’un démembré noir qui laisse entrevoir certaines parties de son corps (ventre, seins),   Raïna ,  placée à l’entrée d’une auberge,   devise avec  des hommes alors qu’il n’est que 15h. Plus besoin d’attendre la nuit. «Le travail est dur, je suis obligée de faire comme ça, si je peux racoler un client», lance-t-elle. Nous l’avons rencontrée au lieu-dit axe lourd – Bepanda, dans le 5ème arrondissement de la ville de Douala.

Des  prostituées continuent  de «tacler» des clients sans se soucier de la propagation du coronavirus. Avec ou  sans masque de protection, elles passent à l’acte, surtout que les clients sont rares.  «Les clients sont têtus. Quand ils arrivent, ils veulent seulement te toucher, quand tu leur demandes de laver les mains, ils te disent corona n’existe pas. Il n’y a pas de client respectueux, même si vous mettez l’eau,  ils ne vont pas laver les mains. D’autres rentrent du travail, ils ne se lavent pas, ils viennent te toucher, tu refuses ça devient les problèmes, parfois ils commencent la bagarre et te demandent de rembourser l’argent», affirme Linda, une autre fille de joie. Elle ajoute,  «Si tu ne veux pas, ils vont  ailleurs, les amies récupèrent.  Pourtant, le marché est dur. Donc on ne trie pas».

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La baisse de revenu a commencé avec la fermeture des bars. Il n’y avait presque plus de client, seuls les hommes  les plus récalcitrants, s’aventuraient encore dans ce domaine et  pour ces travailleuses du sexe, c’étaient des clients dont elles se passaient auparavant. «Généralement mon client le moins cher  paie 1500f, dont  500f pour l’aubergiste. Mais avec le corona, si tu vois même 500f tu dis merci. Il vient tout sale avec le cache nez qu’il n’a jamais lavé, avec la sueur et tout. On est obligé d’accepter pour faire la recette.  C’est Dieu seul qui nous garde», argue Sandra, travailleuse de sexe au lieu-dit ELF,(carrefour Nelson Mandela),  sur l’axe-lourd, village dans le 3ème arrondissement de la ville de Douala.

Cet impact négatif qu’a engendré le coronavirus dans le secteur du commerce du sexe, ne concerne pas uniquement les prostituées mais, aussi les promoteurs d’auberges et de bars.  Ces derniers décrient une baisse importante des revenus.

Rachèle KANOU

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