Sur les réseaux sociaux, plusieurs publications ont alerté sur les composants chimiques des masques en tissu pagne, précisant qu’ils peuvent créer des problèmes de santé allant de la stérilité au cancer, en passant par d’autres complications.
Pas vraiment, d’après les explications du Dr Yves Ehode, médecin en Allemagne et très attentif sur les mesures de lutte contre le coronavirus en Afrique.
Selon le Dr Ehodé, il existe certes de nombreux produits chimiques dans les tissus pagnes, provenant de la teinture utilisée sur les imprimés qui les rendent artistiques et esthétiques, mais «Les colorants appliqués sur les tissus, ne sont pas ou très peu volatiles. Par conséquent, ils ont peu de chance de se retrouver en quantité importante dans les voies respiratoires ». Cependant, en cas d’allergie, il est possible de développer un malaise, «Je pense que ces masques en tissu avec des motifs colorés représentent un danger si la personne qui le porte manifeste des allergies. Ici en Allemagne, je vois des gens qui portent des masques en tissu avec différents motifs et couleurs.», précise le médecin.
Pour Alexis Djomechia, biochimiste, «Le tissu pagne, le tissu sombre et/ou brillant, teinté, subit des transformations chimiques et contient des métaux lourds… Pour la fabrication des masques, celles qui utilisent les tissus pagnes peuvent rajouter des fibres de vlieseline au milieu, pour les rendre confortables». Le biochimiste ne condamne pas ceux qui utilisent le tissu pagne, mais recommande l’usage des tissus neutres. « Si les gens veulent confectionner les masques, il est conseillé d’utiliser les tissus neutres de couleur blanche, qui n’ont pas subi de teinture. Il faut aussi regarder les micropores au diamètre faible, qui peuvent retenir des micro-organismes.».
QUE DIRE DES MASQUES FABRIQUÉS LOCALEMENT ?
«Il est mieux de porter ces masques-là que de ne rien porter du tout.», martèle le biochimiste Alexis Djomechia. Idée que corrobore le Dr Yoyo Ngongang car «Le masque sert à se protéger des particules qui viennent de l’extérieur. Ça veut dire que tu peux être quelque part où il y a de la poussière et autres expectorations le masque garantit la protection».
Ainsi les masques fabriqués localement doivent préserver la non-projection des particules à travers le tissu. Car il peut arriver que la pression de l’éternuement laisse traverser des gouttelettes, dans ce cas, ledit masque n’est pas protecteur. En revanche, il faut éviter les masques lourds qui auront tendance à étouffer.
Il faut également préciser que ces masques simples ne protègent pas complètement une personne saine d’une contamination.
LES TYPES DE MASQUES ET LEUR EFFICACITE
Les explications ci-dessous sont données par le journal le Parisien.
• Bandana ou écharpe : Filtre les grosses poussières et le pollen, en revanche, il ne filtre pas le virus.
• Le masque de chantier : Seuls ceux qui sont certifiés EN 149 peuvent être efficaces, s’ils sont bien portés. Ils ne sont pas très anatomiques et exposent à des fuites.
• Le masque chirurgical : Il est à sens unique et ne retient que les particules émises par son porteur. Son efficacité n’est garantie que durant 3 heures.
• Le masque FFP2 : Il filtre l’air inhalé et rejeté et protège un soignant de la contamination de son patient.
• Le masque FFP3 : Il est plus filtrant que le FFP2, est plus utilisé contre les particules de l’amiante, du plomb.
• Le masque en tissu : Il est inefficace, mais il vaut mieux l’avoir que de ne rien porter du tout.
PORT DU MASQUE POUR TOUS
La recommandation du port du masque tend à se généraliser en Afrique. Au Cameroun, dès le lundi 13 Avril 2020, les populations ont obligation d’arborer leur masque dans les lieux publics. En Côte d’Ivoire le port du masque est obligatoire à Abidjan, au Bénin, masque facial obligatoire pour tous, de même qu’au Maroc.
Si au Bénin le masque coûte 200fcfa parce que subventionné par l’Etat, il n’en demeure pas moins que certains préfèrent se couvrir avec des masques «fait maison», souvent en tissu pagne et parfois avec des étoffes dont il est difficile de vérifier les normes.
POURQUOI PORTER LE MASQUE ?
Le coronavirus se transmet d’une personne malade à une personne saine par des gouttelettes lors des éternuements, de la toux et même lorsqu’on se parle. Mais surtout à 80 % par contact manuel ou par l’intermédiaire d’un objet contaminé. C’est pour éviter la contamination par voie aérienne qu’il est conseillé de porter un masque.
PORT DU MASQUE ET MESURES BARRIERES
Malgré le port du masque, le respect de la distanciation physique est importante pour éviter la projection des gouttelettes sur la surface extérieure. Il est déconseillé de poser la main sur le masque, car cela expose aux expectorations que nous risquons transmettre à nos yeux, notre bouche et d’autres parties du corps.
Le masque local en tissu pagne doit être lavé et séché à la fin de la journée. Avant de le porter de nouveau, il devrait être repassé, selon les conseils des médecins.
Clarence YONGO
