Ces femmes risquent fermer leurs ateliers pour non paiement de loyer et de facture d’électricité.
C’est une situation bien grave car elles n’ont presque plus de travail depuis l’annonce des mesures de restrictions annulant de nombreux évènements qui leur rapportaient de l’argent.
«Personne n’a même appelé, personne n’est venu se présenter avec un pagne de la fête du travail», nous dit Marie, couturière. Nous l’avons rencontrée ce 30 avril 2020 dans son atelier situé à New Bell dans le 2ème arrondissement de la ville de Douala. Une veille de la fête du travail plutôt nonchalante chez cette femme qui parfois passait la nuit sur son lieu de travail, pour satisfaire ses clients du 1er mai. « Nous n’avons pas cousu de tenue de 1er mai alorsqu’en cette période -ci les années antérieures, les sociétés nous mettaient la pression, les femmes aussi pour la livraison de leur tenue du défilé, mais cette année, l’atelier est vide, même pas un morceau de tissus du 1er mai », affirme-t-elle.
Un peu plus loin au marché central, nous trouvons dame jeannette. Cette couturière est assise derrière sa machine, des écouteurs aux oreilles et pianotant son téléphone. Sur sa table au lieu des tenues de la fête du travail comme à l’accoutumée, sont disposés des cache-nez. Même si cela aurait pu être rentable pour elle en cette période, elle avoue qu’elle s’est lancée dans ce travail juste pour gagner du temps. «Les masques ne rapportent rien par rapport aux marchés que je gagne souvent dans les sociétés lors de la fête du travail. J’ai cousu ces cache-nez depuis le matin, il est déjà 16 h et je n’ai vendu que 5 pièces à 500f. Je ne sais même pas comment je dois payer cet emplacement à la fin du mois», nous dit-elle en rajoutant, «J’ai mon atelier à la maison généralement à la veille de cette fête on ne me voit pas au marché, parce que j’ai la pression des livraisons. J’embauche même quelqu’un pour m’aider juste pour les fêtes mais hélas, le coronavirus nous a eus».
L’annulation de la fête du travail a aggravé la situation économique de ces femmes, qui comptaient pourtant sur cette période pour récupérer une partie de tout ce qu’elles ont perdue depuis le 17 mars 2020. Plusieurs cérémonies de mariage, des funérailles et d’autres évènements ont été annulés. «Les pertes sont vraiment énormes, dans notre domaine depuis le 25 mars nous n’avons presque pas de client. J’espère qu’au moins pour la fête de Ramadan je vais récupérer un peu», argue dame Raïssa.
Ces femmes déplorent des manques à gagner, l’incapacité de régler leur loyer et autres factures à payer. «La semaine passée, ma bailleresse a encore bavardé pour son loyer mais je lui ai fait comprendre que ce n’est pas de ma faute, il n’y a pas d’entrées, ce n’est pas facile et les quittances ne font que s’accumuler. Je suis vraiment touchée».
Le secteur d’activité de ces femmes subit un impact considérable dû à la crise sanitaire. Elles prient pour l’éradication complète de la COVID-19 .
Rachèle KANOU