Après être passée aux aveux à la suite de son arrestation, la présumée voleuse décrit son mode opératoire.
Devant la presse le mercredi 14 août, sous surveillance policière, l’auteure présumée du vol du bébé de sexe féminin à l’hôpital baptiste d’Ekoumdoum, 4e arrondissement de Yaoundé a expliqué comment elle a procédé. Cette reconstitution des faits clarifie des zones d’ombre dans l’affaire, mais suscite aussi d’autres interrogations.
Comme soupçonné à la disparition du bébé, la responsable est celle qui a tenu compagnie à la maman du bébé et à sa co-chambrière. Dorothée Nyintang, 23 ans est revenue sur les lieux de son forfait pour reconstituer les faits. De cette reconstitution, il ressort que la mise en cause est arrivée dans la chambre où était installée Jostelle Mafo Ndiffo avec son nouveau-né le samedi 3 août autour de 13h, soit le lendemain de la naissance de l’enfant. Dame Mafo Ndiffo partageait la chambre avec une femme qui venait de subir une opération. Dorothée Nyintang est entrée dans la pièce feignant vouloir charger son téléphone. Discrètement elle a fait croire à la nouvelle mère qu’elle est la copine de sa co-chambrière et à cette dernière qu’elle est la sœur de la mère du bébé, ce qui lui a permis de mettre les deux occupantes de la chambre en confiance.
Les trois femmes ont échangé toute la journée lorsqu’au début de la nuit, Dorothée a profité de la sortie de la maman du bébé qui était allée prendre quelque chose à manger dans lieu disposé à cet effet par l’hôpital, pour passer à l’acte. Elle a feint de répondre à un appel, a fait croire à la co-chambrière qu’au bout du fil, c’est la mère du bébé qui lui demande d’aller la rejoindre avec la bambine. Dorothée a pris le bébé dans ses bras est sortie de la chambre. Elle a quitté la maternité située au 4e étage de l’hôpital en prenant l’ascenseur, a débarqué sur le portail principal qu’elle a réussi à traverser, parce que le vigile était absent. Elle a pris un taxi pour Nkoabang où elle résiderait. Le lendemain, elle s’est rendue au centre de santé Santa Melania où elle s’est fait passer pour la génitrice de l’enfant. Mais les incohérences dans son récit ainsi que l’alerte lancée sur les réseaux sociaux au sujet du vol du bébé ont stoppé sa course.
C’est ainsi que le mardi 6 août avec l’alerte d’une infirmière du centre de santé Melania, la présumée voleuse est attrapée, le bébé remis à ses parents. La commissaire central N°4 de Yaoundé, Christine Mindjom révèle qu’en collaboration avec l’hôpital, la police a simulé une disponibilité de vaccins pour les nouveaux-nés de l’hôpital, ce qui a permis de tendre une embuscade à la mise en cause.
Pour sa défense, Dorothée raconte à la police qu’elle a donné naissance à un bébé mort-né une semaine avant le vol, et que le bébé avait été enterré près de son domicile, mais après vérification, l’histoire s’est révélée fausse. La grossesse ou fausse grossesse de la présumée voleuse est un élément incongru qui ressort de l’enquête.
«Quand elle vole le bébé, elle se retrouve à Nkoabang, on la fait passer pour une dame qui était à terme et qui est entrée en travail. Le carnet qu’elle avait précise qu’elle y est arrivée avec des contractions et qu’elle y a accouché, pourtant elle n’a pas accouché dans ce centre »,
révèle la commissaire, qui précise que l’enquête a permis de découvrir qu’il y a eu « faux en écriture » mais aussi de soupçonner le fiancé de Dorothée d’être son complice. Les enquêteurs trouvent étrange que le jeune homme ne se soit pas alarmé lorsque sa concubine est arrivée à la maison avec un bébé de sexe féminin alors que les résultats de l’échographie qu’elle présentait montraient plutôt l’arrivée d’un garçon.
Pourquoi le vigile n’était pas à son poste exactement au moment où la présumée voleuse a franchi le portail avec le bébé ? Pourquoi le carnet de Dorothée faisait croire qu’elle a accouché dans ce centre de santé alors que ce n’était pas le cas ? Le vol du bébé de Jostelle Mafo est-il une des opérations d’un réseau ? Ce sont des questions que plusieurs se posent à la suite de cette reconstitution des faits.
Chanelle NDENGBE