CRISE ANGLOPHONE : TOUJOURS PAS DE NOUVELLE DES FEMMES ENLEVÉES PAR LES GROUPES ARMÉS LE 20 MAI

Une trentaine de Takumbengs, des femmes d’influence, ont été enlevées dans la matinée du 20 mai 2023 à Tubah dans le Nord-Ouest par les groupes armés séparatistes, leur libération a été annoncée,  mais plusieurs observateurs restent sceptiques.

Elles continuent de payer le lourd tribut de la crise socio-politique débutée en 2016 et dite crise anglophone. Victimes de dommages collatéraux et d’outrages volontaires, les femmes résidant dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest sont en constante insécurité. Le récent coup qui vient de leur être affligé suscite également révolte et indignation.

Les internautes camerounais sont choqués par des vidéos qu’ils découvrent sur la toile, les uns le jour de la fête nationale, le 20 mai et pour d’autres le lendemain. On y voit des femmes, d’un âge avancé assises à même le sol se plaignant de leur sort. Les faits sont élucidés par un communiqué du préfet du département de la Mezam, Simon Emile Mooh le lundi 22 mai 2023 qui informe l’opinion publique de l’enlèvement d’une trentaine de femme de Kédjom-Kéku, village situé dans l’arrondissement de Tubah. D’après la communication de la préfecture, les dames ont été enlevées par les séparatistes au lendemain d’une marche qu’elles avaient organisé à l’occasion de la fête nationale pour condamner les violences et les injustices dans la localité. «Ces femmes avaient à la veille organisé une marche pacifique pour protester contre les exactions et les activités criminelles des terroristes», informe le préfet. Au rang de ces exactions protestées par les femmes, se rangent les taxes mensuelles à payer aux séparatistes qui s’élèvent à cinq mille (5000) francs chez les femmes, l’organisation d’une manifestation étant conditionnée par le paiement d’un montant compris entre 50 000fcfa et 100 000fcfa.

Condamnation et enquêtes

Dans sa sortie, le Préfet condamne l’action des séparatistes en la considérant comme «violence basée sur le genre» et «une atteinte aux droits humains des populations civiles». Il a par ailleurs informé de l’ouverture d’une enquête pour traquer et libérer le groupe de femmes. «Des enquêtes ont été ordonnées en vue de traquer les auteurs de cet acte odieux afin qu’ils répondent devant les instances juridictionnelles compétentes», indique le communiqué de la préfecture. La communauté chrétienne n’est pas non plus restée silencieuse face à cette action de terreur, la présbytérian church of Cameroon en l’occurrence. Dans un communiqué signé du 22 mai, les autorités de l’église locale confirment l’enlèvement des femmes, condamnent l’atrocité et induisent les autorités compétentes à suivre l’affaire afin que les dames âgées soient libérées, car ces dames séquestrées par les séparatistes ont un statut respecté.

Les femmes âgées de la société secrète «The Takumbeng»

Les femmes enlevées ont une place considérable dans la localité. Takumbeng est un mouvement social féminin qui exécute des rituels d’ostracisme contre des individus qui manifestent des activités contre la communauté. Au début de la crise anglophone, elles ont manifesté pour réclamer l’équité des communautés francophones et anglophones, l’étoffe de couleur blanche et rouge qu’elles arboraient, marquait la gravité des faits. Pas étonnant que leur enlèvement irrite et inquiète à la fois.

Chanelle NDENGBE

 

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