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CRIMES CONJUGAUX : DEUX FEMMES TUÉES EN L’ESPACE DE QUATRE JOURS AU CAMEROUN

Elles sont décédées après une énième bastonnade des hommes avec lesquels elles ont partagé leur vie.

Nadine Anana et Elimbi Laure ont été arrachées à la vie par les papas de leurs enfants les 11 et 14 août 2024. Ces deux féminicides ont été enregistrés pour l’un dans la région du Centre et l’autre dans le Littoral.

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À Obala, Nadine est mortellement étranglée par ex compagnon

Anana Nadine, commerçante de vivres frais, avait pensé s’être sauvée en quittant le monsieur violent avec lequel elle avait deux enfants, l’un de 23 ans et l’autre de 13 ans, mais il a fallu qu’une dispute éclate entre les ex compagnons pour que la dame de 44 ans revive les violences passées.

Selon Elodie Baboga, la soeur de la victime, Nadine a passé un coup de fil à son ex compagnon dont elle était séparée depuis 5 ans, le dimanche matin pour lui rappeler qu’elle attend sa contribution pour les frais de scolarité de leur fils Bachirou âgé de 13 ans. L’homme à l’autre bout du fil n’a pas dit mot. Nadine l’a rappelé pour lui demander de ne plus « verser les remèdes devant sa maison et que si ça continue elle va informer les membres la famille du monsieur.« , dit Elodie.

Les sœurs se sont séparées vers 18h ce jour-là sans savoir qu’elles se voyaient pour la dernière fois. Tandis que la cadette de la famille envoyait son fils chercher le fer à repasser chez la défunte, arrivait Malam chez Nadine au quartier Nkolbikok.

« Le fils de ma petite sœur en rentrant de la commission s’est arrêté ici, il m’a dit qu’il a vu le père de Bachirou chez mama Nadine et il avait le téléphone de ma sœur, peut-être c’est en ce moment là qu’il voulait éteindre ça », relate notre source. L’homme va ainsi demander à son fils Bachirou de quitter le domicile de sa mère pour aller l’attendre au quartier Haoussa, le temps qu’il l’y retrouve.

Le présumé assassin, exerçant comme abatteur de bœuf aurait injecté sa victime avec un tranquillisant souvent utilisé à l’abattoir pour neutraliser sa victime avant de l’étrangler. Une voisine dit l’avoir vu faire plusieurs tours nocturnes dans la maison de Nadine.

« Quand il a fini, il est parti aux environs de 22h et la voisine dit qu’il est revenu trois fois. Comme ma sœur habite au bord de la route, s’il laissait sa porte ouverte les gens devait voir, c’est vers 5 heures qu’il est revenu ouvrir la porte et laisser »,

raconte Elodie avec douleur. Le lendemain lundi, ne voyant pas sa sœur, Elodie s’inquiète car Nadine l’appelait souvent à 6h30 pour lui demander si elle s’est approvisionnée en vivres frais. Même au marché, Elodie ne voit pas Nadine, mais trouve Bachirou en train d’installer la marchandise de sa mère. A la question de savoir où elle se trouve, l’enfant répond qu’il ne sait pas car ayant passé la nuit chez son père. Il voulait rentrer chez sa maman, mais son géniteur s’y est opposé, dit-il à Elodie. Vers 7h, toujours pas de Nadine en vue, sa soeur demande à Bachirou d’aller voir si tout va bien. Il arrive à la maison et constate le drame, appelle la famille. Les premiers soupçons sont portés sur Malam. L’homme recherché est allé se cacher chez sa sœur, une fois les forces de l’ordre sur les lieux, ses oncles lui demanderont d’aller s’expliquer s’il n’a rien à se reprocher car il leur a dit avoir juste rendu visite à son ex compagne. Sous exploitation policière, il déclare « qu’il a fait ça involontairement », rapporte la sœur de la défunte.

Selon les informations reçues du maire d’Obala, l’homme avait été enfermé pour menaces de mort sur la victime et l’on ne sait comment il est sorti pour aller commettre le crime. Le mis en cause a été remis à la justice tandis que le corps sans vie de la mère de ses enfants est transféré à la morgue d’Obala.

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A Melong, Laure Elimbi est tuée par son époux

L’enseignante de 35 ans, nouvellement affectée à l’Ecole publique d’Ekah dans l’arrondissement de Melong, département du Moungo est décédée ce mercredi 14 août 2024 après avoir reçu pour la énième fois les coups de son époux. Après avoir été frappée, Laure a été admise aux urgences, mais l’hémorragie interne provoquée par les sévices corporels a eu raison d’elle. C’est un choc pour sa famille biologique et professionnel. À côté de la douleur qu’ils manifestent, les proches de l’enseignante expriment aussi la colère et la déception. Il était coutume pour Laure d’être frappée par son époux, alors que certains proches lui demandaient de le quitter avant qu’il ne soit trop tard, elle disait rester pour ses enfants. C’est ce qu’a déclaré sa soeur à nos confrères de Canal2 International. Le corps de l’institutrice a été transféré à la morgue municipale de Melong.

Tout comme le crime de Nadine, celui de Laure Elimbi fait mal, « encore une enseignante tuée par son mari » est la phrase employée sur la toile pour faire référence au féminicide de Diane Yangwo, l’enseignante d’anglais morte le 18 novembre 2023, à 30 ans sous les coups de son époux qui avait pour habitude de la frapper. L’affaire avait soulevé un véritable tollé.

Au Cameroun, c’est désormais 40 femmes qui ont été tuées en 222 jours depuis janvier 2024. Au sein de l’opinion publique, les femmes sont appelées à veiller elles aussi sur leur vie, tandis que les mesures du ministère de la protection de la femme et de la famille sont attendues pour contrer l’épidémie de féminicides dans le pays.

Chanelle NDENGBE 

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